Embrouille d'archéologues

Texte fini sur le 'Martatin!" on peut pas faire mieux! Bonne lecture!  

Thalia contemplait l’immensité vide qui s’étalait à perte de vue devant elle. Du sable, beaucoup de sable. Quelques rares pierres. Puis encore du sable. Toujours du sable. Cela ne faisait que quelques heures et elle n’en pouvait déjà plus du sable. La chaleur accablante du soleil au zénith lui donnait l’impression que les moindres pigments exposés de sa peau prenaient feu. La jeune femme réajusta son châle, vissa son chapeau fermement sur son crâne. Et cette sensation d’avoir des flammes jusqu’au creux de la gorge… La moindre inspiration d’air brûlant s’apparentait plus à de la vapeur qu’à un réel oxygène salvateur.

A force d’essayer de trouver son chemin dans cet environnement qui se répétait à l’identique sur des kilomètres, Thalia était saisie de vertiges. De violentes crampes lui meurtrissaient les tripes et une puissante migraine lui vrillait les tempes. Elle avait soif. La jeune femme se saisit de la gourde accrochée à sa ceinture et la porta à ses lèvres, renversant la tête en arrière. Sauf que cette fois-là, pas une seule goutte d’eau tiède ne vint humidifier sa bouche asséchée. Elle réitéra son geste, soudain inquiète. Le constat fut sans appel. La jeune femme se retourna, tremblante de colère. Dans son sillage, à quelques mètres derrière elle, son compagnon de voyage s’échignait à lire une carte déchirée à plusieurs endroits et soufflait comme un bœuf, le front luisant de transpiration.

« Tu veux une bonne nouvelle, Merwan ? Lui cria-t-elle, furieuse. Je n’ai plus d’eau ! Plus une goutte ! Rien ! »

Pour illustrer ses propos, elle lui lança la gourde vide. L’objet atterrit aux pieds du jeune homme qui manqua de trébucher dessus tant il était absorbé dans sa lecture. Le dénommé Merwan leva les yeux de sa carte de fortune avec un étonnement feint qui ne manqua pas d’agacer sa compagne.

« Déjà ? »

Thalia fondit sur lui, prête à le gifler. Ca n’avait pas suffi à cet imbécile de se mettre à boire toutes les maigres réserves d’eau qu’ils avaient pu se constituer, il fallait encore qu’il ait l’audace de se payer de sa tête !

« Oui, déjà, crétin ! Tu as vu ce que tu as laissé dans ma gourde ? Combien de temps espérais-tu que ça tienne ? Des jours ? »

Merwan fit la sourde oreille. Avec la lenteur d’un escargot sous Xanax, il défit les sangles de son sac à dos pour se mettre à inspecter l’intérieur. Thalia, à bout de patience, le lui arracha des mains. Au fond du sac, elle compta une unique gourde pleine et quelques maigres rations de biscuits secs. La plupart de ceux-là étaient d’ailleurs réduits en miettes. Elle trouva encore deux barres protéinées et surtout, des rouleaux entiers de billets de banque dont elle ignorait totalement la provenance. L’atmosphère déjà tendue devint tout à coup électrique. Thalia exhiba les liasses les unes après les autres devant un Merwan apathique qui évitait de croiser son regard, fasciné par un gros rocher non loin.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Fulmina-t-elle. D’où sort cet argent ? Et où sont nos provisions ? Où sont nos armes ? Explique-toi, et tout de suite !

Piqué au vif, le jeune homme lui accorda enfin un soupçon d’attention. Il lui reprit les billets pour les remettre dans le sac, tel une mère protégeant ses petits.

« J’aurais bien voulu vous y voir, docteur Kanaan ! J’ai dû improviser ! Vous pouvez dire merci à vos rivaux de l’académie d’archéologie ! Ce sont des vrais malades, ces types-là ! Ils nous ont attaqués avec des flingues, vous n’avez quand même pas oublié ? Ils ont même failli vous tuer !
- Tu dramatises, Merwan ! Ne change pas de…
- Je dramatise ? Vraiment ? Beugla-t-il. Comment appelez-vous des types qui surgissent de nulle part pour vous braquer un canon sous le menton et vous forcer à renoncer à trouver une pyramide égyptienne qui date de mon cul sans la moindre espèce de remord ?
- Ça fait partie du métier. Quand on est une archéologue renommée, il faut s’attendre à ce genre de complications.
- Oui, eh bien ça, vous auriez pu le préciser avant de m’engager comme guide ! Ronchonna Merwan. Je suis pacifiste moi, bordel ! Vous ne vous rappelez pas de la suite parce que votre pote-là, il vous a mis un grand coup sur la tête et vous avez perdu connaissance ! Moi, j’ai dû me débrouiller sans vous et je vous ai sauvé la vie ! Ils nous avaient tout pris ! J’ai dû vendre les armes pour nous acheter une jeep et c’est grâce à moi qu’on l’a atteint, le désert ! Quant aux provisions, ça ok, j’avoue, ce n’était pas malin. Mais quand j’angoisse, j’ai des crises de boulimie c’est comme ça ! Et quand vous êtes enfin revenue à vous, c’est encore moi qui…

Le jeune homme fut forcé de s’interrompre quand la main de Thalia se plaqua sur sa bouche.

« Chut ! Lui intima-t-elle, recouvrant ses protestations étouffées. Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? »

Merwan cessa brutalement de geindre. Les deux compagnons de voyage tendirent l’oreille. Un sifflement insistant semblait se rapprocher d’eux. Le jeune homme bondit soudain en arrière, entraînant Thalia qui perdit l’équilibre et s’écroula dans le sable. Il la releva aussi vite que si elle s’était trouvée dans bain de lave en fusion.

« Mais enfin, qu’est-ce qui te prend ?
- Là, docteur Kanaan ! Là ! Hurla-t-il, paniqué. Un serpent ! »

"Avec la lenteur d’un escargot sous Xanax", ça m'a fait exploser de rire !

Texte super fun et qui se lit vachement bien, en tout cas !

Super ton texte et prenant (catching), on a envie de connaître la suite

Merci à vous deux pour vos retours

L'escargot sous Xanax j'avoue, j'en suis un peu fière j'ai rigolé aussi en l'écrivant

Les gens surestiment le Xanax : donne-lui plutôt du Lexomil xD
C'était fort plaisant ma bonne dame ! J'aime bien les engueulade et on ressent un peu le rapprochement avec Le Simulacre, avec cette rivalité académique En tous cas, je l'ai ressenti comme ça ^^

Coucou !

Très sympa ton texte, c'est fluide à la lecture

"- Oui, eh bien ça, vous auriez pu le préciser avant de m’engager comme guide ! Ronchonna Merwan. Je suis (...)" ce dialogue-là est peut-être un peu long, je trouve que ça casse un peu le rythme. Mais ce n'est que mon avis ^^
Le reste est très bien, bravo

Trop cool ton texte, la dispute rend la scène vraiment dynamique !
Juste une petite remarque, dans la première phrase, lorsqu'il s'agit d'un paysage, je me demande si on n'utilise pas plutôt "s'étendait", au lieu de "s’étalait"

Bravo pour cette histoire ! C'est super bien écrit, et la dispute donne vraiment vie au texte ! J'aimerais beaucoup pouvoir lire la suite  

"Avec la lenteur d'un escargot sous Xanax" j'adore    

Juste un petit détail qui m'a semblé étrange : "La moindre inspiration d’air brûlant s’apparentait plus à de la vapeur qu’à un réel oxygène salvateur." Pour avoir de la vapeur, il faudrait de l'eau, non ? Ca me parait à l'opposé de la sècheresse du désert en plein jour. Et pour parler de la sensation d'étouffement qu'on peut éprouver en respirant dans un milieu très humide/tropical (avec beaucoup de vapeur, pour le coup), je sais pas si ça fait une sensation semblable à celle causée par de l'air brûlant. Bref, je chipote, désolée, mais c'était juste pour dire que la comparaison avec de la vapeur me paraissait bizarre dans ce contexte désertique.

Un point m'intrigue particulièrement : d'où il vient, tout cet argent ? Il lui en reste autant après avoir acheté la voiture ? Combien d'armes ils avaient à vendre ?    Ou alors Merwan cache quelque chose ? (oui je suis totalement prête à partir dans des théories de trahisons potentielles   )

"Avec la lenteur d’un escargot sous Xanax" J'adore !

J'aime beaucoup le côté dramatique du premier paragraphe qui tranche avec le côté fun et dynamique des dialogues. Je m'attendais pas à ce que ça parte sur quelque chose d'un peu humoristique et j'ai été agréablement surprise.

Un grand bravo !

J'apprécie beaucoup le texte, le premier paragraphe est très imagé et on ressent même le sable. Le tout est très cohérent. Perso, je te trouve bien meilleur(e) en description qu'en dialogue. Même s'ils sont bon, y a un cran net au-dessus niveau descriptif ! Bravo :-D

Coucou ! J'ai adoré ton texte, vraiment j'étais morte de rire tout le long ! Ces deux-là forment vraiment un duo du tonnerre ! Ta plume est fluide, et tu maîtrises parfaitement la 3e personne. Voici quelques remarques que j'ai faites au cours de ma lecture (oui, comme sur Wattpad où les lecteurs commentent dans le corps du texte xD) :

"Thalia contemplait l’immensité [...] La moindre inspiration d’air brûlant s’apparentait plus à de la vapeur qu’à un réel oxygène salvateur." je trouve que tu pourrais aérer le paragraphe pour rendre la lecture plus fluide

"De violentes crampes lui meurtrissaient les tripes et une puissante migraine lui vrillait les tempes" manquerait plus qu'elle ait ses règles en plein désert, quelle horreur!

"Pour illustrer ses propos, elle lui lança la gourde vide. L’objet atterrit aux pieds du jeune homme qui manqua de trébucher dessus tant il était absorbé dans sa lecture. Le dénommé Merwan leva les yeux de sa carte de fortune avec un étonnement feint qui ne manqua pas d’agacer sa compagne." Oh là, la tête à claque je l'aime déjà pas

"il fallait encore qu’il ait l’audace de se payer de sa tête !" ce petit bout de phrase est un poil long, ^^

"J’aurais bien voulu vous y voir, docteur Kanaan ! J’ai dû improviser !" C'est ça Merwan, et mon c*l c'est du pouler ?

"J’ai dû vendre les armes pour nous acheter une jeep et c’est grâce à moi qu’on l’a atteint, le désert ! Quant aux provisions, ça ok, j’avoue, ce n’était pas malin. Mais quand j’angoisse, j’ai des crises de boulimie c’est comme ça ! Et quand vous êtes enfin revenue à vous, c’est encore moi qui…" Oh mon dieu j'ai envie de lui faire un câlin alors qu'il y a 3 sec je pensais que c'était une tête à claque ! Le pauvre !

« Mais enfin, qu’est-ce qui te prend ?
- Là, docteur Kanaan ! Là ! Hurla-t-il, paniqué. Un serpent ! » quoi c'est tout ? Où est la suite ? Je veux une saga entière de bébou Merwan qui doit toujours rattraper les bévues de Thalia la grincheuse

Merci beaucoup pour ton texte !

Bravo pour ton texte ! Il se lit bien, bon style, bon rythme, les dialogues sont bien et la scène est bien développée. Juste : 


donnait l’impression que les moindres pigments exposés de sa peau prenaient feu. : je ne pense pas que ça se dise les "pigments" qui brûlent.


La moindre inspiration d’air brûlant s’apparentait plus à de la vapeur qu’à un réel oxygène salvateur. : un peu lourd



Merci pour ta participation !