Témoin d'un attentat terroristre

Le bruit d’un canon retentit. Tel un chasseur chassant sa proie, l’homme barbu tira. L’odeur de la poudre se répandit dans le bureau ; la boîte crânienne de Charles fut percutée par une pluie de balles en métal. Son corps chuta brusquement sur la dépouille de Jacques.
Derrière eux, je me tenais accroupi contre le mur, tremblements aux rythmes d’un marteau-piqueur. Un assassin se tenait devant moi. Une mitraillette tenue par son bras droit, tandis que du côté gauche reposait un sac bandouillère, où devaient être rangées ses munitions. Il me scrutait méticuleusement de fond en comble.
-Une femme.
Je fus prise d’un nouveau frisson. Après avoir tué Jacques et Charles, était-il intéressé par mon corps ? Je me recroquevillais davantage, souhaitant protéger ma féminité de cet être malintentionné.
-Je ne tues pas les femmes, marmonna le terroriste.
Il se retourna, ayant fait son choix et se dirigea d’un pas hâtif vers la sortie de la pièce. Je n’en croyais pas mes yeux, j’étais encore en vie. Bel et bien en vie.
J’avais réelement cru que mon heure était venue et pourtant mon sexe féminin m’avait sauvée.
En voyant le dos du sinistre criminel, je fus prise d’une terrible envie. Celui de lui infliger le même châtiment qu’aux deux victimes qu’il venait de tuer.
Ma main se rapprocha lentement de la lampe que Jacques avait emportée dans sa chute, elle pouvait me servir d’objet contondant afin d’assommer ma cible…
-Ne tente rien ! s’exclama l’homme barbu qui malgré son dos tourné, avait dû percevoir mes intentions. Tu l’as sans doute compris, mais je ne suis pas le seul à avoir infiltré votre lieu de travail !
Il est vrai que lors de son arrivée dans notre bureau, j’avais entrevu certains de ses acolytes dans le couloir.
-Ecoutes ! continua le criminel, l’index levé. N’entend tu pas des armes feu retentir dans les lieux ?
Malgré l’épaisseur des murs des locaux, en me concentrant, je pouvais entendre des cris et des bruits de balles percutant les murs ou leurs cibles.
-La majorité d’entre vous vont mourir ! Vous n’avez pas respecté notre religion dans votre journal, donc on ne respecte pas vos vies !
Sa religion ? La peau de l’homme qui prononçait ses mots plus sombres que la moyenne, devait être d’origine maghrébine. Si je ne me trompais pas celui-ci devait être un mulsuman.
-Alors… c’est pour ça ? murmurai-je de sorte à ne pas être entendu, tandis que le croyant quittait la pièce.
Tandis que je me retrouvais seule, plongé dans les tréfonds de mes perturbations intérieurs, du liquide s’avançait vers moi : il était rouge écarlate et puait une odeur de mort nauséabonde. Du sang. Celui-ci provenait des cadavres de Charles et Jacques qui gisaient, sur la moquette de luxe qu’avait choisie notre patron. Il en émanait des effluves nauséabonds, similaires à ceux d’une poubelle qu’il fallait jeter immédiatement.
Cette odeur était insupportable.
Elle provenait des dépouilles de Charles et Jacques.
Mes défunts collégues.
Nous avions passé tant d’heures à bavarder dans ce bureau. Charles préférait boire son café bien noir et sans sucre, tandis que Jacques rapportait sa boite de Régilait toutes les semaines;
A force, nous connaissions chacun nos petites habitudes… nos familles respectives… nos rêves d’avenirs…
Mais tout cela, c’est du passé.
Charles et Jacques ne reviendront jamais à la vie, lorsque que je réalisai cela, un flot de larmes me quitta. Il sortit du coin de mes yeux afin de couler sur mes joues palpeuses.
Je me sentais pitoyable. Pitoyable d’être la seule encore en vie…
J’étais lâche, j’aurais pu tenter de venger mes collègues, mes amis… mais la menace de ce terroriste m’avait refroidit les neurones.
A la place, la personne à qui j’en voulais le plus c’était…
Moi-même.
Avais-je encore le droit de vivre ? Mes partenaires de travail étaient tous les deux morts, ne devais-je pas les rejoindre ?
J’avais survécue parce que j’étais une femme. Cela m’irritait, me dégoûtait au plus haut point. Je ressentai une envie de m'auto-flageller, de me faire souffrir, pour connaitre la peine qu’il avait tous deux vécus.
Une ribambelle de tirs jaillissaient au loin, l’attentat n’était pas terminé.
Recroquevillée au fond de la pièce, je me demandais si mon heure allait venir. Entre l’odeur de mort que mes narines percevaient et les pluies de balles que mes oreilles entendaient, je me sentais prisonnière d’un long et douloureux cauchemar.
Le choc et la douleur finirent par me faire perdre connaissance.

Aujourd’hui encore, je me souviens de ce jour. Les quelques années suivant cet événement, je les vécurent au sein d’un hôpital psychiatrique. Une tonne de pensées suicidaires me hantèrent. Je revivais en boucle cette douloureuse scène.
Le moindre rire, le moindre sourire me rappelait mes défunts collègues. Une pointe d’amertume résonnait des tréfonds de mon âme. La vie n’avait plus de sens pour moi.

Aujourd’hui encore, j’ai peur. Bien que je sois retournée à une vie normale, j’ai dû déménager pour oublier ma peine. Lorsque je croise un mulsuman dans la rue, je suis terrorisée à l’idée de le voir sortir une arme et la braquer contre moi.

Ma vie ne redeviendra jamais ce qu’elle était. Ces jours joyeux sont révolus.
Je serais à jamais la témoin d’un attentat terroriste.

C'était très intéressant à lire, et le sujet est particulièrement dur. Je regrette juste que l'ensemble manque un peu de naturel. Le texte mériterait d'être plus charnel. Un exemple pour m'expliquer, dans cette ligne de dialogue :

-Ecoutes ! continua le criminel, l’index levé. N’entend tu pas des armes feu retentir dans les lieux ?

C'est une tournure que l'on emploierait pas spontanément à l'oral. Encore moins dans ce genre de situation. N'hésite pas à faire simple et à utiliser des tournures plus naturelles. Cela s'en ressentira sur l'ensemble du texte.

Sinon, j'ai trouvé ça très bien. Bravo pour ton texte !

Bonsoir,
j'ai bien aimé ton texte. Tu t'en es bien sortie d'autant plus que le sujet n'était pas facile. Les émotions sont bien faites, j'ai eu l'impression d'être plongé dans l'histoire. La fin est émouvante, quand on sait qu'elle a eu un tel traumatisme. Bravo !

Merci des retours !

@Rosario_gnd Ouais, je vois ce que tu veux dire, je pense que les actions et les dialogues du terroriste peuvent être grave amélioré^^'... J'ai pas assez réussi à me mettre dans sa tête.

Témoignage de terrorisme, c'est pas un des thèmes les plus plaisants à aborder.
Tu permets un bémol ? J'ai une petite crainte de généralisation quand tu parles de musulman ou d'origine maghrébine... Oui, tous les terroristes sont convertis à la religion musulmane poussée de manière extrémiste, mais tous ne sont pas des terroristes et tous ne sont pas forcément maghrébins. Bref, Lupi la chieuse, encore une fois ^^"
Sinon, je rejoins Rosa sur une chose : on est un peu "détachés" de la situation, dans le sens où c'est très descriptif. On se sent plus dans le Tell que dans le Show, et je suis persuadée que tu es capable de nous immerger d'avantage en te projetant toi-même dans la peau de cette femme ^^ C'est pour ça que je trouve ton texte très bien avec beaucoup de potentiel !

Hello ^^

Texte assez intéressant, je rejoins malgré tout Rosa et Lupi pour la généralisation et le côté "descriptif". Mais j'ai tout de même apprécié !

Néanmoins, il y a une chose avec laquelle j'ai du mal, c'est lorsque le terroriste épargne ton personnage... Pourquoi ? Parce que c'est une femme, donc ? Je trouve ça assez étrange de la part d'un terroriste. Il ne me semble pas qu'ils fassent la différence lors d'attentat. Et tu insistes peut-être un poil trop sur ce côté là "je suis une femme, ça m'a sauvée". Ce n'est que mon avis et je suis chiante, donc n'hésite surtout pas à me corriger si je suis à côté de la plaque hein !

Thème compliqué mais efficace en tout cas, bravo

Coucou, merci à vos retours à toutes les deux !

lupinae a écrit:Témoignage de terrorisme, c'est pas un des thèmes les plus plaisants à aborder.
Tu permets un bémol ? J'ai une petite crainte de généralisation quand tu parles de musulman ou d'origine maghrébine... Oui, tous les terroristes sont convertis à la religion musulmane poussée de manière extrémiste, mais tous ne sont pas des terroristes et tous ne sont pas forcément maghrébins. Bref, Lupi la chieuse, encore une fois ^^"
Sinon, je rejoins Rosa sur une chose : on est un peu "détachés" de la situation, dans le sens où c'est très descriptif. On se sent plus dans le Tell que dans le Show, et je suis persuadée que tu es capable de nous immerger d'avantage en te projetant toi-même dans la peau de cette femme ^^ C'est pour ça que je trouve ton texte très bien avec beaucoup de potentiel !

Alors, concernant la généralisation mulsuman/origine maghrébine j'ai aussi sentie que c'était un problème en écrivant mon texte. J'aurais voulu rajouter une petite anecdote comme quoi elle avait un ami ou un voisin musulman pour éviter ce genre de quiproquo, mais le temps à ma disposition, j'ai pas pu faire tout ce que je voulais :/...

Ah mince pour le coté descriptif^^"... Quand on me disait "Show don't tell", je l'interprétais comme "Montre plus de détail, plus de concret", j'ai donc rien compris à ce conseil ><...(Et oui, j'ai vu la vidéo de Christelle à ce sujet, mais apparemment ça n'a rien changé);

Merci du coup du retour, vu que c'est une erreur récurrente que je faisais^^" et à @Petite Aloy qui a donné le même.

Petite Aloy a écrit:Hello ^^

Texte assez intéressant, je rejoins malgré tout Rosa et Lupi pour la généralisation et le côté "descriptif". Mais j'ai tout de même apprécié !

Néanmoins, il y a une chose avec laquelle j'ai du mal, c'est lorsque le terroriste épargne ton personnage... Pourquoi ? Parce que c'est une femme, donc ? Je trouve ça assez étrange de la part d'un terroriste. Il ne me semble pas qu'ils fassent la différence lors d'attentat. Et tu insistes peut-être un poil trop sur ce côté là "je suis une femme, ça m'a sauvée". Ce n'est que mon avis et je suis chiante, donc n'hésite surtout pas à me corriger si je suis à côté de la plaque hein !

Thème compliqué mais efficace en tout cas, bravo

Pour la distinction homme/femme de la part du terroriste, je m'étais inspirée d'un témoignage de l'attentat de Charlie Hebdo, où un terroriste avait justement fait cette distinction.
Voilà un article sur l'attentat : https://www.radiofrance.fr/franceinter/l-attentat-contre-charlie-hebdo-minute-par-minute-par-ceux-qui-l-ont-vecu-1558972

Il y a bien eu des terroristes qui ont dit : "N’aie pas peur. Calme-toi. Je ne te tuerai pas. Tu es une femme. On ne tue pas les femmes. Mais réfléchis à ce que tu fais. Ce que tu fais est mal. Je t’épargne, et puisque je t’épargne, tu liras le Coran.""
Ou "On ne tue pas les femmes !"

Du coup, je trouves l'idée qu'elle se fasse épargnée car elle est une femme plutôt crédible au contraire^^

Hello !
Super touchant comme texte et le thème abordé est vraiment difficile. Je dirais pareil que Lupinae au niveau de la généralisation mais sinon le reste m'a bien émue, je me suis bien représentée les scènes et la fin j'étais pleine de compassion pour cette femme qui a été miraculeusement une survivante et qui doit vivre avec.
Merci beaucoup et bravo

Hello, bravo pour ton texte.
Je rejoins ce qui a été dit plus haut concernant la généralisation, et merci pour les liens vers les témoignages. C'est en effet un terrain glissant que d'aborder ce genre de thèmes et je trouve que tu t'en sors plutôt bien. J'ai bien aimé ton texte dans l'ensemble, et j'ai de la peine pour cette femme qui devra vivre avec ça le reste de sa vie.

J'ai quelques remarques sur le fond. La première, c'est que les corps de ses collègues ne dégagent probablement pas une odeur de poubelle: ils viennent juste de se faire tirer dessus et de mourir. L'odeur du sang, oui, mais ça s'apparente plus à une odeur de fer assez tenace. La décomposition et le type d'odeur que tu décris, ce serait plutôt 3 jours après la mort, non?
La deuxième, c'est la psychologie du personnage. Je ne sais pas si elle va se demander tout de suite si elle a le droit de vivre. Peut-être être dégoûtée de ne pas avoir eu le cran d’assommer son agresseur, mais conjuguée à la peur de mourir. Et je vois bien la culpabilité et le syndrome du survivant arriver ensuite. Par contre, effectivement, il y a de quoi être traumatisée à vie, la pauvre

La seconde, concernant la forme: attention à la ponctuation. Quelques phrases ont aussi des tournures maladroites, je pense que tu y gagnerais à faire simple.

Encore une fois, bravo pour ton texte. C'est bien d'avoir traité ce sujet et je trouve que ton ton était juste.

Merci des retours^^!

Ok, merci des spécifications scientifiques, j'avoue ne pas dû m'être penchée sur cet aspect là en écrivant ...

Et oui, je me doute que mon style est à revoir par moment, du mal à faire simple^^"

Hello ! bravo pour ton texte ! Je pense que tu rends bien l'action, mais il y a des maladresses dans le texte qui m'ont empêchée de rentrer dedans.

chasseur chassant : redondant la sonorité

L’odeur de la poudre se répandit dans le bureau ; la boîte crânienne de Charles fut percutée : je pense que l'odeur vient après l'explosion de la tête

tremblements aux rythmes d’un marteau-piqueur. : maladroitement dit

Un assassin se tenait devant moi. Une mitraillette tenue par son bras droit, : je pense que ces deux-là vont dans la même phrase, ils ne fonctionnent pas séparés.

protéger ma féminité de cet être malintentionné. / mon sexe féminin : maladroitement dit je trouve

d’objet contondant : arme serait mieux je pense

Malgré l’épaisseur des murs des locaux, en me concentrant, je pouvais entendre des cris et des bruits de balles percutant les murs ou leurs cibles. : manque de rythme, qui fait que les infos passent mal et n'ont pas un grand impact sur le lecteur

ses mots plus sombres que la moyenne / tréfonds de mes perturbations intérieurs, : maladroitement dit

Il en émanait des effluves nauséabonds, similaires à ceux d’une poubelle qu’il fallait jeter immédiatement.
Cette odeur était insupportable.
Elle provenait des dépouilles de Charles et Jacques.
Mes défunts collégues. : je trouve qu'on piétine un peu ici entre les odeurs et les corps, en plus c'est un peu tôt pour que les corps sentent mauvais je pense.

Et enfin, je pense qu'au niveau des émotions, tout est un peu à la fois rapide et too much : j'ai l'impression que l'héroïne traverse toutes les étapes du deuil en cinq minutes. Je pense qu'il aurait été plus intéressant de se concentrer sur les actions et les descriptions.

Merci pour ta participation !

Merci Christelle pour les retours ^^!