Le parricide

Ren tremblait encore de rage lorsqu’il fit irruption dans la taverne.
Tout le monde, dans le village, venait d’assister à la confrontation entre son père et lui, après le départ des collecteurs de la taxe seigneuriale.
L’impôt sur les récoltes avait encore augmenté, les corvées étaient de plus en plus nombreuses, des hommes venaient d’être mobilisés, et on leur demandait encore davantage pour le mois prochain.
On les dépouillait.
Mais son père s’en moquait. Il disait que tout s’arrangerait.
Ren prit place à la table de ses amis, Aurek et Rhodin, au fond de la salle, sous une fenêtre aux carreaux noirs de crasse, et commanda une pinte de bière blonde.
– Ton père ne fera rien, alors ? questionna Aurek,
– Non, répondit Ren d’un filet de voix.
La haine l’étranglait.
Son sang battait dans ses tempes, ses poings se crispaient, une idée fixe l’obsédait : son père les condamnaient tous par son inaction. Ils devaient se battre, s’opposer au seigneur, regagner leur liberté.
La serveuse venait de lui apporter sa commande. Il saisit l’anse de sa chope, ses mains tremblaient tellement qu’il mit de la bière partout sur la table.
Il vida sa chope d’un trait.
– Écoute…
Rhodin s’était penché vers lui, sa peau tannée par le soleil était couverte de poussière. La sécheresse de cette année rendait les récoltes mauvaises, sa famille se tuait à la tâche pour tenter de produire assez de blé pour payer l’impôt seigneurial. Mais jamais ça ne suffirait.
– Tu n’es pas le seul à vouloir l’indépendance.
Il avait parlé si bas que ses propos étaient à peine audibles dans le brouhaha de la taverne.
– Des hommes se sont rassemblés en cachette pour en discuter, hier soir, ajouta Aurek. Mon père en était. Il m’a dit que les choses pourraient bientôt changer.
Ren fit signe à la serveuse de leur apporter de nouvelles bières. Sa colère n’était pas retombée, et il trouvait dans les propos de ses camarades une satisfaction qui l’effrayait presque. L’existence d’un complot aurait dû l’alarmer, mais il y trouvait la confirmation de ses propres convictions.
– Ils vont le tuer ? demanda-t-il d’une voix blanche.
Aurek acquiesça d’un furtif mouvement de tête. La serveuse était revenue avec trois choppes.
– Quand ?
Aurek et Rhodin échangèrent un regard.
– Ton père est le meilleur guerrier du village, commença Rhodin, mal assuré.
– Certains veulent le prendre par surprise, à plusieurs, ou l’empoisonner, dit Aurek en fuyant le regard de Ren.
Ren sentit ses muscles se tendre.
– Je vais le faire, décréta Ren. Dès ce soir.
– Tu es sûr ? dit Rhodin après une hésitation. C’est quand même ton père…
Aurek et Rhodin doutaient de lui. Ce constat le hérissa.
– Oui, dit-il sèchement sans desserrer les mâchoires. Ce soir, quand il dormira.
Il avait empoigné l’anse de son poignard, plus résolu que jamais.
Son regard s’était durci, et une joie sauvage pulsait dans ses veines.
Ce soir, il reprendrait en main le destin de son village.

Quel angle très original avec les infos que nous avions! Ren qui décide de tuer son père pour le bien du village en rejoignant du coup la mutinerie qui se construit petit à petit avec les autres habitants. Pour ce qui concerne la caractérisation, je pense que tu aurais pu insister davantage sur la rancoeur que Ren porte à son père ça aurait appuyé davantage sa décision de meurtre à la fin A part ça, ton texte était très plaisant à lire j'ai bien aimé J'aime beaucoup le rythme de tes phrases, tout s'enchaîne très bien. Bravo à toi !

hello ! Bravo pour ton texte ! Il est vraiment plaisant à lire, Ren est très bien, show don't tell fonctionne bien, bon rythme, bon vocabulaire et l'idée du complot est cool.

Tout le monde, dans le village, : Tous les villageois ? je trouve que les virgules atténuent le rythme de la phrase

Sa colère n’était pas retombée, et il trouvait dans les propos de ses camarades une satisfaction qui l’effrayait presque. L’existence d’un complot aurait dû l’alarmer, mais il y trouvait la confirmation de ses propres convictions. : tourne un peu en rond, je pense que tu peux être plus direct que ça. Mais l'idée est bonne.

Merci pour ta participation !