La painpauté
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Frexantin
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Métempsycose d'un pyromane Empty Métempsycose d'un pyromane

Dim 20 Mar - 16:17
Ce soir-là, Raske avait décidé d'être seul, accompagné uniquement du visage de Benjamin Franklin qui brillait sur les milliers de billets qu'il avait en sa possession. La richesse monétaire lui avait appris à ses dépens la pauvreté du cœur, et pour se défendre de celle-ci il n'existait aucun système d'épargne.

Ses parents avaient péri huit ans auparavant dans un malheureux accident de voiture, ne lui laissant que sa petite sœur, Maria, alors qu'il n'avait que vingt ans. Elle, pour sa part, en avait seize, et avait dû se faire à l'idée d'acquérir son indépendance rapidement. C'était il y a huit ans.

Cette décision avait amené l'adolescente à cesser ses études pour fonder sa propre entreprise, un projet louable dans l'innovation de produits cosmétiques qui avait rapidement connu ses limites ; lorsque ses investisseurs proposèrent l'idée de profiter du travail des enfants de l'autre bout du globe à ses propres fins, elle avait automatiquement refusé. Cette décision brutale mais fidèle à son caractère fit fuir aussitôt ces derniers qui, ne voyant plus d'avenir ici, abandonnèrent leurs actions.

Raske avait entreprit de continuer le projet de sa sœur pour la sortir de la misère. Il s'était sali les mains et avait abandonné sa propre morale afin de ne pas avoir à se soustraire des règles de la corruption. Au final, il n'avait rien donné de cet argent à sa sœur ; ces billets étaient maudits et sales, personne ne devait y toucher. Cette décision le guida vers le nihilisme le plus profond et la perte de tous les intérêts qu'il avait à vivre ainsi.
Alors, huit ans plus tard, il avait décidé de se soustraire d'un autre système ; de se soustraire de ce monde.

Il avait des années durant enchaîné les rencontres avec des politiciens célèbres, des magistrats corrompus ; il savait mieux que personne que l'ombre de ceux qui réussissaient changeait de forme en fonction de la situation, qu'elle ne reflétait pas toujours leurs sourires polis mais assassins.

À ses yeux, ces hommes n'étaient pas plus humains qu'ils étaient des caméléons et des rapaces ; se fondre dans cette foule était synonyme de renoncer à toute chose, à tout honneur, et à toute justice.

Après avoir ouvert son briquet, tout en fumant sa dernière cigarette, il s'étouffa une dernière fois avec la fumée de cette dernière.

-Saletée de clope.

Puis, d'un geste calme, il réouvrit l'appareil à flammes, mettant feu à l'ensemble de sa fortune, à l'immeuble et aux quelques centaines d'habitants qui n'arriveraient pas à fuir à temps, ainsi qu'à lui-même.

Cet incident marqua sa fin, du moins c'est ce qu'il aurait aimé croire. Il était vingt-trois heures vingt-quatre.

Raske avait toujours été d'un athéisme profond, ayant auparavant grandi sous l'idéal chrétien de ses parents qu'il avait rejeté avec violence, il avait gardé une part de morale en lui qui s'était éteinte avec les années.
À mesure que son appartement s'embrasait, sa morale s'éteignait et seul l'esprit de vengeance l'occupait ; enfin il pouvait se venger de ce monde qui l'avait condamné à ce triste destin. Certes, les gens de cet immeuble n'étaient pas les coupables directs de sa triste vie, mais ils étaient des hommes comme l'étaient les crapules qui l'avait conduit jusqu'ici. Ils étaient donc coupables d'être humains à ce même titre.

<<Non, Raske, tu es bien le seul maître de ton destin.
Ce dernier ne ressentait plus ni chaleur ni douleur. Tout était noir autour de lui, il se sentait flottant mais étrangement calme ; -Qui êtes-vous ? Où suis-je ? J'ai survécu ?>>

Toutes ces questions s'enchaînaient dans son esprit, la curiosité le gagnait tant il ne comprenait pas les raisons de sa survie.

<<Tu es mort, Raske. Je me présente Velphys, déesse de la métempsycose. Je suis chargée de remettre ton âme dans le droit chemin ; et par conséquent de punir ton acte.
Le jeune homme n'en crut pas ses yeux, il ne répondit rien ; -Tu as fait mourir dans d'ardentes flammes pas moins de trois cent douze personnes, on compte presque autant de blessé qui en sont ressortis indemnes. Mesures-tu la portée de cet acte ?>>
-Ne me dites pas que vous allez me torturer ? C'est absolument injuste, si vous êtes une déesse observez le bilan de ma vie, j'ai tant perdu et tant sacrifié, mon geste s'expliquait.
-Tu comprendras par toi-même, petit homme. Pour le moment, tu vas connaître la même souffrance que celle que tu as propagé autour de toi. Nous verrons si tu continues à défendre ton acte. Dans le cas contraire, je te libérerai.>>

Puis l'esprit divin disparut dans le noir, se fondant au décor sombre dans lequel il était plongé.
Ses yeux se fermèrent mais rien ne changea, le noir était le même ; bientôt, il s'oublia. Son âme se divisa en sept fragments, et chacun se mit à voyager dans une direction différente.

Le premier véhicula jusqu'au corps d'un vieil homme qui vivait dans le même building que lui.
Le matin de l'incendie, il s'était réveillé un étrange sourire aux lèvres ; ce jour-là, sa fille s'invitait et avait dit venir avec une surprise.
Pour cette occasion, il l'avait invite chez lui, mais elle n'était pas encore arrivée.

S'asseyant confortablement sur son lit, ses yeux se perdirent dans l'album photo qu'il avait complété durant toute sa jeunesse.
Il s'intitulait : "Papa, maman, et moi.".
Raske était spectateur de la scène, il la vivait à la première personne avec les mêmes yeux que ceux du père de famille. Le fragment de son âme s'était coincé en la sienne, et lorsque le vieil homme se tourna vers le calendrier, il était inscrit dessus "15 mars".
Cette date était celle de l'affreux événement.
Quelques heures plus tard, un feu se répandrait dans l'immeuble si vite, qu'un homme de son âge au corps tout usé ne pourrait probablement pas fuir.

Ce que ni le vieux Danaël ni Raske ne savaient, c'est que la fille de cet homme, Victoria, viendrait avec sa petite fille pour fêter cette journée.
Et cette petite fille cachait une surprise dans son ventre que le vieux Danaël ignorait ; il allait bientôt devenir arrière-grand-père.
Raske savait cependant que tous ces espoirs partiraient en fumée à la nuit venue.
Pour autant, il avait fait cet acte sordide en connaissance de cause, et bien qu'il restait difficile à assumer, il ne regrettait pas encore son choix.

Un signal lui vint alors, un deuxième fragment d'âme venait de se trouver un être avec lequel cohabiter. Lorsqu'il vit les locaux d'une boulangerie, il comprit aussitôt quel corps il accompagnait cette fois-ci.
Sarah était la boulangère chez qui il achetait son pain chaque jour depuis son installation dans ce building, depuis la mort de ses parents.
Son tendre sourire et ses petites manies lui avait fait décrocher bien des sourires qu'il n'avait que rarement affiché ces dernières années. Raske la trouvait splendide, sûrement s'était-il épris d'elle mais n'avait jamais trouvé le courage de le lui annoncer en raison de sa profonde dépression qu'il ne souhaitait partager avec personne.

L'idée d'habiter l'âme d'une aussi chaleureuse personne lui semblait être une source de réconfort en cette situation où, mort, il ne savait plus vraiment que penser de ce qu'il était devenu.
Présent à la fois aux côtés de l'âme du vieil homme et de celle de cette femme, il tentait si bien que mal de se désolidariser de la condition de Danaël afin de ne plus penser à son acte, et de passer un peu de temps à suivre le quotidien de la jeune Sarah.

Les quatre réceptacles suivants étaient tous des locataires et propriétaires du building qui brûlerait ce soir.
Un petit garçon qui jouait aux billes et qui, en compagnie de sa nounou, attendait impatiemment que papa rentre du travail.
Un jeune célibataire du même âge que Raske dont la situation n'était pas bien simple, mais qui gardait espoir de ne pas abandonner ses parents qui vivaient des jours compliqués.

Un adolescente en pleine rébellion, qui restait chez lui ce jour-là au lieu d'étudier ses cours ; ce soir, ses amis l'inviteraient à sortir, ce que le garçon ne savait pas c'est que cette sortie lui aurait sauvé la vie si ses parents ne l'en avaient pas interdit à cause de son comportement.
La sixième personne, Raske n'avait plus l'énergie et la capacité cérébrale d'en suivre le quotidien, il ignorait qui c'était et s'apprêtait à hurler depuis l'espace duquel il lévitait à cause du mal de crâne que toutes ces possessions lui causaient.

Cet état était dûe à un mélange de deux éléments ; la fatigue du processus de métempsycose, et surtout la culpabilité qui le gagnait, à connaître la fin de toute ces petites histoires de famille que sa crise existentielle avait causé.

Il allait se mettre à gémir de douleur, quand soudain la connexion se fit enfin avec la septième personne ; il ne pouvait l'éviter, c'était sa propre sœur. Elle avait utilisé une partie de ses économies afin de payer son billet de train pour lui rendre une visite surprise ; elle n'avait pas oublié son anniversaire, et elle n'était décidément pas la seule.

Une fois arrivée en face de chez lui, elle s'arrêta à la boulangerie en faisant un clin d'œil à Sarah, qu'elle avait déjà rencontré à maintes reprises lors de ses venues précédentes.

<<Tout est prêt pour la fête ?
Avait elle demandé à la jeune boulangère qui déposa un index devant sa bouche ; -Tais-toi, le chef n'est pas au courant ... Si je pars brusquement il m'en voudra, je le connais.
Mais la jeune fille ne voulut rien entendre ; -Monsieur ! Sarah peut quitter son poste plus tôt ?
La concernée se figea sur place, elle imaginait déjà sa réponse.
-Vas-y, Sarah. C'est l'anniversaire de Raske aujourd'hui, c'est bien ça ?
L'attention de son supérieur la fit sourire, elle l'avait rarement vu si bienveillant avec elle ; -Oui, en effet.
-Alors vas-y, depuis combien de temps devais-tu lui faire ta déclaration ?>>

Raske n'en revenait pas, les deux filles quittèrent la boulangerie toutes heureuses de lui annoncer la nouvelle. Sarah était pourtant inquiète, elle avait peur de ne pas lui plaire et de se faire des fausses idées sur les sentiments qu'il ressentait.
Elles traversèrent la rue et pénétrèrent dans le bâtiment. L'ascenseur s'ouvrit devant elles, Sarah rougissait à vue d'œil et pressa le bouton numéro vingt-six. Il était vingt-trois heures vingt-quatre.
Toutes deux allaient mourir, et il en était le seul responsable.

<<Velphys, je t'en prie, fais ce que tu veux de moi mais sauve les de mes flammes. Sauve aussi cet homme, cet enfant, et toutes ces personnes qui n'ont pas décidé de mourir ainsi.
-Réalises-tu enfin la portée de ton acte ?
Celui-ci déglutit, et hocha la tête ; -Raske, rendors toi.>>

(Pardon pour cette fin ouverte inachevée.)

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Sayuri.K
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Métempsycose d'un pyromane Empty Re: Métempsycose d'un pyromane

Lun 21 Mar - 17:59
Je viens de lire tout ton texte et j'ai plutôt bien aimé. Énorme travail en 1h30 je dois dire, il s'y passe énormément de choses ! J'ai particulièrement bien aimé le début très sombre qui revient sur tout ce que Raske a fait dans sa vie et les raisons qui l'ont poussé à emporter tout le monde dans son incendie destructeur. Pour la suite, j'ai été un peu plus confuse, je pense à cause de la présentation des dialogues, certains sont collés au récit qui les coupe mais ce n'est que de la mise en page. L'idée de répartir Raske en plusieurs victimes était chouette, mais j'ai eu la sensation que cette partie là était un peu plus "fouillis" que le début sans doute la pression du temps on sait ce que c'est 😂 On sait beaucoup de choses sur le vieil homme et un peu moins sur les autres. Avec plus de temps, plus de précisions auraient été cool. Mais dans tous les cas, très bonne idée et joli style bravo à toi 🙂
Mimisth
Mimisth
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Métempsycose d'un pyromane Empty Re: Métempsycose d'un pyromane

Mer 13 Avr - 22:08
J'ai bien aimé ! C'est une bonne base de partir d'un business man, culpabilisant pour ses actes ! Et j'ai beaucoup aimé la suite, c'est le comble que son suicide tue pleins de mondes^^"..
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