Le sauver coûte que coûte

Si tu veux le lire en live, tu peux, je suivrai le replay Par contre je n'ai pas eu le temps de me relire


Des années plus tard, lorsqu’il repenserait à ce moment, Pierre se souviendrait surtout des yeux de son frère. Il était habitué à y lire du mépris, une certaine nonchalance et un manque cruel d’empathie, mais on y voyait de l’intelligence, toujours. Pourtant, alors qu’il essayait de le ramener à la raison, il vit le moment exact où la lueur de folie entra dans ses prunelles pour ne plus en sortir. Mû par un instinct de survie qu’il ignorait posséder, Pierre se jeta en avant. Dans un flou sonore, il entendit le raclement de la chaise de William et le bruit sourd qu’elle fit en tombant sur le carrelage. William avait compris. Il avait peut-être même compris avant lui ce qu’il avait l’intention de faire.

Pierre ne savait pas qu’il était capable courir si vie ou encore de sauter d’un bond par dessus la table, les films d’actions que William avait passé sa vie à dénigrer allait peut-être lui donner un avantage. Son frère aussi s’était levé et sa main, celle qu’il n’avait pas en partie amputée pour ses expériences, n’était plus qu’à quelques centimètres du couteau. Pierre n’arriverait pas à temps. Il sentit sa bouche s’ouvrir et un cri inhumain en sortit.
“William ! Arrête !”
La main de son frère s’immobilisa un bref instant avant de reprendre sa course. C’était bref mais suffisant pour permettre à Pierre de combler l’espace qui les séparait encore. Il attrapa la chemise à carreau verte de son aîné et s’y accrocha de toutes ses forces. Il haletait, et s’était blessé dans sa course effrénée. Sa cheville battait son propre rythme, et son cœur menaçait de sortir de sa cage thoracique.

Ils n’étaient plus de jeunes hommes et avaient passé l’âge de se battre depuis bien longtemps. Il resserra sa poigne comme il put, pris appui sur sa bonne jambe et tira. Surpris par le geste, William fut projeter en arrière sans résistance. Les frères s’effondrèrent sur le sol. Pierre fut surpris de la chaleur qui se dégageait de son frère. Lui qui avait toujours était si froid avec lui, la partie irrationnelle en lui avait toujours pensé qu’il était fait de glace. La respiration sifflante, Pierre se redressa pour repérer le couteau. Du coin de l’œil, il vit le manche dépasser en partie de la table. Il faillait en éloigner William, coûte que coûte. La main au doigt amputé de William se cala sous sa mâchoire et il poussa. Ses ongles s’enfonçaient dans sa peau et Pierre se surprit à penser aux marques que ça allait laisser. Un coup dans les cotes le désarçonna et il recula instinctivement, seulement pour sentir une douleur soudaine à sa tempe gauche.

Pierre leva la main et toucha sa tempe. La texture du sang ne pouvait être confondue avec une autre. Son arcade avait été touché. Bien qu’ayant seulement trois ans d’écart, les frères ne s’étaient jamais battus, ni même chamaillés. William aurait-il encore le dessus sur lui ? Les enjeux étaient trop sérieux pour qu’il se permette la moindre faiblesse. Son frère n’était plus lui-même et il était le seul sur place. Il n’y avait pas d’échappatoire. Il devait le retenir suffisamment longtemps pour pouvoir appeler les secours. William était affaibli et était sorti de l’hôpital seulement deux semaines auparavant. Il devrait pouvoir le forcer à regagner sa chambre.

Pierre sentit son cœur s’arrêter un instant avant de repartir sauvagement. William avait profité de son état hébétude pour aller jusqu’au couteau, ce con ! Avec une colère qu’il n’avait pas ressentie envers William depuis des années envoya son poing dans son dos. Ce n’était pas juste, mais il n’avait pas le temps pour ça. Il entendit un craquement ecoeurant et une douleur vivre remonta à travers son bras. Il n’y prêta pas attention. Son frère était tombé en avant et s’appuyait péniblement contre la table. Pierre n’essaya pas de le relever. A la place, il leva le bras et assena un autre coup, sur l’épaule droite de William cette fois, bien décidé le mettre hors d’état de nuire. Au moins pour un moment. Ils ne pourraient plus jamais regarder ses neveux et nièces en face s’il ne faisait pas l’impossible pour sauver leur père. Ce dernier poussa un gémissement douloureux et se retourna brusquement. Il avait l’air sauvage et si contraire au savant qu’il avait été. Il ressemblait de plus en plus aux caricatures qu’en avait fait la presse. Un homme fou dans son laboratoire.
Un homme fou dans un laboratoire avec un couteau, rectifia mentalement Pierre. Et c’était tout le problème. Comment protéger William de lui-même alors qu’il était convaincu que son intégrité physique était un petit prix à payer au regard de la science.
« Tu n’as jamais compris, petit frère, dit William d’une voix sifflante. Tu n’as pas voulu comprendre. Tu étais tellement jaloux de moi. J’ai eu tout ce que je voulais pendant que tu devais te contenter de m’admirer et de m’envier de loin. Tu crois que je ne sais pas ce que tu essayes de faire ?
- Je veux te sauver de toi-même ! »
Pierre frappa son frère à la mâchoire, avant que la douleur dans son bras ne devienne trop forte. Il tituba au ralentit avant de se pencher vers l’avant. Il se tiendrait entre William et son couteau, même si c’était la dernière chose qu’il ferait. Sa tête tournait et la sueur lui brûlait les yeux. Il n’était pas venu dans l’intention de se battre, il n’était pas non plus un bagarreur et maintenant que le combat se prolongeait, il réalisait qu’il n’avait pas l’endurance nécessaire pour cela. Il allait s’évanouir à cause de la douleur dans sa cheville, sa temps et sa main, il le sentait. Déjà, des points noirs gênaient sa vision. Il se sentit tomber vers l’avant. Dans un dernier moment de conscience, il orienta sa chute sur le bras de William qui tenait le couteau, il fallait l’en empêcher, il le fallait...

En lisant, j'ai bien ressenti la rapidité de la scène, le fait que Pierre veut faire vite pour sauver son frère. Je trouve que c'est bien écrit mais j'ai dû relire le texte pour bien comprendre, ce qui est paradoxal^^

Joli combat et jolie plume! J'ai bien aimé ton idée de scientifique qui perd les pédales et son frère prêt à tout pour l'arrêter. La seule question que je me pose finalement, c'est quelle mouche a piqué William au final? Est-ce qu'il s'est injecté un produit qui l'a rendu violent ? Est-ce que ce sont ses propres émotions qui lui ont fait perdre la tête ? A moins que j'aie mal compris, je crois qu'une phrase ou deux pour l'expliquer aurai(en)t été la/les bienvenues ^^ J'ai beaucoup aimé l'enchaînement des dialogues et la construction des phrases. Ça se voit que tu fais attention au rythme et je trouve que ça fonctionne parfaitement ! Et si je devais juste pointer un dernier petit détail du doigt, tu dis à un moment que William et Pierre ont passé l'âge de se battre (sous entendu ils l'ont déjà fait plein de fois) et plus loin tu dis qu'ils ne se sont jamais battus ou chamaillé. Attention aux contradictions

Merci beaucoup pour ton retour saz_water ! Effectivement comme il s'agit d'une scène pour une de mes histoires sans beaucoup de contexte il y a des choses assez difficiles à comprendre, merci d'avoir pris le temps pour ça !

Sayuri.K, je te remercie aussi pour ton commentaire c'est super intéressant comme retour parce que pour moi le fait de dire qu'ils ont passé l'âge de se battre était pour indiquer plus ou moins indirectement qu'il s'agit d'hommes matures et non qu'ils se sont battus plein de fois... Du coup je te remercie parce que effectivement si c'est ce que tu comprends cela crée un conteresens dans le récit et je n'y avais pas pensé de cette façon !
Je n'ai pas donné beaucoup de contexte pour respecter les consignes de la Reine des Miettes mais en gros dans mon histoire William a le don d'ubiquité et il fait des expériences scientifiques de plus en plus controversées sur lui-même pour comprendre les limites de ce don. Cette scène s'inscrira, quand j'arriverai enfin à l'écrire, vers la fin du roman quand William veut savoir ce qui se passerait si son double mourrait. Et comme tu peux le voir, son frère n'a pas l'intention de le laisser essayer

Très bon texte, j'aime beaucoup ! Le cadre est posé au début, faut un peu s'accrocher si on veut tout comprendre (le problème sur les textes courts d'atelier ^^'), mais le combat arrive vite et il est limpide ! On imagine bien la scène, il est bien rythmé et on en comprend bien les enjeux. Peut-être qu'un moment où les actions se seraient tout de suite enchaînées aurait augmenté en tension, mais en soit c'est juste un style et on arrive bien à avoir de la tension (surtout qu'on a beaucoup de ressentis de Pierre, pour le coup, c'est cool car plus immersif !)
En bref j'ai pas grand-chose à dire, c'était un texte très agréable à lire ^^ GG pour ton texte !

Merci beaucoup Martatin ! C'est vrai que l'exercice en atelier est un peu difficile pour faire passer tout ce qu'on a à dire ^^

Coucou ! J'ai bien aimé ton texte, le combat est bien retranscrit et on ressent la détresse du personnage qui veut sauver son frère malgré lui. Même si j'avoue que j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans à cause du manque de contexte. Après je comprend tout à fait, ce n'était pas le but de l'exercice mais ça m'a manqué pour mieux cerner les enjeux  

Concernant le style, je trouve que c'est bien écris et que le rythme est bon, mais si je devais me permettre une petite remarque c'est que tu utilises souvent la même structure pour tes phrases :

"La respiration sifflante, ..."
"Dans un flou sonore, ..."
"Mû par un instinct de survie qu’il ignorait posséder, ..."

Tu le fais surtout au début, moins dans la fin du texte

Il y a aussi quelques phrases que j'ai du relire deux fois pour les comprendre, par exemple :
"Son frère aussi s’était levé et sa main, celle qu’il n’avait pas en partie amputée pour ses expériences, n’était plus qu’à quelques centimètres du couteau."

Mais comme tu ne t'es pas relu(e) ça peut tout à fait se comprendre

Le contexte que tu expliques en commentaire me donne envie d'en savoir plus sur ce scientifique et sur son histoire
Bravo pour ce texte !  

Merci pour ton retour Azylys ! Le manque de contexte est frustrant autant quand on écrit que lorsqu'on lit les textes des autres ^^

C'est vrai que hors contexte, certaines phrases deviennent un peu plus difficile à comprendre. Je ne sais pas pourquoi je tenais absolument à préciser que William s'est amputé la main. On pourrait s'en passer pour comprendre le combat, mais dans ma tête c'est tellement acquis à ce moment là de l'histoire qu'il fallait le préciser d'une manière ou d'une autre.

Et bien vu pour mes constructions de phrases, maintenant que tu me le dis, c'est vrai que j'ai tendance à écrire de cette façon !

Hello ! Bravo pour ton texte ! ça se lit très bien, tout s'enchaîne.


Sa cheville battait son propre rythme : pas compris la phrase

Lui qui avait toujours était si froid avec lui, la partie : je pense que tu peux enlever "avec lui" pour éviter la redondance avec "en lui" juste après

si contraire au savant qu’il avait été. : pas très joliment dit

Merci pour ta participation !