L'arrêt du temps

Après une course effrénée pour ne pas rater le métro et gravir les marches interminables du lieu de tous ses espoirs, Saioa marque une pause dans le hall pour reprendre son souffle. Aujourd’hui, elle présente ce projet qui lui tient tant à cœur depuis des années. Le hall du bâtiment des entrepreneurs, elle le connaît bien. Mais elle ne peut s’empêche d’être épatée par sa grandeur et sa décoration. La hauteur sous plafond donne une si grande impression d’espace, qu’elle a l’impression que deux fois plus d’air gonfle ses poumons à chaque inspiration. Le marbre, qui pourrait donner une sensation de froideur, est accompagnée de plantes et fleurs colorées disposées aux quatre coins de l’entrée. Les cadres accrochés ici et là, laissent penser que tout est possible. Autour d’elle, d’autres viennent tenter leur chance. Certains sortent des bureaux le sourire aux lèvres ou en dansant sur place, d’autres baissent la tête et quittent rapidement les lieux.
L’air déterminé, Saioa regarde sa montre. Malgré son inquiétude, elle a une bonne demi-heure d’avance sur son rendez-vous. La bouche légèrement sèche, elle décide d’aller se rafraîchir à la fontaine. Elle en profite également pour lisser sa jupe et sa veste en blazer, même si ces derniers sont impeccables. Alors que l’horloge du bâtiment retentit pour annoncer trois heure moins le quart, Saioa regagne l’escalier principal pour patienter devant le bureau de son conseiller, au premier étage. Une fois assise sur le fauteuil en velours bleu nuit, elle ne cesse de jeter des coups d’œil à l’horloge qui se trouve au bout du couloir. Stressée, Saioa gigote, change de position, remue sa jambe, soupire, pianote sur ses documents. Tic, tac. Tic, tac. Tic, tac. Le temps passe au ralentit et les battements de son cœur se font de plus en plus oppressants.

- Je n’ai pas le droit de tout gâcher à cause de ce fichu stress ! marmonne-t-elle dans l’espoir de se reprendre.

Trois heures. L’horloge émet une douce musique accompagnée des trois coups habituels. Mais à ce moment-là, quelque chose change. Pendant un instant, Saioa a l’impression d’être en apnée. Tout devient silencieux. Immobile. Le temps semble suspendu. Ne pouvant pas résister, la jeune entrepreneuse se lève et constate que les aiguilles de l’horloge ne tournent plus. Toutes sont restées bloquées sur trois heures. L’heure de son rendez-vous. Seule dans son couloir, elle se précipite au niveau de l’escalier principal qui donne une vue d’ensemble sur le hall. Saioa retient un cri d’effroi. Plus personne ne bouge, comme si tous les individus qui avaient franchi le seuil du bâtiment avaient reçu un mauvais sort. Tous, sauf elle. En descendant de quelques marches, elle observe le cadrant du hall et même constat: toutes les horloges se sont arrêtées. Sa petite montre argentée de déroge pas à la règle.

- C’est quoi cette mauvaise blague… lâche-t-elle le souffle haletant à cause l’angoisse.

Dans le silence lourd maintenu par cet arrêt brutal du temps, Saioa perçoit des bruits de pas. Quelqu’un a l’air de courir. Peut-être donc n’est-elle pas seule dans ce cauchemar ?

- Eh oh ??? entend-elle en résonance. Si quelqu’un m’entend répondez-moi !
- Je vous entend ! réussit à articuler Saioa malgré sa crainte.

Un homme d’une trentaine d’années débarque alors au pied de l’escalier.

- Si vous saviez ce que ça me rassure de ne pas être seul à ne plus bouger ! Vous êtes ?
- Saioa. Et vous ?
- Ulrich. Vous étiez aussi là pour soumettre un projet ?

Saoia se contente de hocher la tête. Étrangement, elle est partagée entre le soulagement de ne pas être seule dans cette situation et l’inquiétude qu’elle ressent envers cet inconnu. Elle prend une grande inspiration. Elle ne va quand même pas se mettre à douter de son seul potentiel allié ! Alors qu’elle entreprend de rejoindre Ulrich en bas, de nouveaux bruits de pas claquent sur le sol. Un groupe d’environ dix personnes apparaît au premier étage. Des femmes, des hommes, jeunes et moins jeunes.

- A quelle heure aviez-vous votre rendez-vous ? questionne immédiatement une femme stricte au carré plongeant.
- Trois heures.

En parfaite synchronisation, Saioa et Ulrich se regardent en pleine incompréhension.

- C’est bien ce que je pensais… Nous avions tous rendez-vous à cette heure-là, avec différents conseillers. Et nous sommes les seuls à ne pas être paralysés par l’arrêt du temps, explique la femme.

Le petit groupe se forme alors devant l’escalier. Saioa n’y comprend rien, mais elle donnerait tout pour que le temps reprenne son cours rapidement.

- Ah mais vous êtes tous là ! On vous a cherché dans tout le bâtiment ! s’exclame alors un homme sortit de nulle part.

Les cheveux grisonnant, il ne mesure sans doute pas plus d’un mètre vingt et replace ses lunettes rondes sur son nez. Il porte un costume trois pièces et sort de la poche de sa veste une montre à gousset dont les aiguilles n’arrêtent pas de tourner.

- Et bien ? Vous me suivez ? On n’a pas l’après-midi ! s’agace-t-il en partant sous l’horloge.
- Pourquoi on devrait vous suivre ? Commencez déjà par nous dire qui vous êtes et ce qui est en train de se passer, ronchonne un homme du groupe.
- Doucement l’ami ! Il ne se passe rien d’anormal et vous allez tous reprendre le cours de vos vies. Je suis Heimer, et j’ai pour devoir de vous montrer deux ou trois petites choses.
- Et qu’est-ce qui nous dit qu’on aurait raison de vous faire confiance ? interroge Ulrich.
- Rien du tout. Restez tout seul ici si ça vous chante mon ami, mais plus vite on s’y met et plus vite on libère les autres, lance Heimer en désignant de la tête les gens immobiles.

D’une concertation générale, le petit groupe décide de suivre Heimer. Saioa suit le mouvement, hors de question de rester seule au milieu de ces statues. En appuyant sur une dalle de marbre, Heimer fait apparaît un ascenseur doré, suffisamment grand pour contenir au moins une quinzaine de personne.

- Après-vous, je vous en prie !

Mi-intriguée, mi-effrayée, Saioa se demande vraiment ce qui est en train de se passer. Cela fait des années qu’elle pratique ce bâtiment, à tel point qu’elle le connaîtrait presque par cœur et elle n’avait jamais vu auparavant quoi que ce soit qui pourrait laisser penser qu’un ascenseur circulerait à cet endroit. Heimer saute en dernier pour les rejoindre, et brusquement, le mur se reconstitue avant que l’ascenseur ne descende comme une flèche. Des cris retentissent de tous les côtés.

- Désolé, le démarrage est toujours un peu brutal. Des années que j’indique à ma direction qu’il faudrait changer ça mais bon vous savez… Ils n’ont que faire des réclamations d’un vieux crouton comme moi. Je sers seulement à rendre les services, et à faire… Oh là, pardonnez-moi je m’emballe.

Heimer se râcle la gorge avant de reprendre.

- Vous avez dû le constater, si vous êtes ici c’est parce que vous aviez tous un rendez-vous à trois heures pétantes. Vous étiez tous présents pour présenter votre projet. Et bien, croyez-le ou non, mais nous avons trouvé des points similaires dans chacun d’entre eux ! Il y avait soit une référence à la nature, soit à la culture ou au partage. Parfois même, un peu tout à la fois ! N’est-ce pas remarquable ?

Saioa regarde un peu tout le monde, mais personne n’a de réelle réaction. Personne n’a l’air de comprendre où ce petit homme veut en venir.

- Nous avons donc penser que vous pourriez nous associer à vous. Vos principes ont l’air d’être communs aux nôtres, alors vous seriez une sorte de passerelle entre nos deux mondes.
- Et vous n’avez rien trouvé de mieux que d’arrêter le temps sur Terre pour nous faire cette proposition ? s’énerve Saioa qui retrouve peu à peu son courage.
- Vous étiez tous regroupé au même endroit au même moment, c’était l’occasion rêvée ! Je reconnais que cette méthode n’est pas des plus sympathiques… Mais c’était une des seules solutions pour que les autres humains ne se doutent de rien et pour que vous puissiez découvrir notre monde et notre proposition sans perdre du temps dans votre vie. Car, j’espère que vous l’avez compris, une fois que vous sortirez d’ici vous reprendrez le cours de votre vie là où vous l’avez laissé, c’est-à-dire au moment de votre rendez-vous.

(j’avais prévu de développer les projets un peu pendant/après la visite de ce nouveau monde, mais j’ai manqué de temps, alors désolée si ça semble un peu confus…)

J'ai bien aimé le fait que Heimer apparaisse parce qu'ils ont des idées communes dans leurs différents projets. On peut imaginer que sans son intervention, jamais ils ne se seraient croisés Je suis curieux de savoir d'où il vient

Hello ! merci beaucoup pour ton texte ! Il y a de très bonnes choses, ça se lit facilement et on est intrigué par ce qu'il se passe. En revanche, je trouve qu'on a une certaine distance avec ce qui arrive et en tant que lectrice, je ne me suis pas tellement sentie concernée Je pense que tu devrais faire attention aux raccourcis/tell, à la description d'émotions (ex : "Saioa n’y comprend rien, mais elle donnerait tout pour que le temps reprenne son cours rapidement." "Mi-intriguée, mi-effrayée," qui ne sont pas très utiles). Je pense aussi être passée à côté du concept de l'histoire (avec le projet des gens et ce nouveau monde, pourquoi Ulrich est mal vu) mais c'est peut-être parce qu'il te manquait du temps.
Mais bravo pour ta participation !

Hey, c'était très sympa à lire ! J'aime beaucoup l'idée de partir dans de la fantasy, ça m'a vite fait rappelé les Artemis Fowl de ma jeunesse :') J'avais l'impression qu'il y avait quelques longueurs au début, mais c'est sans doute à cause du fait qu'il n'y ait pas de suite (manque de temps, je comprends ^^'). Mais ça donne grave envie ! Bravo d'avoir réussi à imaginer et écrire tout ça ^^