Les amoureux de la jetée

Il pensa à la dernière conversation avec elle, et à son dernier texto, qu’il avait relu cent fois.

« A bientôt mon cœur ».

Ce souvenir le mit en joie. Un sourire illumina son visage. Ce fut comme un réflexe qui ne pouvait pas retenir. Il regarda son téléphone. Aucun message depuis hier qui pour lui parut une éternité.

Ne tenant plus en place, il passa la matinée à ranger sa maison. Chaque pièce chez lui la ramenait à elle. Fatigué, il s’installa dans le confort moelleux de se son fauteuil, et lut un livre. Le thé chaud au jasmin embaumait la pièce. Il but une gorgée de thé qui l’apaisa. Je ne suis pas allé voir mon courrier, pensa-t-il. Il découvrit dans sa boîte aux lettres un mot.

« Je suis sur la plage près de la jetée, rejoins-moi ». C’était elle.

Son cœur battit la chamade. Il ne pouvait plus s’entendre penser. Après avoir pris une grande respiration, il enfila son blouson. Claqua la porte. Et couru en direction de la plage. Ses pieds se dérobèrent sous le sable. Il manqua de tomber. Le cœur léger, il courut encore plus vite et eut l’impression de voler au-dessus du sable.

La plage était déserte. Le vent soufflait dans ses cheveux. Au loin, il distingua une silhouette qui bougeait son pied sur le sable. Il galopa de plus belle et distingua, au fil de sa course, des cœurs dessinés sur le sable. Les vagues les effaçaient à chaque passage. Il les suivait et arriva devant elle. Essoufflé, il ne put parler.

— Tu vois je suis venu, minauda-t -elle d’un air mutin avec le vent dans les cheveux qui lui faisaient une traîne.

Il rêva de cette rencontre, mille fois. Mais il ne s’était jamais imaginé, plier en en deux et cherchant sa respiration dans un bruit d’ours. Son regard gêné, et attendri par la présence de sa belle le rendait encore plus touchant à ses yeux. Après avoir repris sa respiration, il essaya de trouver des mots intelligents.

— Tu as trouvé facilement ? demanda-t-il.

À peine, cette phrase terminée, qu’il se trouva idiot. Le rouge lui montait aux joues. Il manqua d’air et sa vue commença à vaciller. Le chant des mouettes le ramena sur terre. Il ne devait pas perdre connaissance, pensa-t-il. Surtout pour un premier rendez-vous.

— Oui. Tu as tellement bien parlé de ta région, de tes balades sur la plage, qu’il m’était difficile de ne pas trouver. Et cela aurait été dommage, murmura-t-elle.

Ses yeux n’arrivaient pas à se détacher de lui, de son beau regard si envoûtant. Même si elle ne montrait pas ses sentiments, elle partageait son état d’esprit du moment. Ils étaient bien faits l’un pour l’autre, pensa-t-elle. Pour une première rencontre, elle eut le sentiment de l’avoir toujours connu.

— Je suis heureux de te voir. C’est une belle surprise. Allons sur la jetée, la vue est incroyable.

Il lui tendit son bras qu’elle saisit. Ils avancèrent tout doucement, tout en s’envoyant des œillades et des sourires complices. Il tenait sa main et arriva à sentir son pouls. Une remarque le troubla encore plus, leur de cœur battait au diapason. Il l’aida à se hisser sur le ponton. Elle glissa. Il essaya de la rattraper, et dans le mouvement, ils s’embrassèrent. Leurs lèvres furent soudées dans un baisé. Il ne faisait plus qu’un.
Il s’était trouvé.