Vivre sans horloge

Comme tous les soirs, Anna rentra chez elle après son travail à mi-temps et suivit sa routine quotidienne. Pour elle, cette routine est importante et même nécessaire pour contrer ses angoisses. Une fois ses affaires posées, elle se réchauffa un plat préparé le week-end et se posa devant la télé. Son chat ne manqua pas de l’accueillir dans un long miaulement tout en se frottant contre ses jambes. La jeune femme ne restait jamais plus d’une heure à table avant de filer faire la vaisselle ainsi qu’un brin de toilette et de se mettre au lit. La dernière étape de son rituel de fin de journée consiste à lire environ une demie-heure avant de se laisser aller dans les bras de Morphée.

L’orage de ce début d’été ne perturba pas la sommeil de la jeune femme. Pourtant, des éclairs déchirèrent le ciel teinté des couleurs de l’aurore et des coups de tonnerre assourdissant résonnèrent. Dans l’appartement, le réveil de la table de nuit berçait Anna de tic tac tic tac…
Soudain, toutes les horloges s’arrêtèrent. Le tonnerre cessa et tous les bruits de la ville se disparurent.

Après une nuit sans rêve, Anna se réveilla avec le doux chant des oiseaux perchés dans les arbres avoisinant. Lentement, la jeune femme ouvrit les yeux et prit son téléphone. Il était encore tôt, 6h18 d’après son réveil, et son premier cours n’était qu’à 9h. Anna ne resta pas au lit pour autant car elle aimait prendre son temps le matin et faire une partie des tâches domestiques avant de partir pour l’université. La vue de son écran la mit de bonne humeur. « Aujourd’hui c’est vendredi ! » pensa-t-elle. Un dernier petit câlin à son félin adoré et Anna commença sa journée. Sans se préoccuper plus que ça de son téléphone, l’étudiante donna à manger à son chat affectueusement nommé Nounours, mit une machine à laver en route et se prépara.
Les vingts minutes de marches jusqu’au campus était un moment privilégier durant laquelle Anna se préparait mentalement à sa journée, enfermée dans sa bulle musicale.
Pour la première fois depuis des années, cette bulle mentale serait la bienvenue pour des raisons dont personne ne se doutait.

Arrivée dans la salle de cours, Anne s’étonna du peu d’étudiant présents mais ne s’en formalisa pas outre mesure et s’installa. Son meilleur ami, Jules, se glissa sur le siège à côté d’elle au moment où le professeur entra dans la pièce. Il la salua tout en s’excusant de son retard. Elle le gratifia d’un sourire pour lui indiquer qu’il n’y avait pas de problème. Après tout, il n’était pas vraiment arrivé en retard.
Les étudiants ne virent pas le temps passer, tous absorbés par l’intérêt qu’ils portaient à la matière. A la fin de son propos, le professeur regarda la pendule accrochée au dessus du tableau. Les aiguilles indiquaient 6h18. « Tient, c’est l’heure à laquelle je me suis réveillée » remarqua Anna. Elle balaya la coïncidence de son esprit et prit la direction de la cafétéria avec Jules. Ils vérifièrent leur téléphone pour lire les notifications et regarder le temps restant avant leurs prochains cours. Ils relevèrent les yeux choqués. Les écrans affichaient 6h18.
Des groupes d’étudiants commençait à se former autour d’eux. Le même sujet était sur toutes les lèvres : toutes les horloges et aux autres pendules s’étaient toutes arrêtées à 6h18.
Anna commença à paniquer. Les horaires précis régissaient son monde. Comment allait-elle faire si son cadre était totalement chamboulé. Son ami tenta de la rassurer et de la calmer tant bien que mal. Un flot de questions envahit l’étudiante dont deux revirent plusieurs fois : quelle heure était-il réellement ? Comment ferait-elle pour savoir quand aller en cours ou au travail ? Le jeune homme essaya de répondre tout en tentant de garder le stress de son amie à distance. Il fini par lui crier de se taire pour qu’il puisse réfléchir. Les personnes massées autour d’eux se stoppèrent net en même temps qu’Anna.
Lentement Jules reprit la parole et expliqua que tout le monde serait obligé de vivre au rythme du soleil. Pour apaiser un peu plus la jeune femme, il lui assura qu’il l’accompagnerait partout : à la fac, au supermarché, à son travail et même chez elle.

Au vue de la situation inédite, le directeur de l’université décida d’annuler tous les cours restant pour cette semaine. Le duo ne manquerait pas grand chose. Ils n’avaient que deux heures d’anglais le vendredi après-midi. Jules tint sa promesse et accompagna Anna jusqu’au restaurent où elle était serveuse pour payer ses études.
Perturbée par cette nouvelle vie sans horaire, les rues, restaurants et bars furent désertés dès que la soleil commença à décliner.
Jules raccompagna sa meilleure amie chez elle. Elle lui proposa de rester dormir. L’angoisse de ne pas être à l’heure, d’imaginer se faire virer pour ça et, à terme, de ne pas pouvoir payer son loyer était revenue au galop une fois son service terminé.
Après manger, Jules construisit un cadrant solaire avec des bouts de bois trouvés dans le parc de la copropriété. Il savait que le minuscule balcon de l’appartement donnait plein sud. Il s’était déjà amusé à le confirmer avec une boussole quand Anna avait emménagée.
Sous la pression de son amie, il en fit un deuxième, celui-ci transportable. Il lui prêta sa boussole pourvue la jeune femme puisse l’orienter correctement.

Les jours suivants, le rythme de vie des habitants ralentis. La soleil fut de nouveau le seul outils possibles pour lire l’heure. Les journaux d’informations papiers et numériques relayèrent les informations connues sur le phénomène. Les programmes ne tenaient plus compte de horaires prévues initialement. Les trafics ferroviaire et aériens furent réduit pour éviter tout accident.
La population s’habitua à cette situation. Anna restait toujours très stressée par la situation même si la création de son meilleur ami l’avait beaucoup aidé. Jules ne faillit pas à sa promesse et resta exclusivement avec la jeune femme.

Environ un mois après l’événement, qualifié de catastrophique dans les médias, qui avait stoppé toutes les horloges. Un nouvel orage survint. Exactement à 6h18, les pendules et systèmes numériques reprirent leurs cours. Les réveils sonnèrent de nouveaux. La vie diurne et surtout nocturne reprit petit à petit comme avant cette pause temporelle.

Bravo pour ce texte !

Le point de vue choisi est intéressant, avec à la fois l'impact pour tous sur les études/le job/les transports... et l'impact plus précisément sur le stress d'Anna, avec le chamboulement des habitudes qui lui sont vitales.

Deux remarques :

Dans le premier paragraphe, vu que tu es globalement sur un texte au passé, les deux verbes que tu mets au présent m'ont fait tiquer. "cette routine est importante..." et "La dernière étape de son rituel de fin de journée consiste..." Je sais que le présent d'habitude ça existe, mais là comme en même temps tu décris sa routine aussi avec de l'imparfait/du passé simple, ça me fait un peu bizarre. Après c'est peut-être juste mon ressenti, peut-être que tu as parfaitement le droit de l'utiliser là... Une Miette davantage calée sur le sujet pourra peut-être nous éclairer

Dans la suite, notamment quand elle est à la fac avec Jules, quelques dialogues auraient pu donner un peu plus de dynamisme au texte, par exemple quand il essaie de la rassurer.

Voilà, encore bravo pour ton histoire !

Hello ! Merci beaucoup pour ta participation ! Je suis restée assez extérieure à l'histoire malheureusement. Je pense que pendant la première moitié du texte, tu restes trop concentrée sur des actions banales, racontées de manière très simple, ce qui fait qu'on n'est pas forcément intéressé par ce qu'il se passe. Et ensuite, on a beaucoup de résumés/choses racontées plutôt que de vraies actions et de vrais sentiments. Peut-être se concentrer plus sur quelques éléments plutôt que de vouloir tout raconter ?
En tout cas bravo pour ton texte et merci encore

Hey ! J'ai bien aimé ton texte, c'est sympa de réfléchir à comment notre société réagirait si elle n'avait plus le moyen de mesurer le temps qui passe. Bon, je suis un peu sorti du truc car mon côté scientifique arrêtait pas de remuer des petits trucs que j'aurais qualifié d'incohérences (mais c'est absolument normal d'en trouver sur un texte d'atelier, bien sûr !), mais sinon c'était très cool ! J'ai bien aimé l'héroïne étudiante prolo, facile de s'y identifier ^^ En tout cas bien joué pour ton texte dans le temps imparti !