De chair et de fer

Les boucles métalliques de mes bottes cliquetaient sur le bitume à chacun de mes pas, en rythme avec le couinement de mes semelles en caoutchouc dans les flaques. La pluie battait violemment sur ma capuche et ruisselait sur mon imper, s’infiltrant à de rares occasions dans les jointures de mon bras mécanique. Elle engorgeait la moindre aspérité de la route abîmée et débordait des caniveaux. Les bouches d’égout l’engloutissaient bruyamment d’une insatiable soif.

Au dessus de moi le néon d’un bar grésillait et clignotait cycliquement d’un bleu néon presque blanc, perdu dans la fumée d’une cheminée qui provenait des cuisines. Les effluves de graisse brûlée et de viande reconstituée vinrent me chatouiller les narines. À mieux y regarder, les toits étaient constellés, à perte de vue, de ces bouches qui crachaient leur exhalaisons grisâtres. La ville semblait en permanence baignée de nuages. Le passage éclair du train aérien souleva ces brumes en un tourbillon.
À l’abri sous les rails, des miséreux réchauffaient leur doigts crasseux au dessus d’un vieux baril de la marque « B-YOND MEAT » dans lequel brûlaient de vieilles ordures baignées de détergent. L’air lourd me serra la gorge. Un des vagabonds, son bonnet incolore vissé sur ses cheveux gras me fit signe de les rejoindre, une chope rouillée à la main. Je pressai le pas dans la direction opposée. Chaque flaque, saturée de boue et de sang, reflétait insoucieusement les péchés de cette cité.

Dans une impasse à ma droite, une vive lumière rouge m’accrocha la rétine, dans un petit renfoncement, au travers du brouillard nocif, une androïde honorait trois hommes d’âge mûr de ses voluptueuses courbes artificielles, ses mains s’agitaient dans un mouvement de va-et-vient frénétique devant son visage souillé inexpressif. À quelques mètres d’eux, un jeune homme assoupi de son dernier sommeil, son pantalon sur les chevilles, servait de lit de fortune à tout une foultitude de vers et de cancrelats. Un haut le cœur me souleva l’estomac et je régurgitai sur la chaussée un torrent informe et mousseux.
Appuyé sur le rebord d’un distributeur automatique de confiseries je reprenais lentement mes esprits. Une sirène tonitruante réveilla un acouphène dans mon oreille gauche. La brigade détachée du maintien de l’ordre traça à vitesse folle dans la rue au volant d’un imposant camion de dispersion d’émeute, éclairé par les nombreuses enseignes lumineuses. Ses roues crissaient à chaque virage. Le véhicule acheva sa course effrénée dans un pilier du train aérien. Quatre individus casqués en sortirent, matraques à la main, et fondèrent sur moi comme un seul homme. L’un deux agrippa solidement l’émetteur radio accroché à sa taille.

Sans le savoir ses derniers mots furent : « Ici unité 4, le suspect à été appréhendé ! ».

J'aime beaucoup le passage avec l'androïde qui honore trois hommes d'âge mûr en même temps LUL

Du grand art ce petit texte ! J'aime bien l'allusion de fin aussi ^^ et tout ce côté bien dégueulasse !

Ah j'étais pas prête pour l'androïde, c'était génial Je trouve ta narration très bien construite et tes phrases vraiment magnifiques. J'avais vraiment l'impression d'être plongée dans un roman, c'était bluffant ! Tu as bien posé l'ambiance j'avais trop envie de continuer, dans ce même ton à la fois hyper glauque et hyper sale x) Bravo Tanuki, tu as vraiment bien géré

Coucou ! Je crois que c'est la première fois que je lis un de tes textes ^^
Tes descriptions sont super, le vocabulaire est parfait, j'ai bien ressenti l'ambiance sale et sordide de la ville. Un grand bravo !

Hello !
Du bon vocabulaire, de la recherche dans le style, mais je pense que parfois tu en fais un peu trop et que tu nuis au rythme de la phrase.

à de rares occasions : détail en trop

grésillait et clignotait cycliquement : détail en trop

, à perte de vue, : détail en trop

insoucieusement : momoche

Dans une impasse à ma droite, une vive lumière rouge m’accrocha la rétine, dans un petit renfoncement, au travers du brouillard nocif, une androïde honorait trois hommes d’âge mûr de ses voluptueuses courbes artificielles, ses mains s’agitaient dans un mouvement de va-et-vient frénétique devant son visage souillé inexpressif. : beaucoup trop long, on passe limite à côté de l'info. Pas de rythme du coup.

Merci pour ta participation !