Le dilemme d'Albert

Cartes tirées: L'Empereur, l'Amoureux et la Roue de la Fortune
Carte choisie: L'Amoureux  

 Albert ouvrit les yeux et se redressa, la couverture de soie glissant le long de son torse. Son amante était encore endormie auprès de lui, les courbes de son corps nu exposées à la lumière naissante de l’aube. La veille, c’était une autre femme qui partageait sa couche.

 Lorsque Daria était venue le voir dans ses appartements, il n’aurait jamais imaginé que les choses prennent une telle tournure. Elle lui avait fait des avances plus que choquantes pour une femme de son rang et de son âge, mais Albert dût reconnaître que cette audace l’attirait terriblement. Il lui avait exposé des prétextes pathétiques, notamment au sujet des rapports avant le mariage, ce qu’elle avait trouvé hilarant, lui ayant demandé s’il la pensait sérieusement vierge. Il céda volontiers à son caractère tempétueux et dominateur.

 Alors qu’il était tout à ses pensées, Daria remua brièvement avant d’ouvrir les yeux et d’adresser un sourire charmeur à Albert.
– Ne me dites pas que la nuit dernière a été si délicieuse que vous n’en avez pas trouvé le sommeil.
 Comme à son habitude, elle se montrait prétentieuse et moqueuse, comme un adulte se moquerait avec affection de la naïveté d’un enfant. Albert avait haï cette attitude lorsqu’il l’avait rencontrée la première fois, et si elle l’exaspérait toujours autant, un autre sentiment, vicieux et malsain, était né. L’envie dévorante de posséder cette femme et de la faire ployer à sa volonté. Le défi que Daria représentait brûlait l’âme d’Albert.
– Cessez donc de vous croire irrésistible, rétorqua-t-il, trop fier pour admettre le plaisir qu’il avait éprouvé.
– Oh ? J’imagine qu’il s’agit alors là de notre première et dernière nuit ensemble.
Albert ne put s’empêcher de se mordre la lèvre, dépité face à cette annonce. Daria éclata d’un rire aussi chaud que sa voix suave, avant de l’embrasser fougueusement. Puis elle se leva, laissant tomber le drap au sol. Il admira les courbes de son corps, incrédule devant la beauté mature qui en émanait. Il était différent mais n’avait rien à envier aux corps lisses des filles beaucoup plus jeunes qu’il avait aimées.
 Daria s’habilla prestement, sa robe rouge grenat mettant en valeur ses yeux vert émeraude, perçants. Son port altier et ses courts cheveux noir corbeau lui donnaient l’allure d’une reine.
– A ce soir.
 Elle partit sans même attendre sa réponse. Elle ne lui avait pas demandé son avis, tout était déjà décidé. Albert en était aussi agacé que réjoui. Une nuit de plus dans ses bras valait bien quelques sacrifices.

 Alors qu’il sortait sur le parvis du château, une jeune femme s’approcha de lui.
– Eglantine…
– Alors, ça y est… Tu t’es finalement donné à cette femme.
 Albert était accablé par les remords. Il ne décela pourtant aucune trace de reproche dans son regard, juste une immense tristesse.
– Je l’ai vue sortir de tes appartements, j’ai tout de suite compris, expliqua-t-elle.
 Albert déglutit avec difficulté. Il ne pouvait supporter d’avoir causé du chagrin à une fille si douce et gentille.
– Je ne peux le nier, ce ne serait pas honnête… Mais c’était purement… charnel…
 Il se mordit la langue. Cette excuse était plus horrible encore que le silence.
– Je ne suis pas amoureux d’elle, reprit-il, je ne ressens rien pour elle. C’est toi que j’aime.
– Oh, Albert, je t’en prie, ne me mens pas. J’ai bien vu la façon dont tu la regardais. Elle est si belle, et si élégante, je ne peux pas t’en vouloir.
– Non, ce n’est pas…
– Je peux aussi affirmer que adores qu’elle te malmène un peu, ajouta-t-elle, tu adores qu’elle ait l’ascendant sur toi. Elle est tout ce que je ne suis pas.
 Eglantine souriait mais les larmes se mirent à couler sans s’arrêter. Albert l’attira à lui et déposa un baiser sur son front avant de poser ses lèvres sur les siennes. L’étreinte était tendre, timide, mais elle réchauffait le cœur meurtri des deux amants.
– Mes appartements sont libres, si tu veux venir…
– Albert, je ne crois pas que ce soit bien… Elle est ta fiancée…
– Je te l’ai déjà dit, c’est toi que j’aime, pas elle.
 La jeune femme hésita, mais elle était clairement comblée par les mots prononcés par Albert.
 Rien ne se déroula comme la veille. Albert avait des gestes lents et doux, défaisant délicatement sa couronne tressée et ôtant sans précipitation sa robe de lin bleue. Le parfum entêtant de Daria avait imprégné la literie et lui rappelait sans cesse la nuit passée dans ses bras. La fougue et la passion dont elle avait fait montre, et qui étaient en total décalage avec l’instant présent. Nul doute qu’Eglantine avait elle aussi senti les effluves, mais elle n’en dit rien.
 Lorsqu’ils eurent terminé leur affaire, Albert ressentit une plénitude, comme à chaque fois qu’il faisait l’amour avec Eglantine. La jeune femme lui souriait, tout aussi heureuse, avant d’afficher une mine triste.
– C’est la dernière fois que nous devons nous voir de la sorte. Si nous continuons, cela nous fera trop de mal à tous les deux.
 Albert savait qu’Eglantine avait raison, mais il n’arrivait pas à s’y résoudre.
– Epouse cette femme, poursuivit-elle, c’est le meilleur choix à faire. C’est une riche veuve qui apportera la richesse, le pouvoir et le prestige à ta maison. Il n’y a pas à hésiter.
– Comme toujours, tu as raison.
Il soupira avant de la serrer fort contre lui.
– Sache que tu seras toujours mon seul et unique amour.
– Pareil pour toi, déclara-t-elle après un silence.

 Ils se quittèrent en pleurs, se jurant de ne plus jamais céder à la tentation. Lors de sa nuit suivante avec Daria, il ne fit que penser à Eglantine, tout comme l’image de Daria lui avait assailli l’esprit lors de ses ébats avec la jeune femme.

 Il se leva tôt le lendemain, profitant de la fraîcheur du matin, laissant Daria endormie dans son lit. Lorsqu’il arriva sur le parvis, il lui sembla qu’au loin, le saule pleureur avait une allure un peu étrange. Il s’approcha, et au travers du feuillage tombant, la silhouette d’Eglantine projettait au sol son ombre macabre.

J'avais pas du tout, du tout vu venir la chute elle m'a un peu scotché

En tout cas, la transition d'un texte au ton léger et érotique, à une certaine mélancolie puis à cette fin extrêmement triste fonctionne parfaitement. Y a rien à dire, bravo !

Merci beaucoup pour ton retour !

Pauvre Eglantine... Un salaud cet Albert ! Fais ton choix mais ne joue pas avec les sentiments des autres.
Bon au final son dilemme s'est résolu tout seul.  

Un très joli texte.

Merci beaucoup pour ton retour ! Et oui, j'avoue qu'on a du mal à lui trouver des circonstances atténuantes...

Oh la chute J'ai pas du tout vu venir la mort d'Eglantine , ça m'a brisé le coeur Est-ce qu'elle s'est suicidée de chagrin ? C'est comme ça que j'ai compris la fin en tout cas. Pour le coup, c'est exactement ce que j'aurais imaginé de la carte de l'Amoureux avec tout l'égoïsme et la passion qu'il génère tout autour de lui. Vraiment, j'ai adoré ton texte il est génial !! 🥰 Mention spéciale pour toute la sensualité qui se dégage des scènes d'amour on la sent dès les premières phrases. Une romance à la fin tragique comme j'adore en lire. Bravo, je savais que ton texte serait exceptionnel

Rooooooh Sayuri, arrête, tu vas me faire rougir

Merci énormément pour ton retour enthousiaste, ça me fait toujours super chaud au cœur 🥰

Et oui, tu as parfaitement compris la fin ! Quand j'ai lu la description, la phrase sur le choix lourd de conséquences m'a marquée, et c'est ma façon de la mettre en scène ^^
Mais je suis un peu hypocrite, je te dis que j'aime pas les histoires d'amour tragiques, et voilà la fin que je fais

Moi qui n'aime pas lire des histoires d'amours, j'avoue que je me suis surpris d'avoir aimé ton texte. Il est fluide et tout en finesse.

Bravo à toi.

Par contre, la fin elle est triste.

Merci beaucoup pour ton retour ! Héhé, contente que tu aies apprécié mon texte malgré que tu n'aimes pas les histoires d'amour ^^
Pour la fin, c'est vrai que ça me ressemble pas trop, mais j'ai voulu faire un truc un peu différent haha, je fais des choses qui me briserait le coeur en tant que lectrice xD

J'étais un peu sceptique quand Misstic a commencé la lecture. Puis je me suis mis à apprécier cette histoire, à vouloir la suite, anticiper la chute...mais quelle chute ! On est dans l'émotion, pas la dépression, et c'est en cela que le final est grand. Toute en sobriété. Mention spéciale pour la dernière phrase du texte, un régal.

Merci beaucoup pour ton retour Diba, ça me fait très plaisir Merci pour tes compliments sur la dernière phrase ! Quand mon texte était encore trop long par rapport à la consigne et que Christelle m'a dit "au pire, coupe la fin", j'étais là "ah ben non, pour une fois que j'en suis fière !"

J'ai vu Albert : j'ai ri. j'ai cliqué x3

Mais non, Eglantine ! On ne se pend pas pour un mec ! On pleure un coup, on l'insulte, on couche avec son meilleur pote et on tourne la page ! En plus tu lui pardonnes le fait qu'il se tape sa future femme oklm alors qu'il n'y est pas obligé, bravo la considération ! En même temps, quand on s'appelle Albert... x3

Je peux faire ma casse couille ? " il n’aurait jamais imaginé que les choses prennent une telle tournure" : que les choses prendraient une telle tournure ? Après, on était dimanche... Le dimanche, la concordance des temps n'existe pas, my bad !

Un très bon texte, comme d'habitude, mais vraiment... Eglantine, non ! Je l'avais pas vu venir !

Tu as écrit une belle histoire

@Lupi
Franchement, je suis 100% d'accord avec toi, mais je l'ai faite (trop) docile pour correspondre à la description de la carte, mais c'est clair qu'elle accepte trop de trucs de la part d'Albert...

Ah mais oui, tu as tout à fait raison pour cette concordance, merci de me l'avoir signalée xD (j'en ai remarqué au moins une autre, je résiste à mon envie d'aller corriger haha)

Merci pour ton retour, ça me fait trop plaisir à chaque fois

@Zebulon Merci beaucoup !

Haaaaa -18   interdit aux poulettes

Bon, plus sérieusement, c'est très bien écrit, je trouve ^^ On se représente bien la scène, les personnages et les émotions sont bien retranscrites. J'aime beaucoup la fin aussi !
Mais je sais pas pourquoi, j'ai d'abord compris que c'était Eglantine qui allait les tuer xD

Bravo

-18 ? Oh bah, t'es pas prête pour les scènes sexuelles dans mes projets persos Kappa
Ca se rapproche plus de celles de Prince Captif que de ça haha

Merci beaucoup pour tes compliments
Mdrrrrr, j'avais jamais envisagé ça, mais ça aurait pu être une bonne fin xD (une fin qui aurait sûrement plus plu à Lupi haha)

Daikitumichi a écrit:-18 ? Oh bah, t'es pas prête pour les scènes sexuelles dans mes projets persos Kappa
Ca se rapproche plus de celles de Prince Captif que de ça haha

Merci beaucoup pour tes compliments  
Mdrrrrr, j'avais jamais envisagé ça, mais ça aurait pu être une bonne fin xD (une fin qui aurait sûrement plus plu à Lupi haha)

Haannn ! Tu écris le sekks ?!  
Et je ne vois pas du tout qu'est ce que vous voulez dire

Tu veux nous faire pleurer ou quoi ? Pauvre Eglantine... Tu as parfaitement saisi l'essence de la carte. Ton texte était un plaisir à lire. Je déteste déjà cette Daria Voici quelques éléments que j'ai relevé, note bien que c'est du pinaillage et relève de mon goût personnel :

"Albert ouvrit les yeux et se redressa, la couverture de soie glissant le long de son torse." : j'adore, la phrase donne tout de suite la couleur du texte !

"Il lui avait exposé des prétextes pathétiques, notamment au sujet des rapports avant le mariage, ce qu’elle avait trouvé hilarant, lui ayant demandé s’il la pensait sérieusement vierge." : je crois que ce n'est pas le bon emploi du mot. Attention à la longueur de tes phrases. J'en ai vu quelques unes comme ça. Ça nuit à la fluidité de la lecture et ça rajoute quelques maladresses.

"Comme à son habitude, elle se montrait prétentieuse et moqueuse, comme un adulte se moquerait avec affection de la naïveté d’un enfant." : attention à la répétition

"Comme à son habitude, elle se montrait prétentieuse et moqueuse, comme un adulte se moquerait avec affection de la naïveté d’un enfant. Albert avait haï cette attitude lorsqu’il l’avait rencontrée la première fois, et si elle l’exaspérait toujours autant, un autre sentiment, vicieux et malsain, était né. L’envie dévorante de posséder cette femme et de la faire ployer à sa volonté." : ce passage est laborieux, à lire, par exemple (cf ma remarque plus haut )

"J’imagine qu’il s’agit alors là de notre première et dernière nuit ensemble." : le "là" est un superflu.

"Daria s’habilla prestement, sa robe rouge grenat mettant en valeur ses yeux vert émeraude, perçants." "rouge grenat, "vert émeraude" je trouve ça un peu redondant. le lecteur connaît déjà la couleur de l'émeraude, je pense que retirer le "vert" peu fluidifier la phrase

"– Albert, je ne crois pas que ce soit bien… Elle est ta fiancée…
– Je te l’ai déjà dit, c’est toi que j’aime, pas elle." : je n'avais pas compris que Daria était sa fiancée xD Beurk ! Eglantine est bien mieux !

"C’est une riche veuve qui apportera la richesse, le pouvoir et le prestige à ta maison." : attention à la répétition

Merci pour ton texte !

Merci beaucoup pour ton retour Akari ! Je suis ravie que mon texte t'ait plu

Je confonds souvent "pathétique" et "pitoyable", en effet, sûrement que c'est l'autre qui convenait mieux ! J'ai trouvé cette phrase un peu longue aussi, mais je voyais pas où la couper xD

Pour la répétition de "moqueuse, moquait", c'est voulu pour le coup, mais tu as raison, c'est peut-être un peu lourd.

Oui, le "là" est superflu ^^

Tu as tout à fait raison sur les couleurs ! Emeraude et grenat, on voit bien la teinte en effet.

Moi aussi je préférais Eglantine

Je l'ai vu après coup la répétition de "riche, richesse", je me suis retenue d'aller corriger XD

Merci beaucoup pour tes remarques !

Bravo pour ton texte ! Il se lit bien, l'idée est bonne et la chute est super. On ressent bien les émotions du personnage, les scènes au lit sont très bien.
Merci pour ta participation !

Moi aussi j'ai été surprise par la chute vraiment inattendue

Merci Votre Majesté et ninja-janine