Le rendez-vous manqué, où pas.

Capucine balaya du regard la salle bondée du café pourtant elle n'y reconnu pas le visage qu'elle guettait. Dépitée elle plissa le nez tandis qu'elle vérifiait une dernière fois la photo sur son téléphone. Il devrait pourtant être déjà là, peut-être aurait-il un peu de retard.
Elle-même avait veillé à arriver quelques minutes après l'heure convenue, histoire de ne pas être la première à ce drôle de rendez-vous. Surement avait-il décidé de faire la même chose. Tout à ses pensées elle avisa une petite table libre près du comptoir. Elle s'y dirigea d'un bon pas, rassurée à l'idée de ne pas poirauter debout plus longtemps. Dans son empressement elle tamponna distraitement le serveur.
— Oh pardon, je ne vous avais pas vu.
L'homme ne prononça pas un mot mais au tangage du lourd plateau chargé de vaisselle sale elle comprit que le pire venait d'être évité.
Une fois son aplomb retrouvé il posa ses yeux sur elle. Des yeux rieurs qui illuminaient son visage et lui donnaient un air très sympathique.
— Je ne vous avait pas vu non plus, souffla-t-il visiblement soulagé d'avoir tenu le cap avec son plateau, vous cherchez quelqu'un ?
— Euh, oui, il va arriver je vais m'installer là.
Elle avait désigné la table sans pour autant le quitter des yeux. Cet homme avait un beau visage et à bien y regarder, son allure générale n'était pas en reste. Mais elle n'était pas là pour s'extasier sur le serveur, elle avait rendez-vous avec un inconnu rencontré sur un site. C'était la première fois qu'elle faisait ce genre de chose. Une appli de rencontre, cela lui semblait vraiment la chose la moins romantique du monde, un vrai stand de supermarché. Cependant, après plus d'un an de célibat et le constat évident que sa vie amoureuse était au point mort elle s'était résolue à en passer par là. Comme disait sa grand-mère : à la guerre comme à la guerre !
Le serveur charmant était toujours là et soudainement elle se sentit un peu potiche de le lorgner comme cela, la bouche ouverte.
— Je vais prendre un café, s'il vous plait.

Tandis qu'il préparait le fameux breuvage devant le percolateur il ne put s'empêcher de se contorsionner pour mieux la voir. Elle devait avoir à peu près son âge et ses longs cheveux blonds avaient tout de suite attiré son regard. Maintenant qu'il la voyait immobile à sa table il apprécia son visage clair et symétrique, ses pommettes hautes. Lorsqu'elle l'avait bousculé quelque instant plus tôt il s'était d'abord concentré sur son plateau, ah la catastrophe s'il l'avait renversé ! Mais aussitôt après il avait lorgné ses traits et malgré son teint blême et crispé à ce moment-là elle était jolie à croquer. Puis, prenant conscience de sa bévue elle avait mordillé sa lèvre inférieure avec sa petite canine blanche. Un signal d'alerte avait résonné dans sa tête et son sang n'avait fait qu'un tour dans ses veines, tu dois lui parler !

Lorsqu'il apporta le café, il s'assit en face d'elle. Elle haussa les sourcils mais le laissa faire.
— Je viens de finir mon service, déclara-t-il d'une voix un peu plus aigüe qu'il ne l'aurait voulu, comme j'ai l'impression que votre rendez-vous ne viendra pas, je propose de vous tenir compagnie.
En temps normal elle aurait dit non ou elle aurait soupiré d'un air las. Mais une force invisible la maintint sur sa chaise et lui cloua le bec. Son corps un peu raidi par la surprise se détendit et s'affalant un peu plus en avant sur la table elle plaça une main sous son menton.
— Je m'appelle Capucine, annonça-t-elle ravie.
Bon sang, une fille comme elle ne devrait jamais arrêter de sourire, c'était comme si l'été en personne venait de débarquer dans ce bistrot gris et tristounet.
— Moi c'est Lucas.

Les premières platitudes échangées ne changèrent rien à l'affaire. La conversation couvrit bientôt les bruits ambiants du café et au fur et à mesure chacun se dévoilait. Il la trouvait mignonne et drôle. Ce qui de son point de vue était une combinaison plutôt rare.
Il voulait lui plaire mais sans en faire trop. Aussi tenta-t-il de contrôler le flot de paroles qui trahissait sa nervosité. C'était difficile. Tout en la fixant d'un regard avide, il croisait ses mains moites et tentait d'oublier les pulsations sur ses tempes. Elle est pour moi. Il se sentait comme un assoiffé découvrant une cascade d'eau pure.
— Et donc tu es passionné d'histoire ? résuma-t-elle amusée.
— Oui le travail de serveur, c'est juste pour payer le loyer, je suis en train d'écrire une thèse sur les romains, plus particulièrement sur la chute de Rome en 476.
Elle le dévisageait béate.
— Tu savais que le mot travail en latin signifiait torture ?
Non elle ne le savait pas. Mais c'était passionnant. Il était passionnant. Son café était bu depuis longtemps et pourtant ils restèrent là à parler et à rire de tout et de rien pendant un long moment encore. Capucine notait tous les détails de ce jeune homme très séduisant. Ses boucles brunes qui caracolaient dans tous les sens, les petites rides au coin de ses yeux à chaque sourire et cette fossette à tomber à la renverse. Pourquoi la nature s'évertuait-elle à créer de telles fossettes si ce n'était pour faire se pâmer les filles ? Elle avait remarqué son tempérament doux quand spontanément il s'était levé pour aider une dame âgée à gagner sa place. Son bras avait alors frôlé le sien et un frisson bien singulier l'avait parcourue de la tête aux pieds.
Raide dingue de lui. Voilà ce qui résumait au mieux son état d'esprit quand son téléphone sonna.
— Oh non, c'est mon alarme je dois partir j'ai un cours à 17h.
La phrase sonna comme une sentence, entrainant un silence gêné. Lucas lui sourit en penchant la tête.
— Demain même heure ?
Ah cette fossette ! pensa-t-elle en s'arrachant à sa chaise.
— Je serais là Lucas, assura-t-elle d'un ton soudain plus sérieux, et après-demain aussi.

Coucou, j'aime beaucoup le retournement de situation . Elle est aller dans un bar pour rencontrer un mec d'un site de rencontre et finalement, elle tombe amoureuse d'un autre 🤭.
J'avoue avoir été perdu face au changement de point de vue en plein chapitre, mais au moins tu as sauté des lignes exprès.

Sinon petit détail, mais je trouve que certaines de tes phrases sont un peu longue sans virgule. Du genre : "Tandis qu'il préparait le fameux breuvage devant le percolateur il ne put s'empêcher de se contorsionner pour mieux la voir."
J'ai beau essayer de lire la phase à l'oral, j'ai besoin de prendre une pause^^'.

Bonjour Mimisth et merci pour ton retour !

Effectivement la phrase dont tu parles est un peu longue sans virgule et puis à la relecture, je me dis que le mot percolateur est un peu lourd

Hello ! Bravo pour ton texte. Il est bien écrit, bien rythmé. Personnages bien utilisés.

pourtant elle n'y reconnu pas le visage qu'elle guettait. : sans reconnaître le visage qu'elle guettait ? Je trouve le "n'y" un peu trop lourd

mais au tangage du lourd plateau : un peu lourd/pas terriblement dit

il apprécia son visage clair et symétrique : le tchat dit que ça dépend de la personnalité du personnage, mais je trouve quand même un peu bizarre de remarquer ça

Merci pour ta participation !

Bonjour à tous et merci pour vos retours
C'était ma première participation et je trouve ça vraiment sympa ces ateliers,
à bientôt pour le prochain.


NB: tout à fait d'accord sur l'utilisation du mot symétrique que je trouve extrêmement bizarre aussi, je sais pas comment il m'a échappée à la relecture celui-ci