Au-delà des murs

Naël tourna sur lui-même pendant dix bonnes minutes.

— Eh merde.

Il tapota sa montre-bracelet mais sans succès.

— Elle a choisi son moment, pesta-t-il.

Sans cet objet, il ne pouvait plus localiser sa cité, ni même apparaître sur les GPS des gardiens. Il se remit en marche, priant en lui-même pour croiser son grand-frère et ses amis.
Pour la première fois, il maudit les murs transparents d’Hideaway. Si leur protection reposait sur leurs invisibilités, c’est celle-là même qui lui posait problème aujourd’hui.

La voix de son frère le rabrouant résonnait déjà dans sa tête. Iram l’avait mis en garde des centaines de fois, il ne devait pas s’éloigner du groupe. Se retrouver seul en plein désert de ce qui fut autrefois l’Arabie Saoudite n’avait rien d’une partie de plaisir.

Force était de constater qu’il avait raison.

Pourtant, il ne pouvait pas laisser passer sa chance. Alors qu’il voyageait avec son équipe dans les dunes du désert, afin d’observer la faune et la flore pour le compte de leur roi, il fut accaparé par l’apparition d’un animal. Grand amoureux de la nature, Naël crut reconnaître un Oryx du désert.

Bien sûr, ses compagnons se moquèrent. Cet animal avait disparu des centaines d’années auparavant, lorsque le climat planétaire avait brusquement augmenté. C’était la raison même de l’existence de l’Hideaway, cette cité enfermée dans des murs de miroir de plus de 200km de long : abriter le reste de l’humanité.

Mais Naël n’en démordait pas. Suivant son instinct, il poursuivit l’animal, avant de le perdre de vue. Et voilà où il en était ! Il s’en voulait, sachant dans quel état sa mère serait. Elle qui élevait déjà ses deux fils seul depuis des années, elle ne supporterait pas d’en perdre un.

Rongé par la culpabilité, il continua sa route, les jambes lourdes, perdant la notion du temps.

Alors qu’il se croyait fini, il tomba finalement sur ce qu’il avait trouvé plus tôt. Son souffle se coupa aussitôt.

Je n’ai pas rêvé…


Naël n'en croyait pas ses yeux. L’éclat opalin de l’animal se reflétait dans ses iris bleutés.

La nuit tombait, et la température avec. Si sa tenue ample était adapté aux fortes chaleurs du désert, il n’avait rien prévu pour le froid de la nuit, pouvant descendre jusqu’à -10 en cette période. Le jeune adulte retira son cheich pour s’en servir de couverture, et se blottit contre un feuillage pour se protéger du vent. Bien vite, il comprit que cet protection de fortune ne lui serait pas d’un grand secours. Il tremblota toute la nuit, jusqu’à sentir un souffle chaud au-dessus de lui.

Un oryx s’allongea prêt de lui. Porté par les respirations de l’animal, il s’endormit en une poignée de seconde.
Le soleil mit fin à sa courte nuit en chauffant son visage. Il enfila son plus tarder son cheich bleu pour le protéger des rayons. Fatigué, mais heureux d’avoir atteint son but, il s’impatientait d’annoncer la bonne nouvelle à ses congénère. Une ancienne espèce était de retour ! Il se tourne vers le troupeau, prêt à s’emparer d’un spécimen. Mais son cœur loupa un battement en apercevant une silhouette derrière l’animal. Il se recroquevilla en un instant, caché par les feuillages.

C’est un humain… songea-t-il. Impossible.

Les oryx ne bougèrent pas d’un fil, et laissa l’être s’approcher d’eux. Il n’y avait plus de doutes possibles. C’était bel et bien un humain, une femme d’une quarantaine d’année d’après Naël, qui venait d’apparaître sous ses yeux. Elle tourna soudain la tête vers lui. Sans attendre, il se plaça en position de combat.

— Qui êtes-vous ?

La femme sourit. Derrière la violence de son ton, elle décelait le cœur tremblant de l’adolescent. D’un geste délicat, elle sortit d’un sac en toile un petit gâteau rond qu’elle lui tendit.


— Est-ce que tu as faim ?

Son ventre gargouilla pour toute réponse. Gêné, il se saisit le met et grignota un bout. La douceur du miel et de l’amande l’envahit en un instant. Il avala tout rond le reste du gâteau sans en laisser une seule miette.

— Je m’appelle Rama, souffla-t-elle. J’en ai d’autres chez moi ! Mon fils en raffole.

Toute sa méfiance s’envola. Sans autre choix à part rester seul ici, il l’a suivi en silence. Ils arrivèrent enfin à destination.
Un village complet se dressa devant lui. Naël ne savait plus où poser son regard. Il traversa les maisons les yeux ébahis. Il avait la sensation d’avoir été téléporté dans un livre d’histoire.

Il voulait noyer Rama de questions, mais rien ne lui venait.
Elle l’accueilli chez elle. Toute la journée, il l’observa s’agiter dans la maison, jouer avec son fils, parler de son village. Comme si ça présence ici n’avait rien de surprenant. L’hospitalité de Rama était pur et sans autre intention de loger cet étranger seul au monde.

Le soir, elle lui offrit une chambre. Il s’endormit rapidement, ravi de rattraper ses heures de sommeil de la nuit dernière. Mais dans la nuit, il fit de nombreux cauchemar. Il sentit son corps trembler de toute part.

Tant de choses se bousculait dans sa tête. Qu’allait t il faire maintenant ? Il ne pouvait pas retourner chez lui comme si de rien n’était !

Dans l'impossibilité de se rendormir, il sortit de son lit et attrapa la cruche que son hôte lui avait laissé plus tôt. Après avoir bu un peu, il se dirigea vers la petite fenêtre de pierre.

Dans le ciel noire, la lune et les étoiles brillaient de mille feux.
Son cœur se comprima face à la puissance de l’astre. Il pensa à sa famille, entre les murs de Hideaway, noyée par les néons multicolores. Jamais aucun de ses concitoyens n’avaient pu observer une voûte céleste aussi pure. Cette pensée lui tordit les tripes. Une larme glissa en silence le long de sa joue.
Il aurait tant voulu que sa mère voit ça. Cette atmosphère de paix, loin du monde aseptisé de Hideaway.

Il se promit de la ramener ici, quelque en soit le prix.

Bravo pour ton texte ! Il est bien rythmé, plaisant à lire, tu écris bien. Juste des pettes choses à revoir :


priant en lui-même : bizarrement dit. Priant tout court aurait été bien, ou silencieusement à la limite


climat planétaire avait brusquement augmenté. : un climat ne monte pas, il change par ex



L’éclat opalin de l’animal se reflétait dans ses iris bleutés.: bizarrement dit, c'est l'éclat de l'animal qui se reflète dans les yeux de Naël ?



il s’impatientait d’annoncer : il avait hâte d'annoncer



Ils arrivèrent enfin à destination.: un peu rapide le "enfin" alors qu'ils sont partis la phrase d'avant



Enfin, question : Pourquoi ne peut-il pas revenir chez lui comme si de rien n'était ?


Merci pour ta participation !