La painpauté
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carlouche (10h32am)
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Date d'inscription : 26/02/2023

Les Soleils Couchants Empty Les Soleils Couchants

Dim 26 Fév - 16:03
Coucou, voici mon texte de l'atelier d'écriture. Bon courage !!


  — Elles sont jolies tes mains. Tu pourrais mettre la gauche sur ta hanche ? Non, pas comme ça, plutôt sur le côté.

  Calixe me fixait avec malice, son crayon à bois entre les dents. D’un geste vif, un pinceau glissait sous ses doigts et esquissait les contours de mon corps. Mon corps. Jamais ce matin je n’aurais imaginé poser nue pour elle, seule à seule, dans la salle d’art alors que l’université avait fermé ses portes depuis plus d’une heure.

  L’air sentait l’acrylique. Je comprenais enfin d’où venait cette effluve chimique que je respirait lorsque Calixe s’approchait trop près de moi.

  En cours de littérature du XIXe siècle, retardée par les transports capricieux, je m’étais assise à côté d’elle. Il n’y a plus de place ailleurs, m’étais-je justifiée, tout en glissant mon regard sur les sièges vides devant moi. Cela n’avait pas dérangé Calixe. Lors du travail de groupe, elle s’était tournée vers moi et m’avait détaillé l’intérêt d’utiliser un crayon gras pour les croquis au lieu d’analyser les rimes de Verlaine. Quand le cours s’était terminé, mon esprit ne pensait qu’à l’invitation que Calixe m’avait lancée. Viens ce soir à vingt heure dans la salle d’art. Je te montrerai.

  — Je t’ai vue écrire des poèmes, tout à l’heure en classe, me fit-elle remarquer, entre deux coups de crayon. Tu as arrêté quand tu t’es aperçue que je te regardais, pourquoi ?

 Je déglutis.

 — Je réécrivais à ma façon les Soleils Couchants, de Verlaine.

  — Montre !

  — Je n’ai pas mon carnet sur moi, mais je peux tenter de m’en souvenir.

  — Je t’écoute.

 Ma bouche s’ouvrit, et il me fallut un bref raclement de gorge pour dissiper l’appréhension.

  — Feu de forêt,
Ma Prométhée, mon amant
Tu ris de ta vie
Aux soleils couchants.

La mélancolie
Berce de mille couleurs
Mon coeur ma folie
Aux soleils couchants.

Ciel rouge pourpre broussailles
Il me suffit d’une braise
Sur ton visage vermeil
Aux soleil couchants.

Tu défiles, pareils
Pareils à des grands soleils
Soleils grimpant sur les grèves.
Les soleils couchants

  Calixe avait arrêté de dessiner. Nul besoin de chercher son visage, je savais qu’elle avait compris que les vers parlaient d’elle. Je m’attendais à ce qu’elle soit gênée, mais elle m’informa seulement :

  — J’ai terminé mon premier croquis. Tu peux changer de position.

  — Laisse-moi trente secondes pour m’étirer.

  — Prends ton temps, Sol.

  Mes joues chauffèrent et je m’empressai de m’étirer le cou pour camoufler ma confusion. C’était la première fois qu’on me surnommait ainsi, et je trouvai cela adorable. Mes épaules et mes hanches s’étirèrent. Je m’adressai à Calixe d’une petite voix, alors que je reprenais conscience d’avoir laissé tous mes vêtements en tas sur le sol :

  — Tu veux me dessiner comment ?

  — Debout, croise les jambes, lève un bras, mais de manière molle, comme si tu étais fatiguée et pose ton autre main sur l’épaule inverse, la tête et le regard vers le bas.

  J’obéis à sa description et oublia à nouveau que j’étais nue. En temps normal, cela m’aurait horriblement gênée, mais Calixe avait une présence rassurante.

  — Est-ce que tu peux positionner ta paume gauche comme tout à l’heure, mais au niveau de ton autre épaule ?

 Mes membres tâtonnèrent pour trouver la position attendue, sans succès. Calixe se leva de son tabouret et m’attrapa le bras pour le placer avec justesse. La proximité de nos deux corps et de nos doigts entrelacés me firent réprimer un soupir. J’aimais la manière dont sa main glissait dans la mienne.

  Par réflexe, je me tournai vers elle. Elle ne fit aucun commentaire me demandant de ne pas bouger et se contenta de se hisser sur la pointe des pieds pour écraser ses lèvres aux miennes.

  Mon coeur explosa.

  J’avais la respiration coupée et n’osait pas reprendre mon souffle par peur de briser l’instant. Je sentais les gerçures de Calixe contre les miennes, regrettant de ne pas avoir mis de baume à lèvres de la journée. Cette pensée se perdit dans les autres. Des mains pleines de peinture s’étaient posées sur mes joues brûlantes.

  Je me forçai à me détendre et glissa mes doigts dans ses cheveux. Lorsque nous nous écartâmes, je soufflai :

  — Désolée, j’embrasse très mal.

Calixe posa sa main sur ma joue, un sourire au coin des lèvres.

  — Tu es le meilleur premier baiser que je n’ai jamais eu.

Yoomise et mllegaffie aiment ce message

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Les Soleils Couchants Empty Re: Les Soleils Couchants

Ven 24 Mar - 16:49
Hello !
Bravo pour ton texte, il est vraiment chouette. C'est bien écrit, bien rythmé, original. On ressent l'ambiance de ce rendez-vous, dans cette salle, à travers le texte.

Nul besoin de chercher son visage, je savais qu’elle avait compris que les vers parlaient d’elle.

Mes épaules et mes hanches s’étirèrent. : redondant avec la nuque juste avant

alors que je reprenais conscience : se dit quand on se réveille mais pas dans ce sens-là.

Merci pour ta participation !
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