Demain à l'aube

Hello! C'est encore un long texte, je suis désolée Christelle   Bonne lecture quand même  

Ren était pris de haut-le-cœur. C’était une sensation insupportable.

Il n’avait presque pas touché à son assiette depuis que le serviteur l’avait déposée devant lui, juste après avoir servi son père comme le voulait l’usage. Les autres convives, qui s’étaient empressés de se jeter sur leur repas dès que leur assiette était parvenue jusqu’à eux, festoyaient et riaient, indifférents à son malaise. Si le parfum exquis du sanglier rôti au miel avait fait danser ses papilles dès qu’il avait commencer à mastiquer la viande juteuse, la simple idée d’en avaler un morceau de plus lui donnait envie vomir tripes et boyaux.

Dans la hutte du grand chef Olen, l’heure était pourtant à la fête. On avait invité les plus grands guerriers du village à passer du bon temps, à boire, à chanter et rire au son de la musique assourdissante qui devait résonner dans la forêt toute entière. On avait abattu les plus gros sangliers de l’élevage pour l’occasion. Toute la famille Tambira s’était réunie : Ren, son oncle, sa tante, leur fille Osham. Et bien sûr, Olen.

Le grand chef au collier de griffes d’ours occupait le siège principal, trônant au milieu de ses ouailles. Son gros ventre recouvert de tatouages luisait à la lueur des torches, recouvert d’hydromel qu’il renversait chaque fois qu’il prenait une grosse lampée dans sa chope taillée dans l’ivoire. Sa longue barbe noire de jais dégoulinait de sauce au miel. Sur ses genoux, rieuse et à moitié ivre, se trouvait la jeune Saraelle, d’au moins vingt ans sa cadette. Il l’embrassait goulument tout en lui pétrissant les seins et elle se laissait faire.

Cette seule vision donnait à Ren l’envie de s’arracher les yeux avec sa propre lame. S’il avait tenté par tous les moyens de l’ignorer pour se concentrer sur sa nourriture, les gloussements niais de Saraelle et l’horrible bruit de succion qu’il entendait à chaque fois que son père décidait d’aspirer ses lèvres lui avaient définitivement ôté tout appétit.

Comment peux-tu être aussi répugnant ? songeait l’adolescent. Comment peux-tu te montrer si insouciant alors que tous nos ennemis sont à nos portes ? Tu devrais être dehors à guider tes hommes et tu restes là à baffrer.

« Tu ne manges pas, Ren ? demanda soudain une petite voix fluette.

Assise à côté de lui, Osham ne perdait pas une miette de son repas. Elle tenait au bout de sa fourchette une carotte rôtie qu’elle s’amusait à agiter au rythme des chants guerriers beuglés par les chasseurs à l’autre bout de la hutte. Ren n’avait pas le cœur de lui gâcher la fête en se montrant désagréable. Il se força à afficher un sourire.

« Non, s’excusa-t-il. Je n’ai pas très faim ce soir. Et comme je sais que c’est ce que tu veux vraiment me demander, je t’autorise à piquer dans mon assiette. »

La petite fille poussa un cri de joie. Elle s’empressa de faire main basse sur tous les légumes et la moitié du sanglier de Ren, répétant à qui voulait l’entendre qu’il était le meilleur cousin de la Terre. L’adolescent regarda Osham mâcher avec bonheur tandis que sa propre nausée devenait de plus en plus forte. Les vapeurs d’alcool et la chaleur du feu lui donnaient mal à la tête. Bientôt, il n’y tint plus. Il se dressa sur son banc, agrippa son petit couteau laissé au fourreau. Je vais prendre l’air, ça me fera du bien. Il lui tardait de retrouver son perchoir, en haut du vieux saule, là où l’attendaient tous ses petits os qu’il taillait selon son inspiration du moment. Son exutoire.  Il lui faudrait au moins ça pour faire passer le sale goût de la rancœur. Mais alors qu’il se dirigeait vers l’entrée de la hutte, la voix rauque d’Olen s’éleva.

« Où crois-tu aller, bon à rien ? »

La musique s’interrompit net, en même temps que les rires et les conversations. Ren s’était figé, comme frappé par un fouet. Il pivota sur lui-même, le cœur tambourinant contre sa poitrine. Son père, les sourcils froncés, pointait vers lui un cuissot de sanglier charnu. L’adolescent lui fit face avec courage, prêt à répliquer.  

« Je sors, répondit-il d’une voix ferme. Je ne me sens pas bien.
- Tu n’es qu’une mauviette, cingla Olen. Tu sortiras quand je l’aurai décidé. Ne me fais pas honte devant nos invités.

Les joues rougissantes, Ren accusa le coup. Quelques chasseurs s’esclaffèrent devant la remontrance. L’adolescent croisa le regard d’Osham, soudain suppliant. Sans qu’elle prononce le moindre mot, il savait ce qu’elle était en train de penser. Reviens t’asseoir, Ren. Je t’en prie. Ne l’énerve pas. Il va encore te faire du mal. Mais cette fois, Ren en avait assez. Assez de se taire, de toujours s’écraser. Il jeta son couteau au sol.

- Honte ? Tu oses me parler de honte ? Tu es vautré ici comme un vieux cochon pendant que tout périt autour de nous ! Par Seth, regarde-toi ! Qu’avons-nous donc à fêter si ce n’est notre lâcheté et notre paresse ? J’en ai assez de perdre mon temps !

Les mots étaient sortis sans qu’il les contrôle réellement, telle une vague destructrice déferlant sur le rivage. Il sut à la seconde où il termina qu’il était allé trop loin. Olen bondit hors de son siège, jetant Saraelle au sol. Ren eut un mouvement de recul. Des tremblements agitèrent ses jambes sans qu’il puisse les arrêter. Pourtant, il resta droit. Mais Olen, à sa grande surprise, ne vint pas le frapper. C’était bien la première fois.

« Tu te prends pour un grand guerrier ? ricana le chef. Mais tu mouillais encore tes langes quand je faisais la guerre, avorton ! Puisque tu te crois si brave, je te défie en duel ! Demain à l’aube. Si tu veux tant te prendre pour un homme, je te combattrai en tant que tel. Maintenant, va ! Et prie les dieux. Tu en auras besoin. »

Super texte, vraiment ! L'ambiance est top et parfaitement décrite, on s'y croirait vraiment surtout avec la description du banquet, ça aide énormément à l'immersion. Le seule tout petit point que je vois, c'est que j'ai l'impression qu'Olen est presque plus caractérisé que Ren ici. Après, il s'est forcément défini par son opposition  à son père, donc ça se comprend sans problème et c'est pas vraiment un souci au final.

Mais je le redis, c'est vraiment un très bon texte, bravo !  

Hey! J'ai adoré ton texte, on suit l'action sans problème. Même remarque que celle de Céhah concernant l'impression que Ren est moins caractérisé qu'Olen. J'adorerais savoir qui gagnera le duel et si duel il y aura

Coucou vous deux! Merci infiniment pour vos retours

Vous m'avez fait la même remarque concernant la caractérisation d'Olen par rapport à celle de Ren et en relisant à tête reposée, je trouve que vous avez raison J'ai beaucoup plus détaillé les actions du père par rapport à celles du fils, j'aurais pu faire mieux de ce côté-là. Mais contente si le texte vous a plu quand même, c'est le principal

Super texte à mon avis, où tout est parfaitement retranscrit. Je trouve que tu fais du très bon travail avec les descriptions, dans le sens où tu ne cherches pas à décrire absolument tout dans ses moindres détails, et où tu te concentres davantage sur le fait de retranscrire quelque chose (émotion, atmosphère, etc.).
    Personnellement je trouve que Ren est bien caractérisé ne serait-ce que par rapport à la façon dont lui fait la description de son père. Peut-être juste qu'il n'est pas caractérisé exactement de la manière dont la fiche le décrivais, à mon sens. Je l'ai trouvé peut-être un peu trop apeuré par rapport à cette description. Dans le sens où il respecte son père pour le grand guerrier qu'il est, et que c'est par cela qu'il le craint, mais qu'il se montre aussi fougueux et arrogant en quelque sorte. Peut-être que ce n'est que mon interprétation et qu'elle n'est relative qu'à moi, mais je tenais quand-même à, s'il faut absolument faire un reproche, faire celui-ci car à mon sens il est le plus "important" (avec des guillemets car je ne trouve pas cela dérangeant et que ce n'est pas pour autant qu'il s'agit d'un défaut important à proprement parler).
    En tout cas à mon sens il s'agit d'un très bon texte, en prenant en compte le contexte du défis ou même sans ! De mon point de vu, tu peux vraiment être fier/fière de toi !

Bonsoir,
c'était un super texte. Tout était bien décrit et l'ambiance était top. J'ai bien ressenti le mépris de Ren pour son père. Il y avait de l'émotion. Bravo pour le texte !

Coucou Sayu !

Bravo pour ton texte, il est très bien écrit (comme d'hab haha) et aussi bien fluide.
Je rejoins néanmoins Céha et Lebranc pour la caractérisation de Ren, mais bon, ça ne m'a pas vraiment dérangée x) Et puis après tout, comme Olen est bien caractérisé, ça reste très sympa à lire !

On a pas mal d'éléments qui s'harmonisent.
J'ai beaucoup aimé te lire  

Encore un super texte Sayuri ! Le rythme est bon, le ton est bon, ça se lit très facilement, comme d'habitude !

Comme j'ai lu le texte sans avoir la consigne de l'atelier, le "manque" de caractérisation de Ren par rapport à son père ne m'a pas du tout dérangée ^^

Super texte encore une fois, Sayuri ! Très bien écrit, on plonge vraiment dans l'ambiance. Olen est beaucoup caractérisé, mais comme c'est fait par rapport au regard de Ren, ça en dit autant sur les deux personnages, à mon avis. Donc ça ne m'a pas dérangée.

Juste un geste de Ren que je n'ai pas trop compris, le fait qu'il jette son couteau, alors qu'il l'avait laissé dans son fourreau jusque là, et ne l'avait donc pas en main, sauf si j'ai mal compris ("Il se dressa sur son banc, agrippa son petit couteau laissé au fourreau." il l'agrippe mais il le dégaine pas, si ? "[...] Il jeta son couteau au sol."). Il défie son ordure de père... Vu la dangerosité du moment, ça me parait étrange que son premier réflexe soit de se séparer de sa seule arme   C'est peut-être un geste de défi, mais l'intégralité de sa réaction est une réaction de défi, donc... Mais bon, c'est juste un détail.

Un grand bravo pour ton texte !

Merci beaucoup à tous, je découvre vos retours un peu en retard et ils me font tous chaud au coeur Je vais essayer de répondre un peu à tout le monde en un message!

@Felix, je suis particulièrement flattée par ton compliment sur mes descriptions parce que c'est vraiment ma bête noire j'ai l'impression d'être nulle à ça alors merci beaucoup Question d'interprétation sur la peur de Ren, effectivement. Personnellement j'ai pris l'indication de la fiche comme une peur de l'autorité paternelle malgré le côté un peu rebelle et comme je l'ai placé dans mon texte en tant qu'enfant habitué à subir des violences je me suis dit que la peur malgré la rébellion serait une réaction cohérente à son traumatisme. Merci pour ton retour

@Lian, @Aloy, @Michi merci beaucoup à vous trois, contente que vous ayez passé un bon moment C'est toujours rassurant d'arriver à embarquer tout le monde dans mes bêtises

@Marie, grand merci à toi aussi Alors, le jet du couteau, sur le moment, je l'ai traité comme une réaction d'impulsivité qui peut devenir une provocation comme le gant qu'on jetait au sol à l'époque pour se défier en duel et c'est ce qui m'a conduit à partir sur un duel avec Olen à la fin justement ^^ Après je te rejoins dans le sens où vu le père que je lui ai donné, c'est pas malin de jeter sa seule arme au sol effectivement xD Avec le recul, je ferais peut-être ça autrement. Il pourrait par exemple le brandir contre Olen par réflexe quand celui-ci se lève pour lui en coller une (du moins c'est ce qu'il croit). Ce serait peut-être un marqueur supplémentaire de son côté téméraire. C'est toujours après coup qu'on a les bonnes idées Merci encore d'être passée me lire

Coucou Sayuri !
C'est vraiment un super texte ! J'ai cherché une remarque à faire, mais je n'ai rien trouvé de très pertinent. Les caractéristiques de la fiche personnage sont bien rendues, tu arrives à installer une ambiance très lourde. J'adore la complicité entre Ren et Osham qui se dégage en une seule scène, c'est très mignon.
Bravo pour ton texte !

Coucou ton texte est super, c'est bien écrit, c'est fluide et le personnage de Ren est bien caractérisé. J'aime bien comment tu as décris Olen aussi, même si c'est vraiment un gros dégeux sans fierté... Je comprends que Ren ne finisse pas son repas 0_0

Bravo pour ton texte ! Bien écrit, bonne caractérisation, bon rythme (même si attention aux phrases très longues qui se succèdent).

Pour le deuxième paragraphe, un peu longues toutes les phrases. Elles sont bien écrites, mais à la dernière on peine tout de même à suivre je pense. Un peu plus de rythme serait bien.

C'est vrai qu'on voit plus une forte caractérisation d'Olen avec tous les petits détails que tu donnes sur son comportement, mais la partie sur Ren fonctionne aussi. Tu aurais pu faire plus, mais c'est très bien.

Vraiment pas grand-chose à te reprocher, c'est très bien

Merci pour ta participation !