Il me regarde

Quand on perd quelqu’un , on essaye de souvenir des dernières phrases dites. D’un geste , d’une odeur. Mais la vérité et que la plupart du temps les souvenirs se perdent petit à petit. Surtout quand le cerveau veut nous protéger. Et qu’il efface beaucoup d’éléments relatif à cette personne.
C’est ce qu’il s’est passé pour moi. Probablement. J’ai du mal à décrire mes propres émotions. A vrai dire je ne sais pas trop ce que je ressens moi-même. Même si j’avais 10 ans quand j’ai perdu mon père et que j’en ai 20 aujourd’hui. Pathétique n’est-ce pas ? Après tout ce temps les choses sont sensés être réglés. Les gens ne valident pas vraiment mes sentiments. Après tout je les comprends. J’ai du mal à me croire moi-même parfois.

Ce soir encore je vais m’endormir sans vraiment croire que la tristesse s’éteindra un jour. Est-ce que c’est être sans espoirs ou être raisonnable ? Peut-être que dieu le sait mais il n’a jamais entendu mes prières pour que les choses changent et que tout redevienne comme avant. Alors je ne lui en adresserais pas d’autres. Comme une enfant qui ferait un caprice et qui ne croirait plus en ses parents.

J’ouvre la fenêtre de ma chambre et je me couche dans mon lit. Les lendemains sont toujours semblables. Les jours se suivent depuis toutes ces années. Un peu comme dans un jour sans fin. Mais avec des petites variations. Entrée au collège , au lycée. Mais toujours pareilles aux autres.
En effet , je suis seule au grand damne de ma mère. Peut-être que ce décès à fait que je n’ai pas envie de m’attacher aux autres personnes. Encore une fois c’est pathétique je sais.
Je ferme les yeux et me plonge dans le sommeil.


Tout est flou autour de moi. Le monde semble irréel. Plongé dans une épaisse couche de brouillard. Je suis dans la maison ou j’ai passée les dix premières années de ma vie.

-Caroline !

Une voix m’appelle. Je la reconnais. C’est celle de mon père. La scène est celle quelques temps avant sa mort. Je la reconnais. Elle est tellement passée et repassée dans mon esprit que je ne pourrais pas me tromper. Pourquoi je revis cela ? Pourquoi l’univers me l’inflige ? Surtout après 10 ans. Peut-être que j’y ai trop pensée.
C’est ce que ma mère me dirait en tout cas. Elle n’aime pas quand j’y réfléchis car c’est une plaie encore ouverte dans son coeur aussi.

Mon père me soulève dans ses bras. J’ai toute les sensations atténués mais je ne peux rien faire. J’aimerais lui dire à quel point je l’aime à quel point je souffre de son absence. Et qu’on ne devrait pas aller se promener en ville aujourd’hui. Ou alors rentrer plus tôt. Mais je ne peux rien faire. La joie que j’ai ressentis à cet instant se transforme juste en amertume. Je ne penses pas retrouver un jour les sentiments que j’ai eu.

Il m’emmène dans la voiture. Et je ne peux que le suivre. J’entends ma voix d’enfant demander :

- On va où ?

Et lui me répondre :

- Se promener en ville

En moi je murmure : « Non… Je ne veux pas. »


Il roule en mettant de la musique dans sa voiture et en chantant très faux. Enfin c’est ce que je pensais à l’époque. Finalement sa voix m’a tellement manqué.

Nous arrivons dans la rue. Il me prend par la main. Un groupe de 3 hommes arrive devant lui. Le plus grand et le plus fort lui arrache la chaîne en or à son poignet.

Papa me pousse pour me protéger et je suis projetée sur le bitume. La bagarre se déclenche alors qu’ils font tout pour lui voler ses affaires. Un homme sort un couteau et lui donne un coup dans le ventre. Je m’entends pleurer , je sent le goudron froid et glacé sous mes fesses. J’ai mal au coeur et au corps.

Je courre dans la rue loin des coups et j’appelle les urgences. Tout revivre une deuxième fois. Je n’aurais jamais voulue. Mais je ne sais pas pourquoi mon cerveau fait ça. J’appelle un monsieur, il me passe le téléphone, je décris ce qu’il se passe. Et sans que je m’y attende , je suis téléporté plus loin. Quand on m’appelle pour m’annoncer le décès de mon père. Avant était une partie que j’ai vraiment oubliée. Et qui n’a pas juste était effacée par moi-même. Je suis avec ma mère. Mais elle est effondrée. Normalement je suis seule. Mais je sent des bras m’enlacer et une voix me chuchoter :

- Tout va bien ma chérie. Je suis là. Peut-être pas près de toi physiquement mais si tu joins les mains sur ta poitrine je te soutiendrais quand tu auras besoin d’aide ou que tu seras triste. Vie ta vie ma puce. Sois heureuse. Trouve le bonheur. Je veille sur toi.

Mon rêve se termine ici. J’ouvre les yeux et je met les mains sur ma poitrine. La réponse était au fond de moi depuis le début. Mais je n’avais pas encore la clé pour la débloquer. Peut-être que c’est lui du ciel qui est venue me voir dans mes rêves , une illusion de mon cerveau ou que sais-je… L’important c’est que je vis là ici et que mon père me regarde. Alors je dois être heureuse. Pour lui. Et pour moi.

J'ai bien ressentie le manque qui ronge le personnage. L'absence de son père a changée le cours de sa vie et elle se renferme sur elle-même. La tristesse ne s'atténue pas avec le temps. La mort en flashback est surprenante et violente. Et la fin où on comprend qu'il a toujours veillé sur elle c'est touchant.

J'ai beaucoup aimé lire ton texte, bravo !
Il y a quelques fautes d'inattention mais ça on peut repasser facilement dessus avec une relecture. En revanche, ce que je n'ai pas saisi, c'est l'introduction de ton texte avec la suite du récit.

L'accent est mis sur le fait que les souvenirs s'effacent avec le temps, qu'ils deviennent flous et que le personnage a oublié, mais la suite de l'histoire nous plonge dans un souvenir qui est, j'ai trouvé, relativement précis. Il y a bien un passage confus à la fin, mais du coup j'ai trouvé que l'introduction ne tiens pas sa promesse quant à la suite du récit. Je ne sais pas si je m'exprime bien désolée x_X évidemment, c'est une sensation qui n'appartient qu'à moi ^^

Bravo encore pour ton texte et merci !

Certains souvenirs traumatiques peuvent resurgir dans les rêves même si le cerveau les effaces dans la vie active. Puis ça fait 10 ans donc pas mal de temps s'est écoulé depuis. C'est peut-être une erreur d'expression mais il est vrai que je n'avais pas prévue de baser mon texte sur l'absence de souvenirs. De plus on peux le prendre avec un petit côté mystique. Attention je ne sort pas l'excuse de "Tait toi c'est magique" mais vu que son père l'a réconforté on peux se dire que c'est aussi lui qui a fait revivre le souvenir car de toute façon le traumatisme est quand même là. ( Et pour moi c'est toujours mieux de connaître la vérité. Même si ce n'est qu'une opinion personnelle.)

Hello ! Bravo pour ton texte ! je pense qu'il est bien écrit, mais je me suis sentie très extérieure à ce qu'il se passait car le filtre de la narration/pensées/rêve m'a tenue à l'écart de la scène et que j'ai eu l'impression que le personnage aussi.

Je pense que le début du texte aurait pu être amené au fur et à mesure de l'action, pour que le lecteur se rende compte par lui-même de la tristesse du personnage. Plutôt que celle-ci soit résumée avant que l'action commence.

Je la reconnais. Elle est tellement passée et repassée dans mon esprit que je ne pourrais pas me tromper. Pourquoi je revis cela ? Pourquoi l’univers me l’inflige ? Surtout après 10 ans. Peut-être que j’y ai trop pensée. : on reste un peu trop dans la tête du personnage, et du coup, je pense que je ne suis pas la scène.

Merci pour ta participation !