Romulus et Rémus

Coucou!
Bon, alors je sais que je poste l'atelier en retard, mais j'étais occupée toute l'après-midi J'ai par contre tout bien respecté: le temps, la consigne (enfin normalement...), etc.

Je ne suis pas trop convaincue par ce que j'ai écrit, j'ai l'impression que c'est cliché et que suis bien trop allée dans le pathos pou faire pleurer dans les chaumières, mais je sais aussi que ce n'est pas mon point fort les scènes de mort alors je vais mettre toutes mes appréhensions de côté et ma honte qui me pousserait à ne pas le poster, pour vous partager mon texte. Je n'étais pas trop inspirée, alors, j'ai utilisé un vieux mythe que beaucoup connaissent Comme vous pouvez le voir, c'est assez court mais je n'étais vraiment pas très inspirée haha xD
Sur ce, bonne lecture tout le monde!


Le ciel grondait ce soir-là mais il n'y avait pas d'éclair à l'horizon. Seul un mugissement de colère faisait trembler la terre battue autour du corps sans vie de mon frère, souillée d’eau de pluie et de tâches vermeilles. Rémus. Je tenais son cadavre sur mes genoux rêches, au pied de la statue de notre mère. Il était encore tiède, encore réel. Aussi beau que sur les portraits que les visiteurs pouvaient observer sur le mont Aventin, de l’autre côté de la ville. Le teint foncé, les traits harmonieux, la chevelure ambrée. Son visage était éteint mais une expression étrange persistait toujours dans son regard. Les éclairs, invisibles dans le ciel, brillaient tous dans ses yeux mi-clos, aussi clairement que si le tonnerre avait décidé de se nicher dans ses prunelles bleu pâle. Ils exprimaient une rage inassouvie, une rancueur malsaine et naturelle, que je n’aurais jamais souhaité voir, mais dont j’étais le seul responsable. La lame vermeille qui gisait à côté de moi était là pour me le rappeler.
Fratricide.
J’avais beau le répéter, ce mot résonnait étrangement au creux de mon palais.
J’avais tué mon frère.
La trahison sonnait faux dans ma tête, fausse dans l’air, fausse contre mes lèvres mais était pourtant bien réelle.  Une trahison aussi étincelante que le croissant de lune qui illuminait son cadavre arc-bouté, la bouche entrouverte sur un dernier souffle avorté. Ironiquement, j’avais toujours trouvé les morts inexpressifs et similaires dans leurs expressions. Mais ce regard-là, accusateur, blessé, me hanterait à jamais.
« Je n’avais pas le choix, me répétai-je, c’était lui ou moi ». L’était-ce vraiment cependant ? L’acte avait paru si rapide, si détaché du monde terrestre. Je me souvenais de la fureur aveuglante qui s’était emparée de moi, des vautours qui tournaient autour de nous comme si nous étions des proies, de nos doigts pointés vers eux pour les compter, et du mensonge proféré par Rémus pour gagner la cité. Je me souvenais vouloir le tuer. Je me souvenais du sentiment d’aimer, de celui de haïr. De l’un disparaissant et de l’autre fulgurant. Je ne m’étais pas arrêté. Lui, avait hésité. Il avait suspendu son poing au-dessus de ma tête, persuadé que la raison me reviendrait. Mais j’avais tranché, et une deuxième blessure, plus mortelle que la première s’était ouverte sur son torse dénudé. Je n’avais jamais supporté les menteurs, mais il avait payé le prix fort. Un prix que je reconnaissais à présent bien trop grand. Je n’étais plus prêt à le payer pour gagner cette ville. Mais c’était trop tard.
Mon héritage était désormais bâti sur du sang. Pire, sur son sang, qui coulait le long de ma paume, rouge et métallique.
« Je suis désolé, je gémis. Je suis tellement désolé ».
Des souvenirs s’immiscèrent dans mon esprit, aussi vivaces que si les scènes se déroulaient de nouveau en face de moi. Des souvenirs de Rémus, de son sourire, et de sa chaleur.
Alors que son corps, lui, refroidissait au creux de mes paumes.
Une vague de culpabilité s’engouffra en moi comme un tsunami. Les larmes jaillirent en cascade, nettoyant le sol de toute son impureté.
« Rendez-le-moi, suppliai-je. Rendez-moi mon frère. »
Je parlais aux Dieux, je parlais aux cieux, je lui parlais à lui. Je voulais m’excuser, mais comme sa colère, les mots ne suffisaient pas.
Je déposai un baiser sur son front immaculé et levai la tête, le visage baigné de larmes.
Ce soir-là, le ciel pleura avec moi.

J'aime bien ta plume  

Vraiment bien écrit !

J'apprécie beaucoup ce mythe et je me suis déjà demandé ce qui avait pu les pousser à franchir l'impardonnable, se battre jusqu'à la mort entre frères. Dans ce texte on voit que l'affrontement a été rapide, deux blessures mais la deuxième a été de trop. J'aime bien l'hésitation de Rémus qui suspend son geste, incapable de porter le coup à son frère. Et Romulus qui aveuglé par sa rage frappe et le tue. Puis le regret instantanné qui suit l'acte.
Le passage qui m'a le plus ému c'est celui là : "Mon héritage était désormais bâti sur du sang. Pire, sur son sang, qui coulait le long de ma paume, rouge et métallique." Parce que quand j'y ai réfléchi comme ils sont jumeaux, ils ont le même sang.
Concernant "le pathos et faire pleurer dans les chaumières" j'ai trouvé le style du début un peu "lourd" et insistant mais plus le texte avance plus il se libère des éléments en trop et devient fluide. Juste un peu moins d'éclairs dans des yeux bleus pâles pour alléger l'immersion dans l'histoire. Bravo, j'ai beaucoup aimé ce texte !

Bravo pour ton texte, je ne m'attendais vraiment pas à ce que quelqu'un utilise ce mythe, c'est plutôt bien trouvé^^
J'aime beaucoup ton style, je trouve que c'est bien écrit et que tout s'enchaîne bien. Les réflexions de Romulus me semblent pertinentes. Mais effectivement, à un moment, je me suis dit que le texte en faisait un peu trop dans le pathos, sans que je ne puisse vraiment déterminer à quel moment et pourquoi j'avais cette sensation (j'aurais voulu t'aider un peu plus). Peut-être parce que même si sa culpabilité est évidente, le début semble indiquer une sorte de stupéfaction qu'on ne retrouve pas ensuite?
En tout cas, n'aies pas honte de ce que tu as écrit, je trouve que c'est plutôt bien fait et on est tous là pour progresser. Donc, prends confiance en toi

J’ai failli pleurer avec le ciel et Remus. Je suis chamboulée. Le mythe de Remus et Romulus est très connu et pourtant tu l’as superbement bien revisité ! Bravo.

Hello, bravo pour ton texte, j'aime beaucoup ton style =)

Hello ! Bravo pour ton texte ! On ressent sa douleur et le côté important/mythologique est bien retransmis grâce à tes images. Tu n'es pas trop dans le pathos, juste ce qu'il faut pour aller avec l'ambiance de la scène.

vermeille : répétition. Tu peux dire "rouge". Ou utiliser le mot latin pour être dans le thème.

trouvé les morts inexpressifs et similaires dans leurs expressions. : c'est lourd, redondant et je crois que tu te contredis.

si détaché du monde terrestre. : je ne comprends pas l'image que tu emploies

Mais sinon c'est très très bien, j'ai bcp aimé le ton.

Merci pour ta participation