La confrérie (atelier écriture 24/04)

Free style total...   Bonne lecture quand même  

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Soudain, toutes les horloges s’arrêtent. Les aiguilles de ma vieille montre aussi grosse que mon poignet se sont figées. Je fixe l’heure affichée à ma tablette. J’ignore combien de temps mes yeux ne clignent pas.
Midi et vingt-huit minutes.
J’abandonne l’eau qui boue sur la gazière pour vérifier le four, la télé, mon portable. Ce n’est pas une panne. La panique me gagne. Peut-être une hallucination ? Pour le savoir, j’enfile mon gilet en laine et sort de mon appartement. Dans les escaliers, je ne croise personne. Je ne perçois aucun son de télé que les propriétaires du rez-de-chaussée mettent à fond, ni les aboiements du chien d’une vieille pie toujours assise dans le parc de la résidence. Pourtant, elle est bien là, installée sur un banc en bois, le dos voûtée. Je passe devant elle, la salue d’un geste de tête.
Aucune réponse.
Je fais un pas en arrière pour revenir en face de la vieille dame. Ma main qui s’agite devant son visage ne lui tire aucune réaction. Je me tourne alors là où son regard fixe : son petit chien est figé en l’air, la gueule ouverte prête à attraper une balle de tennis.
Mon cœur s’emballe alors que l’information se fait une place dans ma tête.
Le temps est à jamais figé à midi et vingt-huit minutes.
Pourquoi suis-je épargnée ? Pourquoi le vent, lui, continue de siffler ?
C’est une mauvaise blague de mes voisins, ça ne peut être que ça. Pourtant, ce n’est pas mon anniversaire. Pourtant… même les horloges se sont arrêtés !
Affolée, je me mets en quête de trouver d’autres personnes non touchés par cet étrange évènement. En quittant le résidence, je remarque plusieurs voitures stoppés au milieu de la route. Des étudiants en vélo et à pieds remontent la rue pour rejoindre l’université… qu’ils n’atteindront peut-être jamais. Je tente de lancer une conversion avec la boulanger d’en face, mais repars bredouille. En voulant secouer un homme qui allait traverser la route alors qu’il était au rouge, une seconde douche froide me submerge. Son corps est dur comme du marbre, et aussi froid que la glace. Impossible de lui faire faire un geste.
Je resserre mon gilet autour de ma taille, soudain prise de frissons. Le silence est assourdissant. J’entendrais presque mon sang ruisseler dans mes tempes. Ou peut-être est-ce encore hallucination ? Suis-je en train de devenir folle ?
Des feuilles mortes tombées des arbres du parc roulent sur la bitume, près de moi. Un élan d’espoir naît au fond de ma poitrine. Je vais me réveiller de ce cauchemar dès que tout le monde aura repris connaissance. Si la nature revit, les humains ne devraient pas tarder, n’est-ce pas ?
De longues minutes s’écoutent. Enfin… façon de parler. Le temps a beau s’écouler pour moi, celui des autres ne se réveille pas. Prise d’une terreur sans nom, je redescends la rue pour aller m’enfermer dans mon appartement à double tours. Mon regard ne se focalise que sur le chemin à emprunter. J’ignore la vieille pie et son chien. Je remonte l’escalier quatre à quatre malgré mon souffle court. Toute tremblante, je claque la porte et me précipite dans ma chambre. En ouvrant la porte grinçante, c’est à mon tour d’être figée sur place... Mes jambes m’abandonnent lorsque je découvre deux grands hommes couvert d’un haut de forme qui sont assis sur mon petit lit. L’un d’eux a le réflexe surhumain de retenir ma chute.
Au moins, eux ne sont pas figés dans le temps… Mais qui sont-ils ?
Les mots restent coincés dans ma gorge. Mes yeux ouverts en ronds dévisagent l’homme qui m’a retenu par la taille. Ses cheveux châtain sont attachés en une petite queue de cheval à sa nuque. Contrairement à l’autre inconnu qui est habillé tout de noir, lui a une chemise blanche, un veston et un pantalon bleu, et des plumes de paons accrochés à son chapeau. Ce qui assez… original.
Je me décroche de son emprise et percute le mur recouvert de papiers peints en voulant reculer, mais ne montre aucun signe de douleur. Je ne quitte pas des yeux les deux inconnus, scrutant leurs moindres gestes. Pendant une seconde, je songe à fuir. Mais l’homme aux plumes de paon affiche un sourire tendre avant que mon corps ne m’obéisse. Bien que je sois obligée de lever la tête pour le regarder en face, son visage adoucit me détend un bref instant… jusqu’à ce que son acolyte se redresse à son tour. Il sort de sa poche une montre à gousset qu’il pend devant mon nez. Les aiguilles tournent à toute vitesse, me donnant le vertige.
— Ceci est de ton fait, petite.
Je fronce les sourcils.
— Tu as arrêté le temps, précise-t-il sur un ton plus grave. C’est ainsi que réagi ma montre lorsqu’un être exceptionnel utilise ses dons sur terre.
Je me mords les joues, me retenant de lui rire au nez. Je me pince plusieurs fois le bras, espérant me réveiller sous peu.
— Alors, d’après vous, je suis un être exceptionnel ?
— Certes, cela ne se voit pas encore, rétorque-t-il en se pinçant les lèvres.
Ce sont deux guignols, voilà tout. Demain, je passerais à la télé pour avoir été pris pour cible dans une énorme blague.
— Ne soit pas si dur, déclare l’homme aux plumes de paon. Les humains ignorent l’existence de notre confrérie.
— Une confrérie ? je demande, soudain curieuse d’entrer dans leur jeu.
— Nous œuvrons dans l’ombre. Chacun de nous possède un don. Moi, je peux me téléporter, par exemple. Toi, tu as l’air de contrôler le temps. Un pouvoir comme le tien s’apprend, et nous serait grandement utile pour préserver la terre d’attaques de monstres.
— Des attaques de monstres ?
— Des chimères principalement, petite. Parfois des dragons, ça reste assez rare. Mais assez parlé, nous avons perdu assez de temps. James, ramène-nous à la base.
Perdu… du temps ? Il se fiche de moi !
— Désormais, tu es l’une des nôtres, petite. Ne t’inquiète pas. Dès que tu auras quitter cette terre, le monde pourra reprendre son cours. Tu n’as le choix que de nous suivre pour apprendre à utiliser ton don. Dans quelques années, tu pourras revenir sur terre pour accomplir des missions, et protéger les tiens.
La main du dénommé James prend la mienne. Je suis encore trop abasourdie pour me débattre. D’ailleurs, mes forces semblent me quitter lentement. Le sol se dérobe sous mes pieds. Littéralement. Ma chambre s’assombrit, ne reste que les deux silhouettes sombres qui me sourient.
— Nous te téléportons à la confrérie, petite. N’aie crainte. Nous sommes ta nouvelle famille.
J’acquiesce, à moitié consciente de ce qui m’entoure et des paroles qu’échangent les deux hommes. Le temps sur terre s’arrête pour moi, tandis que tous les autres terriens vont se remettre à vivre.
Arrachée brutalement à ma chambre, c’est ainsi que ma nouvelle vie a débuté.

Une bonne lecture J'aime bien l'idée que l'arrêt du temps vient de l'héroïne et qu'elle ne le sait pas au début. Par contre, comment ça se fait que seules les feuilles mortes bougent ?

"C’est une mauvaise blague de mes voisins, ça ne peut être que ça." : Je trouve ça étrange comme réflexion, ça me paraît pas probable que ses voisins puissent faire ce genre de blague, enfin arrêté le temps c'est pas très possible (enfin du coup pour elle si mais pour le commun des mortels je trouve ça impensable )

"Des chimères principalement, petite." J'ai été tenté de lire "chimènes" à la place de chimères xD

Le concept est intéressant et du coup on a envie d'en savoir plus sur cette confrérie et sur les pouvoirs de l'héroïne  

Moi aussi ça m'a un peu fait tilté le fait qu'à plusieurs reprises elle pense qu'elle est sous le coup d'une mauvaise blague, ça parait assez improbable  

"Des chimères principalement, petite." J'ai été tenté de lire "chimènes" à la place de chimères xD

Moi aussi !    Je me suis dis bien joué d'avoir réussi à placer Chimène  

En tout cas, bravo pour ta participation  

Je rejoins les autres avis, c'est très intriguant comme texte sur les pouvoirs de l'héroïne et la confrérie. Je suis très curieuse. Si un jour tu veux approfondir, je serais ravie d'en apprendre plus
J'aime beaucoup la montée de la peur chez l'héroïne mais du coup à chaque fois qu'elle pense que c'est une mauvaise blague ça me sort de l'ambiance.

Bravo pour cette belle participation et merci pour cet instant, ma foi bien agréable de lecture.

Bravo pour ton texte ! je pense que l'idée est chouette, et on sent que tu peux imaginer tout un univers avec J'ai l'impression que les émotions/pensées de ton héroïne vont un peu vite par rapport à l'action. Pareil pour le dialogue avec la confrérie où on chope plein d'infos et où on n'a pas trop le temps de digérer. Une seule info aurait peut-être été mieux.
Merci pour ta participation !