L'éclosion

Premier défi pour moi ! Petit stress, d'autant que j'ai pas l'impression de répondre correctement à la consigne...


La brise fraîche sur mes ailes me tire un soupir d’aise. Je m’étire, et m’enivre du parfum de pollen qui embaume l’air autour de moi. Je m'assieds au bord du pétale de la fleur qui m’a accueilli pour la nuit.

J’observe les premiers rayons du soleil illuminer les perles de rosée sur mes vêtements végétaux et sur les herbes autour de moi. Dans la clairière, je vois d’autres fées sortir leur tête des fleurs qu’elles ont choisies pour la nuit, certaines me saluent, mais aucune de nous ne parle. Nous savourons ce silence.

Une abeille s’approche de moi et je m’écarte pour lui laisser la place en la gratifiant d’un grand sourire. Je m’élance en bourdonnant à mon tour, et ne résiste pas à jouer un peu avec le vent frais. Une fois à plusieurs mètres du sol, je contemple le champ dans lequel j’ai dormi. Dans quelques minutes, il sera rempli des couleurs de centaines de fleurs.

Pour l’instant, les bourgeons se balancent au gré du vent. Je vois certaines autres fées voleter autour de moi, tandis que d’autres prennent leur place auprès des groupes de bourgeons prêts à éclore. Je me dirige vers la zone qui m’est attitrée depuis des années dans un battement d’aile, en tourbillonnant avec un papillon.

Lorsque le soleil ne sera plus masqué par la montagne des murmures, et qu’il apparaîtra parfaitement rond au-dessus du pic de l’éveil, l’éclosion commencera.

Je passe ma main sur les bourgeons dont j’ai la charge, ils sont gonflés et n’attendent que le dernier accord du soleil pour libérer les enfants. La lumière envahit progressivement la vallée, et je sens l’énergie de mes sœurs qui pulse jusque dans mon ventre. Les minutes s’écoulent, et je parle à tous ces bourgeons, pour les rassurer. Je fais attention à n’en oublier aucun, mais je m’attarde en particulier sur ceux qui tremblent plus que les autres. Je les caresse, leur murmure la beauté de la vie, leur assure que je prendrai soin d’eux, qu’ils pourront toujours compter sur leur marraine.

Enfin le soleil se découvre. Un bruissement de lumière traverse la vallée. La terre et les herbes se mettent à chanter dans une langue oubliée depuis des siècles par les peuples de la forêt. Ils oscillent en musique, entraînés par le vent qui leur bat la mesure, et les font chanter à l’unisson.

Les bourgeons remuent, certains emprunts d’impatience, d’autres plus timidement. Je me précipite vers celui qui s’ouvre le plus vite. Je pose mes mains sur l'ourlet de ses feuilles et les caresse en joignant ma voix à celles des herbes.

– Viens, rejoins mon doux murmure, Nous t’offrons la vie du peuple des fées. Joins toi à nous, nouveau né, embrasse la joie de la nature.

Toujours cette phrase. La phrase que j’ai entendue des siècles plus tôt, lors de mon éclosion. Moi qui étais tétanisée, paralysée par la crainte. Je m’étais laissé guidée par ce chant, sans plus aucun doute.

Une frimousse apparaît devant moi. Mon premier filleul baille à s’en décrocher la mâchoire et je l’aide à s’extirper des nombreux pétales de pivoine dans laquelle il s'emmêle les pieds.

- Bienvenu, je vais aider tes frères et soeur à naître, ensemble nous vous choisirons un nom.
Il ne parle pas encore, et hoche la tête, les yeux toujours remplis de sommeil, affalé dans les pétales de la fleur ouverte.

Je poursuis de la même manière avec un magnolia, un tournesol, un autre pivoine et une grosse marguerite, en m'efforçant d’accueillir les nouveaux membres de notre peuple avec la douceur que j’ai reçu lors de mon réveil.

Je me retrouve finalement devant un Lys clos. C’est la dernière fleur dont j’ai la charge, et elle ne bouge pas. J’hésite quelques secondes. Un coup d'œil m’indique que tous mes nouveaux nés m’observent. Je plaque mes jambes l’une à l’autre pour calmer leur tremblement, et m’avance prudemment vers la fleur. Quand je place ma main sur le pétale, je ne sens rien.

J’ai déjà entendu parler de fées mortes dans leur fleur. J’ai déjà vu des marraines pleurer jusqu’au coucher du soleil le jour de l’éclosion, après avoir fait cette si triste découverte. J’ai déjà entendu des pleurs poursuivre dans la nuit.

Je sens ma mâchoire se serrer, quoi que je trouve dans cette fleur, je ne dois pas laisser mes filleuls découvrir la vie par un moment trop triste. Je place ma seconde main sur l’autre pétale, et, armée de toute l’énergie et de tout l’espoir qu’il me reste, je chante.

– Viens, rejoins mon doux murmure, Nous t’offrons la vie du peuple des fées. Joins toi à nous, nouveau né, embrasse la joie de la nature.

J’aurai dû sentir un frémissement dans la fleur. N’importe quoi, juste quelque chose.

Rien.

Je chante, en vain. Alors je reprends mon souffle et agrippe le haut du pétale.
Je sens une main sur mon épaule. Une voix dans mon oreille.

– Je suis avec toi, Bergamote.

Ma marraine. Je retourne vers elle un visage sillonné de larmes. Ses yeux sont plus durs que jamais. Les feuilles et la terre ne chantent plus. Le vent a même cessé. J’ignore si le ciel se couvre ou si ce sont mes pleurs qui assombrissent ma vue. J’abaisse le pétale.

Je découvre un corps. Tout frêle, et tout froid. Ma marraine pose sa main dessus, je joins mon geste aux siens.

– Rejoins la terre et le vent, le ciel et la pluie.

J’ai prononcé les paroles rituelles en même temps qu’elle, dans le silence qui a englouti la vallée. Ma voix résonne à mes oreilles alors que le corps de la jeune fée à nos pieds scintille. Je sens les regards sur moi. C’est à moi de la baptiser pour qu’elle rejoigne la nature.

– Nous chanterons ton nom avec les étoiles. Adieu, Lys.

Alors le corps étincelle et des millions d’éclats s’en échappent. Une brise les attrape vers la montagne des murmures. Je sens mes jambes trembler.

– Je peux m’occuper de tes filleuls, Bergamote.
– Non. Non je vais le faire, je vais être là pour eux.

Ma marraine hoche la tête pendant que je me relève. Lys a rejoint la nature plus vite que la plupart d’entre nous. Elle n’aura pas souffert. J’adresse une caresse à la pauvre fleur qui n’a pas réussi à la maintenir en vie.

– Tu peux te reposer, je sais que tu as fait de ton mieux.

Elle frémit contre ma paume. Elle me transmet sa douleur, sa honte, et je la rassure d’une nouvelle caresse caresse.

– Je dormirai ici la nuit prochaine, si tu veux bien m’accueillir.

Nouveau frémissement, elle partage son soulagement. Un soulagement profond et intense qui me fait presque perdre pied. Je romps mon contact avec la fleur avant de m’effondrer devant tant d’émotion. Je me retourne vers le grand tournesol où se sont rassemblés mes filleuls. J’inspire pour retrouver un semblant de sérénité, pour retrouver mon bonheur lors du lever du soleil. Je pense à Lys, qui sera présente tous les matins, lorsque l’astre illuminera notre vallée. Alors je les rejoins.

– Je m’appelle Bergamote. Aujourd’hui, vous avez éclos. Nous allons vous trouver un nom.
– Que s’est il passé ?

C’est une jeune petite fée qui a pris la parole, elle a l’air si triste, un pli qui barre son front lui donne l’air vieille alors qu’elle vient de sortir de sa fleur. Mon rôle va être plus difficile que jamais.

– Lys n’a pas réussi à puiser la force de vivre avec nous. Elle est partie rejoindre la nature. Elle nous donnera la lumière et l’eau, le vent et la joie, et nous penserons à elle chaque fois que nous serons heureux.

Les fées choisissent alors leurs noms, mais celle qui m’a posé la question reste désespérément silencieuse. Je décide de la prendre à part pour lui parler.

– Dis moi, je suis là pour toi, dis moi ce qui t'empêche de choisir.
– J’aimerai..

La jeune fée agite ses longs cheveux prune. Elle se retourne vers le lys. Je sais ce qu’elle va me demander, alors je l’encourage en plaçant une main sur son épaule.

– Dis moi, tu n’as rien à craindre.
– J’aimerai m’appeler Lys.
– C'est un hommage magnifique, Lys. Bien sûr que tu peux porter ce nom. Portez le fièrement, avec bonheur.

La petite fée relève enfin son menton et me sonde, comme si elle doutait de ce que je lui disais. Finalement, elle m'agrippe contre elle et je lui rend son étreinte.

Jamais je n’aurai imaginé vivre une telle éclosion.

Bravo pour ton texte !

Ta fée est vraiment trop choupi ! On ressent toute sa gentillesse et ça bienveillance. Personnellement je trouve que tu rentres bien dans les règles de l'atelier !
Ton texte se lis super bien, j'ai vraiment ressenti le moment de douceur que représentait l'éclosion malgré sa petite dose de stresse

Quelques petites choses

"sur mes vêtements végétaux"  → fait de végétaux peut être ?

" dans un battement d’aile, en tourbillonnant avec un papillon."
→ Je vois l'image que tu veux donner mais peut être fallait-il développer un petit peu plus la dance avec le papillon , j'ai trouvé que c'était un peu abrupte la façon dont s'est amené

"J’ai déjà entendu parler de fées mortes dans leur fleur. J’ai déjà vu des marraines pleurer jusqu’au coucher du soleil le jour de l’éclosion, après avoir fait cette si triste découverte. J’ai déjà entendu des pleurs poursuivre dans la nuit"
→ De nouveau, je vois l'effet que tu veux donner mais ça fait un peu trop répétitif quand même , ça fait un peu lourd ( c'est mon avis après )

"je ne dois pas laisser mes filleuls découvrir la vie par un moment trop triste"
→ Un peu mal dit " découvrir la vie" ? peut être plus quelques choses qui montre qu'elle ne veut pas que les nouvelles fée affronte l'épreuve de voir une fée mort née

"Elle me transmet sa douleur, sa honte, et je la rassure d’une nouvelle caresse caresse." J'ai juste pas compris pourquoi la honte


En tout cas encore bravo ! Super scène sur un atelier que j'ai trouvé pas évident et en plus c'était ton premier !
Bravo j'ai beaucoup aimé ! ( ta fée est vraiment trop mignonne)

Avant toute chose, un grand merci pour ta réponse si complète ! Et pour tous tes bravos ! J’ai pas l’impression de les mériter :p
Mais ça me fait vraiment chaud au coeur, je suis contente que tu aies ressenti la gentillesse de ma petite fée et que tu l’aies trouvé choupi, pour moi aussi elle est toute choupinette !
Je suis eeeeentièrement d’accord avec les points que tu soulèves, j’en aurai même relevé d’autres :p Je suis arrivée pour la seconde partie de l’atelier, en gros j’ai eu moins d’une heure pour l’atelier et en vrai je pense que la longueur de ma scène était ambitieuse : j’ai paaas du tout eu le temps de relire.. Je suis un peu frustrée là-dessus, mais ça met en avant les bêtises que je peux écrire dans un élan d’inspiration ahah.

-“Sur mes vêtements végétaux" je voulais éviter la répétition des pétales de fleurs, parce que je l’imaginais dans des vêtements de fleurs et de feuilles. D'où ma formulation chelou… Je pense que ta proposition marche mieux oui merci
-Pour le tourbillon papillon, en effet si je pouvais réécrire je parlerai un peu plus de leur petite danse, y avait moyen de faire de jolies images et de créer un mouvement en communion avec la nature que Bergamote chérie tant.
-Pour les marraines, OUI C’EST MÉGA LOURD XD typiquement le moment ou je me suis dis “ boh j’arrangerai ça en relisant”... hihi dommage XD
-oui, si je devais trouver une manière de corriger je dirai “ Je ne dois pas laisser mes filleuls vivre leur éclosion dans une ambiance de mort”, ou n’importe quoi d’autre, la phrase que tu as relevé est très bof… tout ça pour dire que, oui, découvrir la vie, c’est tout vilain utilisé comme ça
-Pour la honte j’imaginais la fleur honteuse de ne pas avoir réussi à insuffler son énergie à la petite Lys, mais j’avoue que ça manque d'éclaircissement. Je m’en suis rendu compte en écrivant mais le chrono a eu raison de la clarification du texte ahah.

En bref encore merci pour ton message aussi pertinent que bienveillant, je suis pas certaine que ma réponse soit bien pertinente par contre, je dis simplement que je suis d’accord avec toi XD
L’exercice m’a beaucoup plu et j’espère pouvoir me rendre disponible ( dans de meilleures conditions ça serait parfait ahah) pour les ateliers suivants Et là je vais profiter de mon temps libre pour aller à la découverte des autres récits des miettes !!

Hello ! Bravo pour ton texte ! L'idée est chouette, ton vocabulaire est bon même si attention aux répétitions et aux compte-rendu d'actions, d'autant plus s'ils sont avec "je" : c'est un peu redondant et pas très fluide à la lecture

Attention également aux verbes de vision, un peu trop présents. Tous comme le verbe "sentir".

Je décide de la prendre à part pour lui parler. : n'explique pas au lecteur, dis simplement qu'elle l'entraîne à l'écart, rajoute des détails pour montrer qu'elle s'inquiète, et pas besoin d'annoncer une intention.

Merci pour ta participation !