A 21h au Medallion

Coucou les miettes! Voici mon texte pour l'atelier d'aujourd'hui, j'ai choisi l'image du restaurant. Je suis pas trop fan du texte mais tant pis x) Bonne lecture!

19h58

Mes doigts lissaient le col de ma chemise blanche pour la trentième fois au moins alors que je marchai dans le couloir. A deux minutes de mon entrée dans la salle, c’était le moment ou jamais de vérifier que ma tenue était impeccable. Mes boutons de manchette ? Brillants et choisis avec soin. Ma cravate ? Parfaitement nouée autour de mon cou. Mon costume ? Du plus bel effet. Un ensemble italien qui avait dû coûter une fortune à celui qui me l’avait offert, aussi confortable qu’un pyjama de soie. Mes cheveux ? Elégamment ramenés en arrière dans un catogan soigné. La panoplie parfaite du maître d’hôtel. A prendre mon service habillé comme ça, j’avais l’impression d’être l’un de ces agents secrets que l’on voit dans les films, sur le point de rencontrer la belle espionne en robe de velours venue lui apporter dans une mallette rutilante des liasses de billets verts. L’image m'amusa beaucoup.

19h59

Je me pressai vers la porte de la salle principale. Mon cœur battait à tout rompre, tel celui d’un sportif sur le point de faire son entrée sur le terrain. C’était un peu comme le début d’un match. Je me répétai les mots de Monsieur Morgan.

« Je veux du spectacle ce soir, mes enfants. Du grandiose ! Cette nuit doit rester dans les mémoires, alors ne me décevez pas. »

Juste avant de poser ma main sur la poignée cuivrée de la porte, je pris une profonde inspiration. Il n’était plus question
de reculer désormais. Ce soir, nous allions entrer dans l’histoire.

20h00

Je m’avançai vers le comptoir, un sourire aguicheur plaqué sur mes lèvres. Juste à côté de moi, une jeune femme en tailleur noir coiffée d’un chignon blond m’envoya un coup de coude amical.

« C’est le grand soir hein, James ? Tu ne tiens plus en place, je parie.
- Parle pour toi, Lizzie, répliquai-je d’un ton taquin. J’ai entendu tes talons marteler le sol depuis les vestiaires. N’oublie pas que nous devons rester le plus naturel possible ou nous ferons tout rater.
- Ne t’inquiète pas pour ça, mon chou. Je les aurai tous à ma botte ou je ne m’appelle plus Lizzie. Garde tes conseils pour toi et observe. »

Lizzie m’envoya un baiser. Et avant même que je ne songe à surenchérir, elle déverrouilla la porte du restaurant pour laisser entrer les clients.

20h02

« Nom, prénom et invitation ? M’enquis-je.
- Mon garçon, me répondit une grande godiche engoncée dans une robe fourreau bleue. Vous devez sans doute m’avoir déjà vue dans quelques films. Je suis même tête d’affiche dans « La Morsure de la Vipère Noire ». Voyons, faites un effort !

Sans me départir de mon sourire, je pris son carton d’invitation.

- Miranda Hansen, lus-je. Comment ai-je pu l’oublier ? Toutes mes excuses, Miss Hansen. Je vais vous mener à votre table.
- Je vous excuse, je vous excuse. Désirez-vous un autographe, mon cher ? Cela vous ferait un souvenir de votre rencontre avec moi !
- Rien ne me ferait plus plaisir, Miss. »

Je contournai le comptoir pour lui offrir mon bras dans une galanterie excessive, faisant mine de n’avoir pas entendu les gloussements de Lizzie.

20h15

« Dîtes, ça va durer encore longtemps cette attente ? Je suis pressé, moi !
- Nom, prénom et invita…
- Oh ça va ! Je vous entends répéter la même rengaine depuis dix minutes ! Harry Castaneda, banquier ! Voilà mon invitation !

Je reçus ladite invitation en pleine figure. Contenant mon exaspération, je rayai le nom sur ma liste. Je m’attardai un instant sur l’invité, la mâchoire crispée par la colère. Si j’en avais eu le droit, j’aurai fait valser ses lunettes à l’autre bout du restaurant pour lui apprendre le respect. Je résistai tant bien que mal à ma pulsion, rassuré par la pensée obsédante qu’il aurait bientôt une punition à la hauteur de son attitude. Tu feras moins le malin dans une heure, connard. En bon maître d’hôtel, je cachai mon insulte dans un sourire chaleureux et l’encourageai à me suivre.

- Par ici, monsieur Castaneda, je vais vous installer. »

20h30

« Malcolm, mon cher, quand vous m’avez parlé d’un restaurant en ville, je dois vous avouer que je m’attendais à quelque chose de bien plus… Chic ?
- Nom, prénom et invitation ? Demandai-je.
- Oh ne vous fiez pas aux apparences, chérie. Le Medallion est un joyau caché dans un écrin. Il ne paie pas de mine vu de l’extérieur, mais attendez de voir la salle !
- Nom, prénom et invitation ?
- Tout de même, j’aurais pensé que pour ce soir, nous allions nous retrouver dans un endroit plus adapté à notre anniversaire de mariage. Ah je donnerai cher pour savoir comment vous nous avez dégoté cette invitation, mon ami !  
- Je promets que vous ne serez pas décue, chérie.

J’agitai la main pour attirer l’attention des deux tourtereaux qui semblaient résolument décidés à m’ignorer. J’haussai le ton pour couvrir les jacasseries de la dame qui reprochait maintenant à son mari d’avoir choisi la mauvaise couleur de veste pour s’accorder avec sa robe fushia.

- Excusez-moi ! Monsieur, Madame, il me faudrait vraiment votre invitation, maintenant. La soirée est sur le point de débuter.

Les deux me considérèrent alors avec des yeux ronds.

- Mais enfin, piailla la dame, il est inutile de crier ! Malcolm et Sophia Ingram, c’est écrit là. Ce que le personnel peut être malpoli ! Venez Malcolm, nous trouverons notre table seuls. »

20h40

Je regardai Lizzie accueillir son dernier client, soulagé que la longue file amassée devant nos comptoirs soit enfin installée en salle. Nous échangeâmes un regard entendu lorsqu’elle mena un vieillard claudicant vers la seule table restante. Nous nous comprenions sans même avoir besoin de parler. Phase deux. C’est parti.

C’est à ce moment-là du plan que je n’avais pas le droit à l’erreur. Jusqu’ici, tout s’était déroulé sans accroc. Lizzie et moi avions accueilli et installé des dizaines de clients sans qu’un seul ne nous pose la moindre question sur l’invitation énigmatique qui les avait tous conduit à se retrouver un samedi soir au Medallion. Un restaurant si peu habitué à être sur le devant de la scène qu’il avait fallu repenser sa décoration et son organisation dans les moindres détails pour ne pas éveiller les soupçons.

Ces clients étaient tels qu’on nous les avait décrits. Des personnalités égocentriques si persuadées d’avoir de l’importance aux yeux du monde qu’il suffira de prétexter une inauguration en grande pompe pour qu’ils se sentent obligés de venir parader. Monsieur Morgan avait encore visé juste. Il appartenait à présent à Lizzie et moi de le seconder dans ce qui allait être la soirée la plus importante de sa vie.

20h45

La porte d’entrée du Medallion était fermée à double tour. Je gardai la clé dans une des poches intérieures de mon costume italien. J’avais fermé tous les stores, éteint toutes les lumières de l’entrée. Vu de l’extérieur pour quiconque s’attarderait dans la rue, le Medallion paraîtrait désert, comme il avait l’habitude de l’être. Ce n’était pas pour rien que tous les clients avaient été sommés de prendre des taxis privés pour se rendre sur le lieu de la fête. Pas d’attroupement de voitures devant le restaurant, pas de société de transport qui pourrait expliquer un si grand nombre de trajets le même soir pour la même destination.

Je me dirigeai à présent vers la salle où tous s’étaient attablés. Je repérai Lizzie, occupée à servir des verres de vins à toutes les tables. De temps à autre, je voyais sa main plonger à l’intérieur des manteaux et des sacs laissés sans surveillance, à la recherche de téléphones ou de tout autre moyen qui servirait à appeler des secours. Notre timing était parfait.

Je pris un instant pour observer le Medallion, plus rempli qu’il ne l’avait jamais été. Sous la houlette de Monsieur Morgan, nous avions occupé la semaine précédente à aménager la salle. Des tables rondes recouvertes de nappes grenat et des chaises drapées avaient remplacé les vieux bancs et tables de bois qui étaient restées là depuis l’ouverture. Des toiles tendues dissimulaient le plafond jauni, la tapisserie trouée. On avait installé des spots de lumière dont les couleurs changeaient pour instaurer une ambiance moderne et festive. De grands écrans de projection avaient été installé sur l’estrade à l’arrière des tables. L’air sentait la viande rôtie et la sauce au vin. Les conversations allaient bon train, remplies d’une insouciance qui allait bientôt disparaître. Personne ne faisait attention à moi ou à Lizzie.

Je verrouillai la porte de la salle principale.

21h

Les lumières s’éteignirent, coupant court à toutes les conversations.

Une voix triomphale s’éleva dans le noir.

« Mesdames, messieurs, bonsoir ! Je suis ravi de vous voir si nombreux au Medallion ! Je suis Glenn Morgan, votre hôte pour ce soir. Je vous ai promis la soirée de votre vie et je compte bien tenir ma promesse. Que le spectacle commence ! »

Voilà le résumé de ce que je n'ai pas eu le temps de développer : Glenn Morgan est un psychopathe qui a rassemblé plein de gens dans un restaurant pour les forcer à s'entretuer en jouant sur les scandales qui rythment leur vie et en forçant les gens à choisir le plus grand enfoiré de l'assemblée pour le punir. Tous les clients du restaurant sont des gens méchants et fourbes dans leur vie de tous les jours qui ont tous quelque chose à se reprocher et qui seront prêts à tout pour rester en vie. Lizzie et James sont des employés du Medallion que Morgan a payé très cher pour les motiver à le suivre.

Et en gros là, Glenn aurait demandé qu'on amène aux clients des photos compromettantes dans des assiettes sous cloche pour les forcer à contempler leur propre déchéance. Voilà pas eu le temps de creuser plus et c'est un peu le bazar déso  

J’ai tout simplement adoré ton texte! L’ambiance sombre, les personnages -intrigants pour certains, antipathiques pour d’autres- sont extrêmement bien réussis, mais ce qui m’a tenue en haleine c’est bien le rythme de ton texte! Tu as fait durer le suspense jusqu’à la fin, ton interprétation de l’image de départ est très originale et très bien écrite, il fallait y penser! J’ai pris l’habitude de lire tes ateliers et à chaque fois je ne suis pas déçue! Je n’ai rien à dire sur la qualité du texte à part que j’aurais aimé lire la suite, c’est typiquement le genre d’histoire qui attire mon regard.
Encore bravo à toi!

Très bon texte encore une fois ! J'ai beaucoup aimé l'ambiance que tu instaure et les personnages sont super bien caractérisés. Tu maitrises parfaitement le suspense pour nous tenir en haleine jusqu'au bout. J'aurais aimé lire la suite ! Un grand bravo à toi  

Oooh grand, énorme merci à vous deux !!

@allya, je suis vraiment très touchée par ton message c'est super gentil Il me va d'autant plus droit au coeur en sachant que j'ai écrit sans vraiment savoir où j'allais et ce n'était de loin pas le texte où j'étais plus à l'aise. Je te remercie beaucoup d'être passée me lire

@Azulys, merci à toi ! Je ne suis pas allée tout à fait au bout de ce que je voulais instaurer comme ambiance j'aurais voulu rendre ça encore plus glauque xD Mais si le rythme a fonctionné, je suis vraiment contente. Merci beaucoup pour ton retour

Un grand bravo pour ton texte !

Ta plume est toujours aussi agréable à lire. Tes personnages sont bien caractérisés. L'entente/la complicité entre James et Lizzie se ressent bien ; les clients m'ont à la fois fait rire et beaucoup agacée.

Je t'avoue qu'avant de lire ton résumé pour la suite, je pensais que ça allait partir sur une histoire de vampires, et que les clients allaient servir de casse-croûte... L'habitude de lire de la fantasy, je suppose

Encore bravo !

Hey Marie ! Ah les vampires ça aurait pu, ça aurait été tout aussi machiavélique Mais pour une fois je n'ai pas fait de fantasy, ça m'arrive aussi xD Merci beaucoup pour ton retour Je suis contente que mes personnages aient plu, je les ai même un peu fait passer devant la description qui était un peu l'exercice demandé finalement je m'en suis rendu compte à la fin... J'espère que la reine me pardonnera cet écart. Eh y'a quand même UNE description qui tient à peu près la route on peut dire que j'ai respecté la consigne au moins un peu

Hello Sayuri !
bravo pour ton texte, il se lit tout seul et est vraiment agréable. C'est rythmé, recherché... peut-être manque-t-il une certaine ambiance glauque qui s'installerait avec les descriptions (d'ailleurs, où sont-elles ?? ^^)
Merci pour ta participation !

J'ai beaucoup aimé ton texte ! Super bien rythmé, ça se lit parfaitement. Les persos sont bien définis, et les futurs participants hauts en couleur, ça donne effectivement très envie de les voir tous se déchirer et s'entretuer (comment ça, délire de psychopathe ? x) ). T'as manqué de temps pour la fin mais c'est déjà super d'avoir écrit en si peu de temps ! Bravo pour ton texte ^^

Admin a écrit:Hello Sayuri !
bravo pour ton texte, il se lit tout seul et est vraiment agréable. C'est rythmé, recherché... peut-être manque-t-il une certaine ambiance glauque qui s'installerait avec les descriptions (d'ailleurs, où sont-elles ?? ^^)
Merci pour ta participation !

Alors euh, c'est une bonne question En fait je me suis aperçue à la fin de l'atelier que j'avais négligé les descriptions. J'ai mis beaucoup de temps à démarrer et pas trop à l'aise avec mon idée je savais pas vraiment où j'allais. Et de base je ne suis pas une auteure qui décrit beaucoup au premier jet, donc j'imagine que pas rassurée chez moi = Je n'ose pas vraiment sortir de ma zone de confort qui est de ne presque pas décrire. Alors oui c'était un peu le thème mais que veux-tu des fois on panique Voilà voilà pour les explications x)

Mais sinon ravie que le texte t'ait plu quand même j'apprécie toujours autant tes retours un grand merci à toi

Martatin a écrit:J'ai beaucoup aimé ton texte ! Super bien rythmé, ça se lit parfaitement. Les persos sont bien définis, et les futurs participants hauts en couleur, ça donne effectivement très envie de les voir tous se déchirer et s'entretuer (comment ça, délire de psychopathe ? x) ). T'as manqué de temps pour la fin mais c'est déjà super d'avoir écrit en si peu de temps ! Bravo pour ton texte ^^

Non mais faut pas croire hein, je suis dans le même délire psychopathe quand j'écris des trucs comme ça Tu m'aurais laissé plus de temps je sais pas où je serais partie Merci beaucoup de m'avoir lue, contente que tu aies aimé le texte