Spin off un détour pour l'enfer
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Sayuri.K
Daikitumichi
lupinae
Rosario_gnd
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9 participants
Spin off un détour pour l'enfer
Dim 28 Aoû - 16:02
Pas trop respecté la consigne sorry
David écarta la branche qui lui écorchait la joue. Les troncs nus des arbres ressemblaient à des barbelés et tout son corps avait été déchiqueté lors de la traversée de la forêt. Il tenait à peine debout maintenant, tanguant d’avant en arrière, avec son litre d’hémoglobine répandu sur ses vêtements. Son fils, Samuel, lui tenait la main, les yeux écarquillés de terreur. Il ne pouvait pas s’empêcher de se mordre les lèvres et un goût de fer lui remplissait constamment la bouche tandis qu’il mâchouillait sa propre chair.
Leurs deux regards se portaient sur l’horizon ; cette mer lisse couronnée d’un soleil naissant. L’est.
- Va falloir courir, prévint David.
Il parlait plus pour lui-même, Samuel était nul en sport. Lui aussi l’avait toujours été, avec sa silhouette rachitique et son asthme qui noyait ses poumons, mais il avait de longues jambes. Des échasses qu’il balançait en avant tandis qu’il attrapait son fils par le col pour le forcer à le suivre.
Le reste du groupe se fondait dans le brouillard. La fumée collait à la peau ici, avec ces cendres qui dégringolaient du ciel jusqu’à vous boucher la vue. Esther, aussi sauvage qu’un renard, commençait déjà à s’étirer. Elle allait foncer, c’était sûr. C’était la dernière étape du voyage à travers les limbes et même si elle s’était montrée sympathique pendant toute leur fuite, le groupe n’existait plus et c’était chacun pour soi.
David attrapa son fils par le manteau. La plage de galets semblait tranquille, un paysage lunaire où même le vent se taisait. Son esprit cherchait à calculer le nombre de mètres qu’il faudrait parcourir. Cent ? Deux cents ? Il en était à froncer les yeux, évaluant le meilleur itinéraire pour rejoindre les flots, lorsque Esther partit au galop.
La rouquine avait filé, la détente aussi puissante qu’une flèche. Et avant même qu’il puisse réagir, elle avait parcouru un quart du chemin.
Pendant un instant, seuls ses pas résonnèrent sur la plage, cette foulée légère qui soulevait à peine les cailloux, avant d’être rejoint par plusieurs cavalcades. Henry. Dave. D’autres inconnus enveloppés de fumée. Ils couraient tous vers la mer pour sauver leur âme et se prenaient les pieds dans leurs propres lacets.
- Allez !
Sans ménagement, il tira Samuel jusqu’à l’étrangler avec sa fermeture éclair. Tant pis. Trop tard. Les hoquets de son garçon ne parviendraient pas à l’arrêter. Au milieu d’inconnus estropiés, de pauvres hères cassés par les fractures, il courait à s’en faire exploser la trachée. Esther se trouvait toujours en tête, sa crinière rousse reconnaissable entre mille. Elle avait presque atteint l’eau et un maigre espoir germait dans la poitrine de David. Même Samuel semblait plus léger, ils allaient réussir !
Une silhouette noire, massive, percuta la leadeuse du groupe et l’envoya plusieurs mètres en arrière. Le coup avait été si brutal que le corps d’Esther avait été désarticulé à l’impact. Elle atterrit dans un craquement odieux à quelques mètres de David, les yeux agités dans tous les sens, à essayer de comprendre ce qu’il venait de se passer.
Les cris commencèrent.
Des titans à la peau noire, aussi rapides que les ombres et solides que la roche, écrasaient un à un les fuyards. Henry se fit attraper par l’un d’eux et le gargouillis de ses viscères répandues sur le sol couvrirent à peine ses cris.
- Par-là ! hurla David en coupant la foule.
Samuel s’était pissé dessus. Encore. Ses larmes tachaient la manche de son père. Il ne voyait plus rien à cause des cendres, mais c’était sans doute mieux ainsi. Seules ses pieds s’activaient pour essayer de suivre la cadence. Et soudain, il trébucha sur le corps d’une femme qui se tenait le bras, réduit en charpie. Ses mains tentèrent de se raccrocher à son père, mais ses doigts se refermèrent sur le vide. Il tomba tête la première dans les cailloux et s’étouffa avec la poussière qui volait.
David avait senti la chute. Son instinct l’avait prévenu avant même qu’il lâche son fils. Il se retourna aussitôt, le cœur au bord des lèvres. Trois pas plus loin. Seulement trois pas. Et il resta tétanisé.
Un monstre plaquait son fils contre le sol d’une main colossale, aussi large qu’une voiture. Les côtes du petit craquèrent, étouffant son hurlement. Ses bras s’agitaient mais à part griffer la terre il ne pouvait rien faire.
Le corps entier de David se bloqua. Il apercevait encore la touffe de cheveux blonds de son fils qui cherchait à se relever, cette main tendue vers lui pour appeler à l’aide.
Ses jambes cédèrent et il tomba en arrière. Un tremblement incontrôlable l’envahit tandis que sa bouche s’ouvrait avant de se refermer en silence. Le démon n’avait pas d’yeux, pourtant son regard restait fixé sur lui, attendant sa réaction. Un abîme s’était ouvert au fond de lui, il n’était plus qu’une créature faite d’os et de tendons. Alors il glissa sur les cailloux et se mit à quatre pattes pour se relever. Et courir.
Il dévala la plage sans se retourner, jusqu’à ce qu’un cri, plus aigu que les autres, le transperce.
David écarta la branche qui lui écorchait la joue. Les troncs nus des arbres ressemblaient à des barbelés et tout son corps avait été déchiqueté lors de la traversée de la forêt. Il tenait à peine debout maintenant, tanguant d’avant en arrière, avec son litre d’hémoglobine répandu sur ses vêtements. Son fils, Samuel, lui tenait la main, les yeux écarquillés de terreur. Il ne pouvait pas s’empêcher de se mordre les lèvres et un goût de fer lui remplissait constamment la bouche tandis qu’il mâchouillait sa propre chair.
Leurs deux regards se portaient sur l’horizon ; cette mer lisse couronnée d’un soleil naissant. L’est.
- Va falloir courir, prévint David.
Il parlait plus pour lui-même, Samuel était nul en sport. Lui aussi l’avait toujours été, avec sa silhouette rachitique et son asthme qui noyait ses poumons, mais il avait de longues jambes. Des échasses qu’il balançait en avant tandis qu’il attrapait son fils par le col pour le forcer à le suivre.
Le reste du groupe se fondait dans le brouillard. La fumée collait à la peau ici, avec ces cendres qui dégringolaient du ciel jusqu’à vous boucher la vue. Esther, aussi sauvage qu’un renard, commençait déjà à s’étirer. Elle allait foncer, c’était sûr. C’était la dernière étape du voyage à travers les limbes et même si elle s’était montrée sympathique pendant toute leur fuite, le groupe n’existait plus et c’était chacun pour soi.
David attrapa son fils par le manteau. La plage de galets semblait tranquille, un paysage lunaire où même le vent se taisait. Son esprit cherchait à calculer le nombre de mètres qu’il faudrait parcourir. Cent ? Deux cents ? Il en était à froncer les yeux, évaluant le meilleur itinéraire pour rejoindre les flots, lorsque Esther partit au galop.
La rouquine avait filé, la détente aussi puissante qu’une flèche. Et avant même qu’il puisse réagir, elle avait parcouru un quart du chemin.
Pendant un instant, seuls ses pas résonnèrent sur la plage, cette foulée légère qui soulevait à peine les cailloux, avant d’être rejoint par plusieurs cavalcades. Henry. Dave. D’autres inconnus enveloppés de fumée. Ils couraient tous vers la mer pour sauver leur âme et se prenaient les pieds dans leurs propres lacets.
- Allez !
Sans ménagement, il tira Samuel jusqu’à l’étrangler avec sa fermeture éclair. Tant pis. Trop tard. Les hoquets de son garçon ne parviendraient pas à l’arrêter. Au milieu d’inconnus estropiés, de pauvres hères cassés par les fractures, il courait à s’en faire exploser la trachée. Esther se trouvait toujours en tête, sa crinière rousse reconnaissable entre mille. Elle avait presque atteint l’eau et un maigre espoir germait dans la poitrine de David. Même Samuel semblait plus léger, ils allaient réussir !
Une silhouette noire, massive, percuta la leadeuse du groupe et l’envoya plusieurs mètres en arrière. Le coup avait été si brutal que le corps d’Esther avait été désarticulé à l’impact. Elle atterrit dans un craquement odieux à quelques mètres de David, les yeux agités dans tous les sens, à essayer de comprendre ce qu’il venait de se passer.
Les cris commencèrent.
Des titans à la peau noire, aussi rapides que les ombres et solides que la roche, écrasaient un à un les fuyards. Henry se fit attraper par l’un d’eux et le gargouillis de ses viscères répandues sur le sol couvrirent à peine ses cris.
- Par-là ! hurla David en coupant la foule.
Samuel s’était pissé dessus. Encore. Ses larmes tachaient la manche de son père. Il ne voyait plus rien à cause des cendres, mais c’était sans doute mieux ainsi. Seules ses pieds s’activaient pour essayer de suivre la cadence. Et soudain, il trébucha sur le corps d’une femme qui se tenait le bras, réduit en charpie. Ses mains tentèrent de se raccrocher à son père, mais ses doigts se refermèrent sur le vide. Il tomba tête la première dans les cailloux et s’étouffa avec la poussière qui volait.
David avait senti la chute. Son instinct l’avait prévenu avant même qu’il lâche son fils. Il se retourna aussitôt, le cœur au bord des lèvres. Trois pas plus loin. Seulement trois pas. Et il resta tétanisé.
Un monstre plaquait son fils contre le sol d’une main colossale, aussi large qu’une voiture. Les côtes du petit craquèrent, étouffant son hurlement. Ses bras s’agitaient mais à part griffer la terre il ne pouvait rien faire.
Le corps entier de David se bloqua. Il apercevait encore la touffe de cheveux blonds de son fils qui cherchait à se relever, cette main tendue vers lui pour appeler à l’aide.
Ses jambes cédèrent et il tomba en arrière. Un tremblement incontrôlable l’envahit tandis que sa bouche s’ouvrait avant de se refermer en silence. Le démon n’avait pas d’yeux, pourtant son regard restait fixé sur lui, attendant sa réaction. Un abîme s’était ouvert au fond de lui, il n’était plus qu’une créature faite d’os et de tendons. Alors il glissa sur les cailloux et se mit à quatre pattes pour se relever. Et courir.
Il dévala la plage sans se retourner, jusqu’à ce qu’un cri, plus aigu que les autres, le transperce.
Petite Aloy, Lady_Lian, Rosario_gnd, lupinae, Daikitumichi, Sayuri.K, Fredoch et aiment ce message
- Rosario_gnd
- Messages : 100
Date d'inscription : 07/10/2021
Age : 34
Localisation : Côte d'Opale
Re: Spin off un détour pour l'enfer
Dim 28 Aoû - 18:04
Trop envie de relire Un Détour pour l'enfer du coup ! J'avais adoré le passage où tout le monde se cache et se tient prêt à courir sur la plage <3
- lupinae
- Messages : 211
Date d'inscription : 07/10/2021
Age : 30
Localisation : Basse Normandie
Re: Spin off un détour pour l'enfer
Dim 28 Aoû - 18:06
Des boyaux qui volent ! La nature humaine prête à tout, jusqu'à abandonner sa progéniture, pour survivre ! C'est ça qu'on veut !
Rosario_gnd et Daikitumichi aiment ce message
- Daikitumichi
- Messages : 209
Date d'inscription : 07/10/2021
Age : 32
Localisation : Aix-en-Provence
Re: Spin off un détour pour l'enfer
Dim 28 Aoû - 18:15
Conclusion: Samuel est une chèvre xD Le père qui a aucune estime pour sa progéniture mdrrrrr
En tout cas, ça change des "couples" parent-enfant fusionnels xD J'ai beaucoup aimé !
En tout cas, ça change des "couples" parent-enfant fusionnels xD J'ai beaucoup aimé !
lupinae aime ce message
- Sayuri.K
- Messages : 315
Date d'inscription : 08/10/2021
Age : 28
Re: Spin off un détour pour l'enfer
Dim 28 Aoû - 21:41
Aaah on retrouve bien l'ambiance d'un Détour pour l'enfer Du sang, des corps qui volent, des monstres ! J'étais à fond dedans. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de rire au "Samuel s'était pissé dessus. Encore." Notre Queen Miette dans toute sa splendeur
- Galgazelle
- Messages : 25
Date d'inscription : 28/08/2022
Re: Spin off un détour pour l'enfer
Mar 30 Aoû - 14:46
Et dire que je pensais qu'il y avait de l'action et du sang dans mon texte... Arff
Re: Spin off un détour pour l'enfer
Ven 2 Sep - 11:28
Quelle ambiance Merci de m'avoir permis de lire ça !
- Ginevra
- Messages : 155
Date d'inscription : 22/05/2022
Re: Spin off un détour pour l'enfer
Ven 2 Sep - 18:24
Quelle ambiance, j'ai bien envie de lire un Détour pour l'enfer pendant ma soirée d'Halloween du coup !
Et surtout, mais... Il abandonne son fils Je dois dire que je m'y attendais vraiment pas. C'est une bonne utilisation d'un trop qu'on voit très souvent: on se dit que le père va courir sauver sa progéniture mais... Non en fait. Il se contente de courir vers son salut. Très bien joué
Et surtout, mais... Il abandonne son fils Je dois dire que je m'y attendais vraiment pas. C'est une bonne utilisation d'un trop qu'on voit très souvent: on se dit que le père va courir sauver sa progéniture mais... Non en fait. Il se contente de courir vers son salut. Très bien joué
Re: Spin off un détour pour l'enfer
Sam 3 Sep - 7:42
Quel plaisir de retrouver l'ambiance D'un détour pour l'enfer. Le texte est bien et j'ai étais étonné que le père abandonne ainsi son fils. Du coup, je vais me relire le livre pour octobre.
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