La fin d'un voyage

Le long voyage s’achevait enfin. Melle avançait aux côtés de personnes qu’elle ne connaissait pas. Tous s’étaient ajoutés au fur et à mesure qu’elle progressait vers la ville, une destination prisée de toutes les classes sociales. Ludelle, la capitale, se dressait aussi fièrement que la montagne qui la portait. Les toits vermeils ornaient les multiples maisons qui faisaient face au soleil rouge.

Melle hâta le pas malgré ses jambes à bout de force. Les coups de cannes mêlés aux pas irréguliers lui confirmaient qu’elle n’était pas la seule épuisée. Néanmoins, certains semblaient posséder une force insoupçonnée tant ils couraient vers la grande entrée, seuls ou accompagnés de leurs animaux surchargés d’objets en tout genre. Ce n’était pas étonnant, même Melle se sentait pourvue d’une vigueur toute nouvelle. On raconte depuis longtemps que Ludelle dégage une aura bienveillante à ceux qui apportent paix et richesse. Un mythe ou une réalité, Melle s’en fichait. Le spectacle valait bien plus que des mots.
Elle leva la tête sur la ville baignée de lumière rouge. Bien que la distance soit encore grande, elle discernait les quelques linges suspendus entre les maisons grisâtres. Si les couleurs ne la dépaysaient pas, la structure, en revanche … Construites sur plusieurs niveaux, les habitations paraissent vouloir se défier les unes aux autres de leur splendeur. Au sommet, le temple – refuge et but ultime des pèlerins – manifestait une étrange connivence avec la vallée qui s’étendait au loin, sous l’astre doré qu’ils vénéraient. Plus claires que l’ensemble des bâtiments, les colonnes du temple contrastaient avec la pierre noire des montagnes.
Melle marqua une pause dans ses réflexions quand une immense ombre plongea sur les celles-ci. Imposantes, elles donnaient l’impression de veiller sur Ludelle. Mais la vraie protectrice de la ville n’était autre que la majestueuse statue. Au-dessus du bastion, elle se tenait debout à l’ouest, main levée vers le soleil.

Un vent frais souleva quelques mèches dépassant de sa capuche, Melle la serra d’une main tout en observant Ludelle, le sourire aux lèvres.
Le claquement des sabots des chevaux rythmait ses pensées devenues plus légère. Elle tourna légèrement la tête pour identifier l’un des équidés qui la dépassait à peine. Un homme guidait l’animal à terre, transportant – tout comme sa monture – une multitude de sacs près à craquer. Le cheval piaffa lorsque son maître accéléra l’allure.
Encore quelqu’un pressé d’étaler sa richesse, songea Melle en glissant les doigts dans sa poche. Elle sourit au contact du rouleau de papier, puis le tira doucement de sa poche. Peut importait, à présent, elle avait à nouveau un but.
Une soudaine rafale souleva le papier de ses mains et elle lâcha un cri de surprise. Melle le rattrapa et vérifia une nouvelle fois les lettres gravées : elles n’avaient pas bougé. C’étaient bien les mêmes que lorsqu’elle avait reçue la lettre, trois mois plus tôt. Cette écriture en patte de mouche qu’elle affectionnait particulièrement. Une promesse.

Si au début, Melle devait se concentrer pour déchiffrer le contenu, elle le connaissait désormais par cœur. Une invitation de l’homme qui l’a aidé à grandir et à s’affirmer. Mais aussi un homme qui l’a abandonné.
Père…, pensa Melle en fermant les yeux, vous m’aviez promis. Elle blottit la lettre contre sa poitrine et jura en silence. Les émotions contradictoires gonflaient dans sa gorge et l’obligeaient à prendre de rapides inspirations. Blessée, la joie de Melle finirait par la dominer.


(Je n'ai pas eu le temps de terminer, ni de vraiment me relire, et je m'excuse aussi pour les fautes. D'ailleurs, c'est ma première participation et après plusieurs mois sans avoir écrit, j'ai eu du mal à reprendre !)