Douleurs muettes.

J'ai choisi l'image du restaurant.
C'est un texte que j'avais écrit il y a un moment, je l'ai réadapté.
Alors j'ai aussi travaillé sur l'autre image.
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Ce soir-là on fêtait les fiançailles de mon frère Arnaud et de Clara au restaurant. Le Heimat était ce genre de restau un peu chic mais pas inabordable. C’était pas un endroit où l’on aurait pu voir débarquer une famille nombreuse avec trois gamins en bas âge. A ma droite, Clara dévorait mon frère du regard. Il paraît que les jumeaux, surtout les monozygotes, ont un genre de lien étroit, fusionnel, presque surnaturel. Personnellement je ne l’ai jamais senti. La seule chose qu’on avait jamais partagé en vingt-trois ans d’existence était notre chambre d’enfant. Pour être honnête, si on n’avait pas été frères je sais même pas si je lui aurais adressé la parole.
La rumeur des clients et les bruits de leurs couverts mettaient mes tympans à rude épreuve alors que je faisais glisser ma serviette de table entre mes doigts. En face de moi, la place était vide. Nawell était sortie fumer en attendant nos plats. En tant que fille du proprio elle n’avait pas eu de mal à nous trouver une table à la dernière minute.
Il y avait trop de gens, trop de bruits, trop de tout. J’ai préféré sortir fumer une clope avant de m’énerver. J’ai rejoint Nawell à l’exterieur. Sa carrure étroite dépassait à peine de son épaisse chevelure. Une main en haut de son dos, j’ai posé un baiser sur sa tempe avant qu’elle ne crache une nouvelle bouffée de fumé.
— On est servis ?
— Pas encore.
J’ai sorti une clope et j’ai à peine eu le temps de la mettre à la bouche que Nawell m’avait déjà tendu son briquet.
— Merci.
— Ça va toi ?
— Oui.
C’était faux mais je voulais pas m’étendre sur mes sentiments. Elle parlait et j’écoutais d’une oreille distraite alors que le cliquetis de ses bijoux était encore plus désagréable que le vacarme du restaurant. Mes acouphènes ont fini par recouvrir tout le reste. Sur le trottoir d’en face, un homme, la soixantaine peut-être, promenait son Jack Russell. Le chien s’est mis à chier en plein milieu du trottoir et une fois fini, le maitre, sans même une hésitation, a repris sa route. C’était le genre de gars qui dit que les jeunes ne respectent rien. Mais, mec, t’attends pas à mon respect si t’es pas foutu de ramasser la merde de ton chien.
— Et toi, t’en dis quoi ?
— Hm… Pardon ?
— Tu m’écoutes ?
— Désolé, j’ai perdu le fil.
— Il y a un problème ?
— Non, c’est juste que… Tu te vois où dans vingt ans ?
— Je nous vois mariés, sûrement avec des enfants, on aurait un bel appart ou une maison et puis…
Elle reprendrait la direction des établissements de son père, elle irait lui demander conseil de temps en temps bien-sûr. Elle ferait construire des hôtels et restaurants à New York, Londres et pourquoi pas Tokyo. Je connaissais ce refrain par cœur. Je la laissais parler, ça lui faisait plaisir. Elle savait exactement ce qu’elle voulait.
— Et toi, tu te vois où ? Toujours à bosser au garage avec Arnaud j’imagine.
C’était ça le problème, j’en avais aucune idée. Bosser au garage ? Plutôt crever ! Je sais même pas ce que j’aurais fait si ça avait été le cas, je me serait pendu sans doute… Elle attendait une réponse et en fait, je pourrais pas vous dire ce que j’ai dit exactement, même après tout ce temps c’est encore flou. Si je ne trompe pas il me semble avoir tenté d’arrondir les angles. Tout ce que je sais c’est que ça a sonné la fin de notre relation. Je suis parti en éteignant ma clope dans le cendrier à l’entrée et j’ai disparu au coin de la rue.
J’ai sorti mes écouteurs, les ai mis et ai joué ma playlist en aléatoire. Le hasard a voulu que Nina Simone me chante « Feeling Good ». Comme je marchai je mimai les paroles,  je voulais juste ressentir ce qu’elle décrivait avec tant de conviction.
Arnaud m’a appelé. Pour savoir où j’étais sans doute, ou si ça allait. J’ai pas décroché. Oh non, j’allais pas bien. Depuis des mois j’avais perdu le goût. Tout ce que je mangeais avais un foutu goût de pain de mie bon marché et tout ce que je buvais était aussi agréable qu’un verre d’eau tiède en plein été. Tout autour de moi ne m’évoquait qu’un profond ennui. Mais bien sûr je pouvais pas leur en parler, ils n’auraient pas compris. Pour eux j’avais tout ce qu’on peut vouloir : un boulot, une copine, un toit au-dessus de la tête. Nina Simone s’est tue. Ils m’auraient dit de me ressaisir. J’ai changé de musique en accélérant le pas. Je les emmerde.

Bravo pour ton texte !
On ressent bien l'état d'esprit du personnage. En vrai je me suis même inquiétée pour lui, j'espère que ça finit bien/pas mal (si tu as imaginé la suite).
Juste, je trouve que ça manque un peu de description du restaurant (je te jette pas la pierre, je me suis rendue compte que j'avais moi-même pas assez décrit ^^'). Vu que c'était un texte pas sur ça à la base, c'est compréhensible, mais peut-être que dans ta réadaptation tu aurais pu rajouter quelques détails supplémentaires.

ça se lit tout seul, un rythme entraînant ! En effet ça manquait de description du restaurant (ça ne m'a pas dérangé mais c'est vrai que du coup tu passes un peu à côté de la consigne) mais mis à part ça, super

Coucou,
Un joli texte, un peu hors sujet, mais se lit bien.

Hello ! Bravo pour ton texte, il se lit bien. Il n'y a pas trop de descriptions malheureusement. Aussi, attention aux temps qui se mélangent à mon avis et aussi au ton qui n'est pas le même pendant tout le texte (tu passes du normal au vulgaire).
Aussi, ce serait chouette de montrer concrètement la colère du personnage plutôt que ça se passe uniquement dans sa tête.
Merci pour ta participation !