Sacré Stan.

Bonjour à tous, voici mon texte pour l'atelier.

— Ce salopard ne perd rien pour attendre ! Sûr et certain, quand j’le verrais j’lui ferais la peau, à lui et à sa petite gueule d’amour.

Stan avançait péniblement. Son ombre s’était réduite à un point sur ses pieds, signe infaillible que la vague de chaleur deviendrait rapidement de plus en plus écrasante. Les chaudes après-midis d’été n’étaient pas la meilleure période pour s’attarder dans le désert du Mojave. Il mit sa main en visière et scruta les alentours à la recherche d’un indice sur la direction à prendre. Tout autour de lui s’étendait une mer de cactus. Des Joshua Tree aux formes biscornues qui les rendaient si jolis à photographier lors d’une excursion.

— Désert de mon cul ! Il va voir c’te, c’te…

Sa langue pâteuse gardait maintenant les mots dans sa gorge comme des miettes de papier de verre. Fous là en sourdine Stan, pensa-t-il en gardant la bouche close cette fois, et trouve une solution. Tu trouves toujours des solutions à tous les problèmes Stan. Après tout c’était bien pour ça que Big John l’avait recruté pour assurer la sécurité au Pharaon, un des plus gros casinos du Strip.

Dans sa tête tournait en boucle la même scène. Ralph qui le sort de la voiture au petit matin pendant que sa blonde rigole comme une otarie à l’arrière. Et cet empaffé qui ne faisait que de répéter :
— T’es rien qu’un abruti Stan, et tu crèveras comme un abruti parce que tu colles toujours ta main là où il faut pas, Stan !

Tout ça parce qu’il avait osé toucher le postérieur de la Lady de Ralph. Tu parles d’une lady. Une lady sur le retour ouais. La blondinette avait déjà bien baissé ses tarifs sur le Strip parce que ça se bousculait plus trop au portillon. Quel con ce Ralph.
Il ricana avec le peu de salive qui lui restait et épongea son visage ruisselant de sueur avec la manche sale de sa chemise.

Maintenant il était perdu au milieu de ce foutu désert et il lui faudrait des heures pour regagner Vegas. La chose à faire, c’était de trouver la route.
Il avisa au loin une petite colline. Il y avait au sommet une sorte de cactus rond un peu bizarre. Il lui semblait bien qu’il passait devant quand il quittait Vegas dans sa Cadi pour rallier Los Angeles. Alors logiquement, la route devait se trouver juste derrière. Il accéléra le pas. La morsure du soleil lui crevait la peau du cou. Heureusement qu’elle avait sa chemise sur le dos. S’il avait eu le réflexe d’attraper sa veste en glissant de la bagnole il aurait pu se protéger la tête.
Un petit tintement familier l’averti de la présence d’un serpent à sonnette à proximité. Stan s’immobilisa. Lui il avait grandi dans les forêts du Montana, alors il ne craignait pas les veuves noires, ces petites araignées qui peuvent vous terrasser un géant d’une piqûre, mais les serpents non. Surtout avec une clochette au bout de la queue, quelle connerie. L’alerte cessa et il reprit sa route.
Il approchait de la colline, plus pentue que prévue. Il força sur ses mollets mais une de ses semelles glissa et il chuta. Le sable emplit sa bouche et lui piqua les yeux. Bordel !
Il se redressa et lorgna sa main avec une grimace. Il s’était entaillé sur une pierre un peu coupante. Le pire était qu’il entendait toujours Ralph qui chantonnait :

— T’es rien qu’un abruti Stan, et tu crèveras comme un abruti parce que tu colles toujours ta main là où il faut pas, Stan !

Il eut le réflexe de cracher sur sa main pour nettoyer la plaie, mais il stoppa net son geste en se rappelant que chaque millilitre d’eau était toujours mieux dans son corps.

La route n’était pas derrière la colline. Il n’y avait rien d’autres que des cactus et des serpents. Mais une ombre légère attira son regard. Sur la gauche d’un monticule il semblait y avoir quelque chose de différent. En tout cas de l’ombre, ça c’était sûr. Dans le Morave, l’ombre c’est comme l’eau : de l’or en barre.

— T’as l’œil Stan, se félicita-t-il.

C’était l’entrée d’une petite grotte. Enfin, un boyau plutôt, pas large mais assez longs apparemment. Il pénétra prudemment sur les premiers mètres.

— C’est pas vrai !

Sur les murs, des mains peintes étaient dessinées ainsi que des formes qui faisaient penser à des chevaux. Depuis combien de temps ces peintures étaient là ? Il n’en savait rien mais des hommes avaient fait ça il y avait très longtemps. Un jour il avait entendu Big John parler de plusieurs cavités où se trouvaient des peintures de ce type. Bon d’après ce qu’il avait compris il y avait un paquet d’ossement au même endroit maintenant.

Tout heureux de sa découverte il en aurait presque oublié l’essentiel, il faisait frais. Avec un soulagement infini il laissa son dos glisser le long d’une des parois. Elle était presque froide. Plus que jamais il apprécia l’atmosphère tranquille du lieu.

Une idée germa. Il lui suffirait d’attendre le coucher du soleil au frais puis marcher de nuit. La lune était pleine ses derniers jours, il devrait avoir assez de luminosité pour se diriger. S’il réussissait à trouver l’étoile du berger il marcherait vers le nord et finirait par tomber sur Vegas.

— T’es trop malin Stan.

Un caillou le gênait dans son dos. Fichu caillou. Il passa une main et tira sur l’intrus. Rien. Il tira plus fort. Un petit gravillon lui effleura le nez, il releva la tête, un autre arrivait.

— Mais, putain, c’est quoi ça…

En quelque instants une avalanche de pierre était tombée de toute part et la sortie du boyau se trouvait condamnée, comme Stan. A moitié assommé mais pas mort pour autant il entendait la maudite voix de Ralph :

— T’es rien qu’un abruti Stan, et tu crèveras comme un abruti parce que tu colles toujours ta main là où il faut pas, Stan !

Ton texte est très chouette, j'aime bien le ton et c'est rythmé !
Bravo à toi

Merci pour tes encouragements

Je ne m'attendasi pas à ça pour la fin haha, le pauvre ! J'ai bien aimé ton texte

Merci pour ton retour

Bravo pour ton texte ! j'ai beaucoup aimé le ton, le personnage de Stan (le fait que tu répètes souvent son nom est hyper bien trouvé) et la chute est vraiment cool. Juste un truc : 
 Son ombre s’était réduite à un point sur ses pieds, : je me demande si c'est la meilleure manière de le dire. 
Merci pour ta participation !

Merci à tous pour la correction